MONTRÉAL – Fut un temps où la malchance semblait s’acharner sur Patrick Côté lorsqu’il combattait dans l’octogone du Centre Bell.

Il y a eu cette projection douteuse d’Alan Belcher en 2010, puis l’agression illégale qui l’avait ébranlé contre Alessio Sakara en 2012. Mais le Prédateur semble désormais combattre sous une bonne étoile à Montréal.

Dans le même décor où il avait arraché une victoire par la peau des dents face à Bobby Voelker deux ans auparavant, le Prédateur a obtenu la faveur des juges au terme d’un duel serré face à un autre vétéran des arts martiaux mixtes, l’Américain Joe Riggs, samedi soir à l’UFC 186.

« C’est le fun parce que j’ai enfin une vraie victoire à Montréal. Finalement, il n’y a pas de controverse! », a justement fait remarquer celui qui œuvre comme analyste à RDS après sa huitième victoire à l’UFC.

« Une vraie victoire à Montréal »

Les trois juges ont donné la victoire à Côté (21-9) en remettant des cartes de 29-28. Le combattant de 35 ans a ainsi savouré une quatrième victoire en cinq combats.

« Je dis tout le temps que je n’ai pas plus de pression quand je me bats à Montréal parce que j’aime ça, mais c’est un peu un mensonge », a confessé le natif de Rimouski. Tu te mets toujours plus de pression quand tu es chez toi, j’adore me battre ici. Même si on a eu des petits problèmes avec la carte, la foule s’est présentée et c’était aussi bruyant que s’il y avait eu 20 000 personnes. »

Côté, qui a l’habitude de prendre son temps avant d’appuyer sur l’accélérateur, a laissé Riggs prendre son dos en seulement 45 secondes, mais a rapidement su renverser les positions et après s’être servi de sa main gauche pour poivrer le visage de l’ennemi, il a pris place dans sa garde où il a passé une bonne partie du premier assaut.    

Le combat debout qu’on attendait s’est déployé au deuxième round. Riggs a touché Côté d’entrée de jeu en plus de lui sortir un violent coup de coude au visage quelques minutes plus tard. Mais le Québécois avait déjà connu pire.

Riggs a réussi une amenée au sol au début du troisième assaut pour éventuellement se retrouver en position de montée complète. On croyait Côté résolument dans le pétrin après qu’il eut de nouveau offert son dos à son assaillant, mais la foule s’est réveillée lorsqu’une habile manœuvre lui a permis d’inverser les rôles. L’ancien aspirant numéro un à la ceinture d’Anderson Silva a ensuite marqué des points cruciaux en cognant quelques clous dans le visage de sa proie.   

« Au niveau où l’UFC est rendu, tu ne peux plus être un combattant unidimensionnel. Je pense qu’on a vu aujourd’hui que mon sol, et surtout ma lutte, a fait la différence jusqu’à un certain point. Et ma résilience aussi. J’ai été dans le trouble au premier et au troisième, mais j’ai été capable de renverser la situation pour aller chercher les deux rounds. »

Riggs (40-16) a terminé le round en force, mais en vain. « Diesel » a subi un deuxième revers en autant de sorties depuis son retour à l’UFC l’année dernière.

La bonne vieille recette d’Olivier Aubin-Mercier

Au fond, pourquoi se compliquer la vie quand la bonne vieille recette fonctionne si bien?

Auteur d’une spectaculaire prise de soumission à sa sortie précédente, Olivier Aubin-Mercier est retourné à la base à l’UFC 186. Le Québécois a signé la cinquième victoire de sa carrière par étranglement arrière, forçant l’Américain David Michaud à l’abandon à 3:24 du troisième round.

La technique gagnante ne lui a pas permis d’engraisser son compte en banque d’un bonus de 50 000$, comme le triangle inversé dans lequel il avait étouffé Jake Lindsey l’automne dernier à Halifax, mais Aubin-Mercier (6-1) n’allait certainement pas cracher sur sa deuxième victoire consécutive dans l’octogone.

« Comme je me suis fait frapper au deuxième round, je me donne un 7 », a blagué le sympathique vainqueur après sa victoire.

