Cette semaine, un important développement est survenu dans le monde des arts martiaux mixtes. L'UFC a décidé de soutenir la position de l’Agence mondiale antidopage (AMA) concernant la question des utilisateurs de substances dopantes améliorant la performance. L'objectif est de promouvoir un sport propre qui a été entaché de tricherie depuis sa création en 1993. Les récents résultats positifs d’Anderson Silva ont certes contribué à l’annonce d’un contrôle antidopage plus restrictif. Rappelons qu’en janvier dernier lors de l’UFC 183, Silva avait été déclaré positif aux stéroïdes avant et après sa victoire contre Nick Diaz.

« Je veux m'attaquer au système »

L'UFC cherche à obtenir la coopération de toutes les commissions athlétiques pour mener des tests aléatoires de dépistage sur tous les combattants lors d’évènements, et ce, sans exception. La tâche est de réglementer un nouveau programme de dépistage pour le bénéfice de l’UFC, laquelle sera affectée à une source tierce. Les nouvelles procédures et  politiques de dépistage de l’UFC prendront effet le 1er juillet 2015. Ainsi, à compter de cette date, les 585 combattants actifs de l’UFC seront soumis à des contrôles antidopage administrés par l'AMA. Notons que l’AMA prévoit des sanctions plus sévères pour les contrevenants, notamment des suspensions d’une à quatre années pour une première infraction au Code mondial antidopage. Ceci étant, Lorenzo Fertitta souhaite que cette sanction se limite à deux ans.

Qu’est-ce que l’AMA?

L’AMA est un organisme indépendant qui a comme principale mission de « promouvoir, coordonner et superviser au niveau international la lutte contre le dopage dans le sport sous toutes ses formes1 ». Son but est de définir les comportements associés au dopage et de recenser les substances prohibées ainsi que les méthodes utilisées pour améliorer les performances athlétiques. Le 5 mars 2003, l'AMA a adopté le Code mondial antidopage ayant pour objectif d'adopter un ensemble uniforme de politiques, de règles et de règlements antidopage pour tous les sports et pays. De plus, l’AMA prévoit une liste de substances interdites qui est mise à jour annuellement et des autorisations d’usage à des fins thérapeutiques.

Cela dit, les organisations sportives qui se portent signataires au Code doivent tout de même garantir que leurs propres politiques antidopage sont conformes aux dispositions du Code. Parallèlement, l'AMA assume un rôle de coordonnatrice dans toutes les affaires relatives au dopage au sein de la famille olympique, les athlètes étant donc assujettis aux contrôles selon le Code. En fait, seules les organisations sportives signataires du Code peuvent participer aux Jeux olympiques.

La plupart des fédérations sportives internationales sont soumises à l’application du Code mondial antidopage. Or, il faut comprendre qu’il est assez exceptionnel qu’une ligue professionnelle soit directement soumise aux principes dressés par l’AMA. En effet, normalement les ligues professionnelles américaines telles que la MLB, la NFL, la NBA et la LNH n’y sont pas assujetties, lesquelles coordonnent plutôt leurs propres politiques antidopage dans leurs conventions collectives. Précisons cependant que contrairement aux athlètes de la NBA, de la NFL, de la MLB et de la LNH, les combattants de l’UFC ne sont pas syndiqués et il n'y a pas d’association de joueurs.

Pourquoi l’UFC veut maintenant un contrôle antidopage plus sévère?

L’UFC avait déjà son propre programme de dépistage et c’est ultimement la commission athlétique qui avait le dernier mot. L’existence de différents types de drogues améliorant la performance nécessitait la connaissance non seulement de l’étendue des substances interdites visées par le dépistage, mais aussi la fréquence à laquelle ces tests étaient réalisés. À ce titre, c’était la commission athlétique de l'État ou de la province qui était chargée d’établir ses propres exigences, lesquelles étaient différentes d’un endroit à un autre. Par exemple, la Commission athlétique de l’Ontario ne réalisait pas de tests de dépistage des drogues améliorant la performance. En vertu de l’article 17.1 du Ontario Athletics Control Act Regulation, un test de dépistage devait être réalisé par la commission seulement si le contrat entre le combattant et son promoteur l’exigeait. Sinon, c’était à l’UFC même de l’exiger ou à la commission d'une autre province ou d’un autre État de le faire pour eux. Il y avait certes un manque d’uniformité dans les règles relatives au dopage de l’UFC, lequel suscitait forcément une réflexion sur l’importance d’une réforme réglementaire à ce sujet. Force est de constater que cette dichotomie législative favorisait un déséquilibre et remettait en doute le principe du « fair-play » en ce que les contrôles n’étaient pas en soi applicables à tous les combattants.

Voilà entre autres pourquoi l’UFC a décidé cette semaine de mettre en œuvre certaines réformes, et ce, dans un but ultime de promouvoir un sport propre. Ces mêmes raisons avaient entre autres motivé Georges St-Pierre à prendre une pause l’an dernier suivant son combat contre Hendricks. Lors de ce combat, St-Pierre avait reproché les problèmes de dopage au sein de l’UFC et avait allégué qu’il reviendrait seulement lorsqu’un protocole antidopage standardisé serait mis en place.

Il s’agit là d’une importante décision dans la lutte antidopage de l’UFC, mais mentionnons que les exigences actuelles émises par l'AMA sont coûteuses. L’UFC devra assumer les dépenses relatives aux tests antidopage, car les commissions athlétiques n’ont pas la capacité financière pour y parvenir. Jusqu’à maintenant, les coûts rattachés étaient de 500 000 $ pour le contrôle de certains combattants. Or, dès le 1er juillet prochain, l’UFC devra verser près de 5 millions de dollars pour assurer le dépistage de tous ses combattants. Une lutte dispendieuse, mais nécessaire.


1. Site web de l’Agence mondiale antidopage, en ligne : http://www.wada-ama.org/fr/Autres-liens/Carrieres/