LAS VEGAS - Daniel Cormier était venu à Las Vegas pour affronter Jon Jones, pas pour gagner un concours de beauté.

Grâce à une stratégie impopulaire, mais prévisible et efficace, le champion des mi-lourds est sorti indemne d’un duel improvisé contre Anderson Silva samedi à l’UFC 200. La décision des juges, qui ont unanimement déclaré Cormier vainqueur avec des cartes de 30-27, a été accueillie par des huées nourries en provenance des gradins du T-Mobile Arena.

« Je ne peux plus vraiment y accorder de l’importance, a réagi Cormier lorsque questionné sur l’insatisfaction générale provoquée par son conservatisme. Les premières fois que ça m’est arrivé, ça me frustrait, je me disais que ça n’avait aucun sens. Maintenant, je n’essaie plus de contrôler les émotions des autres. Les gens ne comprennent pas toutes les émotions que j’ai pu vivre cette semaine. Le fait de la conclure avec une victoire contre un gars de la trempe d’Anderson Silva me suffit. »

Cormier devait à l’origine défendre son titre dans un combat revanche fort attendu contre Jones, mais ce dernier a forcé une révision des plans à la onzième heure lorsqu’une irrégularité dans l’un de ses récents contrôles antidopage a été soulevée tard mercredi soir. Soudainement privés de l’une de leurs têtes d’affiche, les dirigeants de l’UFC ont trouvé un remplaçant inattendu en Silva, qui était sur le carreau depuis deux mois pour se remettre d’une ablation de la vésicule biliaire.

Sans camp d’entraînement, l’ancien monarque de la division des moyens s’est soumis sans perdre de temps aux examens médicaux d’usage et a respecté sans difficulté la limite de poids de sa catégorie temporaire. Son audace, combinée au plan de match répulsif de Cormier, en ont fait le favori de la foule.

Quoi retenir de l'UFC 200?

« Je vous mets au défi d’aller vous dresser devant Anderson Silva quand vous avez la capacité de l’amener au sol, a répondu le vainqueur. Je suis resté devant lui à quelques occasions, on a eu quelques échanges et à certains moments, je suis presque retourné à la façon dont je m’étais battu contre [Alexander] Gustafsson. Mais je devais être plus intelligent que ça. »

« Une défaite ce soir aurait été catastrophique pour moi, a justifié Cormier. Je serais encore champion, mais j’aurais perdu contre un gars qui serait probablement retourné chez les poids moyens pour courir après sa propre ceinture. Alors j’ai fait ce que je devais faire. »

Lutteur émérite, Cormier n’a mis que 45 secondes à exécuter sa première amenée au sol, une initiative qui lui a permis de contrôler l’action au sol - sans toutefois faire énormément de dommage - pendant les quatre minutes suivantes.

Le même manège s’est répété au deuxième quand Cormier a projeté le « Spider » au tapis après avoir intercepté un coup de pied. Les premiers vrais échanges debout ne sont survenus qu’en toute fin de round après que l’arbitre John McCarthy ait exaucé le souhait des nombreux spectateurs qui l’imploraient de provoquer un peu d’action.

Cormier ne s’est pas éloigné de la logique au troisième. Il aura encore fallu l’intervention de McCarthy pour forcer un duel debout dans la dernière minute de la confrontation. Silva a touché avec un coup de pied et un coup de genou au corps, mais le champion a survécu.

Alors que l’avenir de Jones est incertain - il pourrait écoper d’une suspension de deux ans si les résultats des tests de l’USADA s’avèrent exacts - Cormier a déjà une idée de ce que sera sa prochaine mission.

« Je crois qu’il faut attendre de voir ce qui arrivera avec lui, mais je ne pourrai l’attendre pendant deux ans, j’en ai 37! Je pense que j’affronterai probablement le gagnant du combat entre Anthony Johnson et Glover Teixeira. C’est l’option qui semble la plus sensée. Les deux sont sur une bonne séquence et méritent une chance au titre. »

Silva, quant à lui, prévoyait retourner chez les poids moyens, mais ne pouvait encore se faire une idée précise de son plan de carrière à court terme.

« Ma division est 185, mais présentement, je veux simplement retourner aux vacances que j’ai interrompues cette semaine. Jacare est comme un frère pour moi et je pense que son heure est venue, il mérite sa chance au titre. Bien sûr, j’aimerais pouvoir me reprendre contre Michael Bisping. Plusieurs personnes croyaient que j’avais remporté notre premier combat. Mais pour l’instant, c’est au tour de Jacare. »

La fin d'une semaine de fou à l'UFC 200!