À l’exception de ce bref instant où il a plié les genoux sous une droite de Michaud (8-2), Aubin-Mercier n’a jamais été dans le doute. L’ancien judoka a tenté une première amenée au sol dès la première minute du combat et est parvenu à coller son adversaire le long du grillage à sa guise jusqu’à ce qu’il parvienne à s’emparer de son dos. Pendant les 90 secondes qui ont suivi, Michaud s’est défendu contre la spécialité de son assaillant avant d’être sauvé par la cloche.

ContentId(3.1132054):Défi relevé pour Aubin-Mercier
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« Je savais que je ne l’aurais pas parce qu’on était trop près de la cage. Et visiblement, il s’était entraîné à ne pas se faire étrangler », a remarqué le natif de St-Bruno, sur la Rive-Sud de Montréal.

« Mais après le premier round, je n’étais pas fatigué, a poursuivi OAM. Le gut wrench contre la cage, c’est ma technique spéciale. Je fatigue beaucoup mes adversaires comme ça à l’entraînement. Et avec mes uppercuts, je pensais bien lui avoir cassé la mâchoire. Il avait le visage enflé après le premier round, mais je savais que c’était un dur. Je crois que c’est pour ça qu’on m’avait donné ce combat. »

Au deuxième round, Aubin-Mercier venait tout juste de toucher la cible avec une bonne gauche lorsqu’il a reçu une réponse instantanée, une droite sur le nez, qui lui a fait visiter le plancher.

« J’ai dû admirer la beauté de mon travail un peu trop longtemps et je me suis fait surprendre, s’est-il excusé avec son sens de l’humour aiguisé. Mais c’est peut-être le seul coup qui m’a vraiment pincé. »

Le favori de la foule a obtenu une occasion en or de réussir son premier K.-O. chez les pros avant la fin du deuxième round. Un coup de pied près de la ceinture a fait crouler Michaud au sol, mais Aubin-Mercier a hésité un instant avant de se porter à l’offensive. Il a plus tard expliqué que l’arbitre Yves Lavigne lui aurait d’abord mentionné que le coup était illégal avant de finalement lui donner son aval pour continuer. Lavigne a plus tard confirmé, dans des termes un peu moins colorés, la version du combattant

« Pendant cinq secondes, Michaud ne faisait que recevoir des coups. Si j’avais eu quelques secondes de plus, peut-être que ça aurait été assez pour arrêter le combat », a spéculé le membre vedette du gym H2O.

Aubin-Mercier est retourné à sa technique favorite pour fermer les livres au troisième round.

« J’ai dû gérer mes nerfs, encore une fois. J’ai encore du travail à faire au niveau mental. Je me suis rendu compte que je suis en forme et que je ne suis pas fatigué, mais que j’ai peur de l’être et que pour cette raison, je recule et je suis trop conservateur. Mais c’est correct. Ça va venir avec l’expérience. »

Le bon visage de Létourneau

Valérie Létourneau a confondu les sceptiques. Visiblement affaiblie par une coupe de poids difficile, la Québécoise a su puiser dans ses réserves pour signer sa deuxième victoire de suite à l’UFC.

À ses débuts dans la division des poids pailles, Létourneau (7-3) a battu Jessica Rakoczy par décision unanime. Un juge lui a accordé les trois rounds tandis que les deux autres ont rendu des cartes de 29-28.

« J'espère qu'ils me donneront un top-10 »

« Je savais que la coupe de poids, c’était la plus grosse étape à passer. Ça me stressait beaucoup, mais ce matin, je me sentais bien. Mieux, en fait, que lors de certains de mes combats précédents », a commenté la gagnante.

Malgré le calvaire qu’elle a dû traverser pour changer de catégorie, Létourneau n’a pas l’intention de retourner en arrière.

« Je suis contente de l’avoir fait et je vais le refaire. Mais je vais mieux m’y prendre la prochaine fois », a-t-elle promis.

