MONTRÉAL – Olivier Aubin-Mercier n’est pas le premier combattant québécois à être décrit comme le « prochain GSP ».

En 2008, un promoteur montréalais avait imposé le poids de cette comparaison à un jeune prometteur du nom de Derek Gauthier, qui n’avait alors que deux combats professionnels à son actif. Le coup de marketing avait peut-être été payant aux guichets, mais la prophétie s’est avérée être une bien piètre prédiction. Quelques traits faciaux et une coupe de cheveux, voilà bien les seuls attributs qu’ont jamais eus en commun Gauthier et Georges St-Pierre.

Deux ans plus tard, on était prêt à organiser une parade pour célébrer le retour glorieux à Montréal de Mike Ricci alors que celui-ci se préparait à disputer son premier combat aux États-Unis. La peau de l’ours était vendue et Ricci avait fini par croire tous ceux qui lui disaient qu’il serait la prochaine grande vedette à sortir du Québec, mais Pat Curran l’avait ramené sur terre en lui infligeant la première défaite de sa carrière.

Ricci a éventuellement effectué un bref passage au UFC et est toujours actif, à 28 ans, mais il n’a pas gagné deux combats consécutifs depuis qu’il est tombé sous les poings de Curran.

Lorsqu’Alex Garcia, à la même époque, a commencé à faire trembler les cages de la défunte organisation Ringside, il est rapidement devenu la nouvelle recrue associée à St-Pierre, celui-là même qui l’avait recruté et invité à joindre l’équipe du Tristar Gym après l’avoir observé dans un gymnase de lutte olympique.

Jusqu’à maintenant, Garcia fait honneur à tous les compliments qu’il a reçus depuis qu’il est débarqué à Montréal en provenance de la République dominicaine. Le spectaculaire mi-moyen de 26 ans montre une fiche de 12-1 et est invaincu en deux sorties au UFC, mais a encore du travail à faire avant de pouvoir porter la proverbiale coupe à ses lèvres.

Puis il y a Aiemann Zahabi, le jeune frère de celui qui entraîne tout ce beau monde. Les observateurs privilégiés jurent que malgré son inexpérience en compétition, il est celui dont le talent brut se rapproche le plus de l’ancien champion du UFC.

Mais d’où vient cette manie de toujours vouloir opposer le talent émergent à celui de l’une des plus grandes stars de l’histoire du sport? Aubin-Mercier, qui avoue en avoir un peu marre du refrain, n’en sait trop rien.

« Selon moi, c’est parce que les gens ont toujours besoin d’un héros et le héros des MMA au Québec, c’est Georges », ose-t-il humblement.

À 25 ans, Aubin-Mercier commence à peine à se faire une idée lointaine de ce à quoi pourrait ressembler la célébrité. St-Pierre, lui, avait souligné son quart de siècle d’existence en battant son idole de jeunesse, Matt Hughes, pour devenir champion du monde. L’écart entre le cheminement des deux athlètes est immense.

Malgré tout, l’entraîneur d’Aubin-Mercier, Richard Ho, n’a lui-même pu s’empêcher de penser à GSP lorsque son poulain a franchi la porte de son gym pour la première fois.

UFC-QC : Olivier Aubin-Mercier

« Je voyais déjà en lui un gars qui pouvait atteindre le niveau supérieur, qui avait des qualités physiques naturelles. Mais je crois que ce qui m’a surtout frappé, ce sont ses traits de personnalité. Comme Georges, Olivier provient d’un art martial traditionnel qui lui a inculqué le respect. Il se démarquait aussi par son attitude et sa grande ouverture face à l’enseignement. »

En plus de posséder des outils qui pourraient lui permettre de poursuivre un jour dans les traces de GSP, Olivier Aubin-Mercier a la chance de pouvoir observer de près celui à qui il est devenu à la mode de l’associer.  

« Georges m’a beaucoup aidé pour mon prochain combat, il m’a donné beaucoup de conseils. Et étant donné que je suis gaucher, je l’ai aussi aidé pour ses combats contre Nick Diaz et Johny Hendricks. Sans dire qu’on va prendre un verre ensemble, on est de bons coéquipiers. »

« C’est clair et évident qu’il n’y a qu’un GSP, conclut Richard Ho. Mais il n’y a aussi qu’un seul Olivier. »