MONTRÉAL – Carlos Condit s’est laissé aller un peu au cours de la dernière année.

Ses cheveux, habituellement coupés à ras du crâne, ont poussé à un point tel qu’il pouvait les rassembler au-dessus de sa tête avec un élastique. Sa barbe, d’ordinaire soigneusement taillée, a pris de l’expansion et pointait, à l’apogée de sa progression, dans toutes les directions.

Mais cette nouvelle pilosité entourant le regard perçant qui donne toute sa pertinence à son surnom est tout ce que le « Natural Born Killer » a négligé depuis qu’il a été vu pour la dernière fois dans l’octogone de l’UFC. Pendant qu’il tentait quelques expériences avec son apparence physique, Condit s’est assuré non seulement de garder son arsenal au diapason, mais de l’enrichir.

Quatorze mois après avoir subi une grave blessure au genou droit, Condit assure que c’est une version améliorée de lui-même que retrouvera devant lui Thiago Alves samedi, alors que les deux mi-moyens s’affronteront dans le combat principal d’un gala présenté à Goiania, au Brésil, et diffusé sur les ondes de RDS2.

« Quand vous enchaînez les camps d’entraînement et que vous vous entraînez sans cesse pour un adversaire en particulier, l’accent est mis sur l’aspect stratégique et l’élaboration d’un plan de match. Mais quand vous n’avez rien au programme, il est possible de travailler à l’amélioration de vos propres habiletés », expliquait en toute confiance Condit lors d’une récente entrevue avec RDS.     

Condit n’a donc pas chômé au cours de la dernière année. Opéré deux semaines après avoir été abandonné par son genou dans une défaite face à Tyron Woodley, l’ancien aspirant à la couronne de Georges St-Pierre a immédiatement amorcé un éreintant programme de physiothérapie qu’il a combiné à du travail de musculation du haut du corps. Six mois plus tard, il effectuait un retour progressif chez Jackson’s, le gymnase où s’entraîne la crème des combattants d’arts martiaux mixtes à Albuquerque, au Nouveau-Mexique.

« Ce genre de blessure peut vous affaiblir très rapidement, et si vous ne retournez pas le plus tôt possible au travail pour en récupérer, vous courez le risque de ne jamais vous en remettre », avance Condit, qui n’a donc rien laissé au hasard sur le chemin devant le mener à un retour.

Carlos Condit« Et tant que je suis actif physiquement, je suis en mesure de rester plutôt sain d’esprit, ajoute celui qui vient de traverser la plus longue période d’inactivité de sa carrière. Je suis aussi capable d’apprécier les moments de repos! J’ai profité de la dernière année pour passer beaucoup de temps en plein air. J’ai fait du camping avec la famille, visité des amis à Phoenix et je me suis rendu aux Philippines avec l’UFC. »

Un œil sur les retrouvailles

Il y a trois ans, Carlos Condit avait vidé les poumons du Centre Bell en envoyant Georges St-Pierre dans les limbes avec un coup de pied sournois à la tempe. Jamais l’emprise du champion québécois sur son titre n’avait semblé plus fragile que ce soir de novembre.  

Depuis, l’Américain occupe une place de choix dans la mémoire des amateurs de sport québécois. À son retour à Montréal l’année suivante pour y affronter Johny Hendricks, aucun combattant, à l’exception de GSP, n’avait été accueilli plus bruyamment lors de sa marche vers l’octogone.

« Oui, J’y pense encore et on me le rappelle régulièrement, révèle Condit au sujet de cette opportunité ratée en combat de championnat du monde. Cette défaite me fait encore mal, mais ça fait partie du jeu. Quand tout ça sera fini, il ne me restera que le souvenir de toutes ces batailles. Je vis bien avec ça. »

Condit a perdu deux des trois combats qui ont suivi son flirt éphémère avec la gloire face à St-Pierre. Battu de justesse par Hendricks, il a fini par goûter de nouveau à la victoire en passant le K.-O. à Martin Kampmann en août 2013. Puis il y a eu cette rencontre avec la malchance contre Woodley, alors que les ligaments de son genou ont cédé en tentant de freiner une tentative d’amenée au sol au deuxième round.

À 31 ans, Condit (29-8) a réinitialisé la machine et est prêt à commencer une nouvelle ascension. Alves (21-9) n’est pas un adversaire qu’il peut se permettre de prendre à la légère. Une autre ancienne victime de GSP, le « Pitbull » n’est jamais devenu le pugiliste dominant qu’on imaginait au début de sa carrière, mais il continue de faire son petit bonhomme de chemin avec un succès certain dans la division des mi-moyens. N’eut été d’un bête relâchement de dernière minute face à Kampmann il y a trois ans, Alves voguerait aujourd’hui sur une séquence de quatre victoires.

« Il est sans aucun doute un adversaire redoutable, réalise Condit. Il demeure l’un des meilleurs cogneurs de la division. Mais je sens que les combattants de sa trempe font ressortir le meilleur de ce que j’ai à offrir. J’ai sauté sur l’occasion sans hésiter quand on m’a offert de l’affronter. »

S’il dispose d’Alves, Condit entend se donner deux autres combats, peut-être trois, avant de réclamer un autre rendez-vous avec le champion. Le titre appartiendra alors, prédit-il, au Canadien Rory MacDonald, qui tentera d’en dépouiller Robby Lawler en juillet prochain. Et entre-temps, des retrouvailles contre Woodley ferait bien son affaire.

« Je suis passé à autre chose, mais c’est une revanche que je tiens à avoir éventuellement. Il est assurément sur mon radar », lance-t-il au sujet de son plus récent tombeur.   

Condit se concentre toutefois sur le présent. Il a récemment renoué avec son look naturel. Ses cheveux sont coupés à ras du crâne et sa barbe est soigneusement taillée.

Pour le « Natural Born Killer », le temps est venu de retourner au travail.