Étonnamment, c’est Rakoczy (1-5), une ancienne boxeuse professionnelle, qui a pris l’initiative d’amener le combat au sol. La stratégie s’est toutefois retournée contre elle alors que Létourneau l’a emprisonnée dans un étranglement triangulaire éventuellement transformé en clé de bras.

« J’aurais aimé fini le combat, mais j’avais regardé beaucoup de vidéos de ses combats et je savais qu’elle était difficile à achever. Elle s’était déjà retrouvée en mauvaise posture, mais s’en était toujours sortie. »

Au début du deuxième round, Létourneau a lancé un jab qui a causé du dommage considérable à l’œil droit de son adversaire. Il aura fallu l’intervention du médecin pour permettre à Rakoczy de poursuivre le combat au début du dernier engagement.

« J’ai toujours eu un bon jab. Je ne l’avais pas assez utilisé à mon dernier combat, mais c’était tant mieux dans le fond. Peut-être qu’elle ne s’attendait pas à le voir autant », a supposé la femme de 31 ans.

Létourneau a amorcé le troisième round avec un percutant coup de pied au visage en plus de marquer des points avec de solides coups de coudes au corps à corps.

« J’espère qu’ils vont me donner une adversaire du top-10, a ouvertement souhaité la Québécoise. C’était mes débuts dans la division. Maintenant je veux me classer. »

« C'est prestigieux de gagner au Centre Bell »

Létourneau a pris congé des médias au même moment où son ami Nordine Taleb célébrait sa victoire par décision unanime sur Chris Clements.

L’ancien gagnant de la téléréalité The Ultimate Fighter, le Canadfien Chad Laprise, a conservé sa fiche parfaite en battant Bryan Barberena par décision unanime dans un choc qui a plus tard été primé comme le combat de la soirée.  

La troisième fois fut la bonne pour Alexis Davis, qui a mis la touche finale à la trilogie qui l’unit désormais à Sarah Kaufman en signant une victoire par clé de bras à 1:52 du deuxième round. Davis (17-6), qui apparaissait dans l’octogone pour la première fois depuis sa défaite éclair aux mains de Ronda Rousey neuf mois plus tôt, s’était inclinée devant Kaufman (17-3) en 2007 et en 2012.

Dans le premier combat de la soirée, l’Ontarienne Randa Markos a ouvert la voie au fort contingent de combattants canadiens inscrits au programme en décrochant une victoire par décision unanime face à l’Irlandaise Aisling Daly.

 

ContentId(3.1132006):Les Québécois n'ont pas déçus
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ContentId(3.1132078):Analyse des combats de l'UFC 186
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Les combats de l'UFC 186

Carte principale

Demetrious Johnson bat Kyoji Horiguchi par soumission (clé de bras) à 4:59 du 5e round -- championnat des poids mouches
Rampage Jackson bat Fabio Maldonado par décision unanime (29-28, 30-27, 30-27) -- poids compromis (215 livres)
Michael Bisping bat CB Dollaway par décision unanime (29 x 28) -- poids moyens
John Makdessi bat Shane Campbell par K.-O. (coups de poing) à 4:53 du 1er round -- poids compromis (160 livres)
Thomas Almeida bat Yves Jabouin par K.-O. (coups de poing) à 4:18 du 1er round -- poids coqs

Carte préliminaire

Patrick Côté bat Joe Riggs par décision unanime (29-28 x 3) -- poids mi-moyens
Alexis Davis bat Sarah Kaufman par soumission (clé de bras) 1:52 du 2e round -- poids coqs (femmes)
Chad Laprise bat Bryan Barberena par décision unanime (29-28, 29-28, 30-27) -- poids légers
Olivier Aubin-Mercier bat David Michaud par soumission (étranglement arrière) à 3:24 du 3e round-- poids légers

Carte pré-gala

Nordine Taleb bat Chris Clements par décision unanime (30-27 x 3) -- poids mi-moyens
Valérie Létourneau bat Jessica Rakoczy par décision unanime (30-27, 29-28, 29-28) -- poids pailles (femmes)
Randa Markos bat Aisling Daly par décision unanime (30-27, 29-28, 29-28) -- poids pailles (femmes)