MONTRÉAL – Aiemann Zahabi prend le mois de novembre pour se reposer. C’est la sage décision qu’il a prise à la suite des recommandations du médecin qui l’a examiné dans les heures qui ont suivi sa défaite brutale en lever de rideau de l’UFC 217.
 
Zahabi, 29 ans, prend sa santé au sérieux. Au cours des prochains jours, il sollicitera un deuxième avis professionnel afin de s’assurer d’avoir l’heure juste au sujet des dommages que lui a infligés le violent coup de coude de Ricardo Ramos. Dans la même veine, il promet qu’il attendra la bénédiction du doc avant de reprendre l’entraînement.

Une fois seulement, Zahabi a désobéi à son médecin depuis qu’il a quitté l’urgence avec une commotion cérébrale (non, il n’a subi aucune fracture au visage), résultat de la première défaite par K.-O. de sa carrière.
 
Une fois par jour, on veut dire.
 
« Je n’étais pas censé regarder la télé ni un écran d’ordinateur ou quoi que ce soit du genre. Mais j’ai triché un peu! », a confessé le poids coq lorsque RDS l’a appelé pour prendre de ses nouvelles.
 
Zahabi a visionné son combat en arrivant dans sa chambre d’hôtel, immédiatement après avoir reçu son congé. Il l’a étudié de nouveau le lendemain à son retour à Montréal. Même chose lundi, puis mardi. Il ne pouvait simplement pas s’en empêcher.
 
Le jeune élève du Tristar Gym était en quête de réponses. Une question en particulier avait commencé à le tourmenter dès qu’il s’était retrouvé dans l’ambulance qui l’a transporté vers une urgence de Manhattan. Dans tous les souvenirs qu’il avait conservés, il avait l’avantage dans les échanges et sentait le niveau d’énergie de son adversaire baisser. Comment diable avait-il pu en arriver là?
 
« Je n’ai pas à être gêné de ma performance, conclut-il avec le recul. Je livrais un bon combat et je demeure convaincu que j’étais moi-même en voie de le finir ou, à tout le moins, de gagner par décision. Je me suis fait battre par un seul coup, un coup qui a fermé les lumières et m’a fait perdre le contrôle de mon corps. Il ne m’a pas fait mal une seule fois avant d’en arriver là. »
 
Et Zahabi n’a pas fait que regarder, il a aussi écouté. L’équipe de commentateurs affectée à la diffusion anglophone de la carte a émis quelques commentaires qui l’ont fait grimacer, des constats qu’il se permet aujourd’hui de réfuter un à un. Le coup de pied qui a fait céder sa jambe gauche au début du premier round? Sans conséquence. Son jeu de pieds plutôt statique? Une page écrite noire sur blanc dans le plan de match, destinée à faciliter l’approche vers un cogneur misant sur la contre-attaque. La pluie de coups décochés par Ramos au début du troisième round? De la fumée sans feu.
 
« Daniel Cormier a dit qu’il avait lancé huit coups avant que j’en lance un seul, mais il n’y avait rien dans ces coups-là, se défend Zahabi. J’ai trouvé étrange que [l’équipe de commentateurs] favorise autant Ramos. »
 
Sans reproche
 
Zahabi voulait aussi identifier l’erreur qui l’avait exposé au coup de massue qui l’a envoyé au pays des rêves.
 
Avant d’assommer Zahabi avec un percutant coup de coude renversé, Ricardo Ramos en avait lancé un premier aux conséquences moins fâcheuses. Zahabi a répondu avec deux courts jabs qui ont repoussé son rival contre le grillage, puis il a tenté une combinaison. Le direct de la droite a effleuré l’épaule gauche de Ramos, qui préparait déjà un deuxième pivot. Avant que son crochet de gauche n’ait le temps de toucher quoi que ce soit, Zahabi a été atteint directement à la mâchoire.     
 
Avait-il été imprudent? Une faute technique avait-elle ouvert une faille dans son armure? Aurait-il pu prévenir le pire?
 
« Je crois que lui-même ne l’a pas vu venir, avance Zahabi. Il ne savait pas où j’étais, il n’avait aucune mesure de la distance qui nous séparait... Vous savez quand vous jouez à [un jeu vidéo] contre quelqu’un qui ne fait que frapper sur tous les boutons en même temps sans trop comprendre ce qu’il fait? C’est l’impression que j’en garde. »
 
Zahabi, qui avait terminé tous ses combats avant la limite avant de faire son entrée à l’UFC, s’est flagellé pour avoir été trop agressif, mais son frère Firas, qui est aussi son entraîneur, a chassé ces pensées de son esprit.
 
« Il m’a dit qu’on pouvait tirer toutes sortes de conclusions une fois qu’un combat est terminé, mais que tout ça ne veut rien dire. J’ai fait ce que j’avais à faire, j’ai pris les bonnes initiatives et c’est une coïncidence si mon adversaire a fait exactement ce qu’il devait faire au même moment. Je ne veux pas dire que c’était un coup de chance. Il a pris une décision, j’ai pris la mienne et c’est moi qui me suis retrouvé du mauvais côté de la collision. »
 
Loin d’être ébranlé, Aiemann Zahabi désire non seulement continuer à se battre, mais il promet de rester fidèle à la mentalité qui lui a permis d’attirer l’attention de l’UFC. Pas question de changer son identité pour ce qu’il considère être un léger accident de parcours.
 
« Je suis un chasseur, je finis mes combats et je vais m’assurer que ça ne change pas. Il faut jouer avec le feu dans ce métier. Ça peut arriver qu’on se brûle, mais ça n’arrivera pas à chaque fois », calcule-t-il.
 
« Firas m’a dit qu’après un K.-O. de la sorte, certains gars sont hantés par la peur alors que d’autres s’en servent pour bâtir le reste de leur carrière. Ils se nourrissent de la douleur pour s’assurer de ne plus jamais la ressentir. Je lui ai bien fait comprendre que j’avais l’intention d’être de la deuxième catégorie. »