MONTRÉAL - Le refrain vous sera peut-être familier : à son deuxième combat contre Josh Koscheck, Georges St-Pierre fera probablement face à son plus grand défi depuis qu'il a reconquis son titre des poids mi-moyens du Ultimate Fighting Championship.

Sauf que cette fois, ce n'est pas le champion qui le dit.

Vétéran de onze combats au sein du UFC et partenaire d'entraînement occasionnel de St-Pierre, Patrick Côté préfère mettre en garde ceux qui pensent que le Québécois l'aura facile pour la cinquième défense de sa ceinture, samedi au Centre Bell.

"Ce combat est beaucoup plus dangereux pour Georges que les gens semblent le penser", prévient Côté, qui regardera le UFC 124 à titre d'analyste pour le compte de la télévision payante francophone.

"Ils sont plusieurs à croire que Georges va passer à travers Koscheck sans difficulté, mais personnellement je pense qu'en raison de son style, mais aussi à cause de son arrogance et de son attitude en général, il s'agit du pire adversaire qu'il pourrait affronter présentement", élabore le combattant d'expérience.

Il faut comprendre les amateurs d'arts martiaux mixtes de laisser leur objectivité à la maison quand il est question de Koscheck, qui aura probablement plus de frisettes sur le crâne que de partisans dans les gradins quand il fera sa marche vers l'octogone pour son combat revanche contre son frenchie favori.

Le rôle de mal-aimé va comme un gant à celui qui tentera de devenir, après Cain Velasquez, le deuxième champion de l'American Kickboxing Academy, une équipe basée à San Jose, en Californie. Koscheck n'a jamais caché qu'il pratiquait son sport pour engraisser son compte en banque et que s'il devait être étiqueté comme le vilain pour s'enrichir, ainsi soit-il.

En mai dernier, après une victoire contre Paul Daley qui lui garantissait d'être le prochain adversaire de St-Pierre, Koscheck s'était assuré que le tapis rouge reste dans le placard pour son retour à Montréal en narguant une foule qui ne le portait déjà pas dans son cœur. "Les Penguins de Pittsburgh vont vous botter le derrière la semaine prochaine et ensuite je vais battre St-Pierre, alors vous allez perdre deux fois. Qu'avez-vous à dire contre ça, Montréal?", avait crié Koscheck après s'être emparé du micro de son intervieweur.

Sympathique, n'est-ce pas?

"Mais la haine des autres, Koscheck n'en a rien à cirer, argue Côté. Pour lui, se faire huer par 22 000 personnes qui le détestent, ce n'est pas un problème. C'est certain qu'il ne croulera pas sous la pression. Je crois que ça peut jouer contre Georges, mais ça peut évidemment être un couteau à deux tranchants. Georges saura probablement se servir de cette énergie."

« Georges a hâte que ça sorte! »

D'un point de vue extérieur, le combattant de St-Isidore semble plus impatient qu'à l'habitude à l'approche de sa prochaine mission. Les sourires sont plus forcés, les réponses un peu plus courtes, les regards toujours très intenses. Georges St-Pierre a l'air d'une bombe prête à exploser.

"Je crois vraiment que c'est un combat différent des autres pour Georges, approuve Côté. Il a gardé beaucoup de choses en-dedans au cours des derniers mois et je pense que là, il a hâte que ça sorte! Il a hâte que la cloche sonne et que le combat commence. Mais Koscheck va être gonflé à bloc lui aussi, alors je pense que ça va barder pas mal au premier round."

Une chose est sûre, les coups qui seront lancés une fois que les deux rivaux seront invités à se rejoindre au centre de la cage seront empreints de sincérité.

"Il y a beaucoup d'animosité entre ces deux gars-là et ça ne date pas seulement de leur confrontation à The Ultimate Fighter, raconte celui qui s'est battu sur la même carte que l'Américain quatre fois lors des quatre dernières années. Oui, Koscheck a de la gueule pour promouvoir ses combats, mais cette fois-ci, c'est plus que ça. Il n'aime réellement pas Georges et présentement, son seul but dans la vie, c'est de venir à Montréal et d'être encore plus détesté à son départ qu'il ne l'était à son arrivée."

Entre 2007 et 2010, un monde de différence

Koscheck a eu le temps de dire bien des âneries depuis que St-Pierre l'a battu une première fois en août 2007, alors qu'il venait de perdre sa ceinture aux mains de Matt Serra. Mais il s'est aussi appliqué à gagner ses lettres de noblesse et n'a pas volé, selon Côté, sa position de premier aspirant à la ceinture du favori.

"J'ai l'impression que les gens ne lui donnent pas tout le mérite qui lui revient. Je comprends tout le courant de sympathie entourant Georges, mais il ne faut pas être aveugle non plus. Koscheck est un adversaire extrêmement dangereux. Il a beaucoup amélioré sa boxe et a aussi travaillé sur sa lutte après avoir été surpris par Georges la première fois. Il est un combattant beaucoup plus complet qu'il y a quatre ans."

Quelle sera, donc, la stratégie adoptée par GSP, qui a fait de l'élaboration d'un plan de match de qualité l'une de ses marques de commerce au cours des dernières années?

"S'il se bat de la même façon qu'à ses deux derniers combats, il court beaucoup de risques contre Koscheck, évalue le Prédateur. Je crois que la meilleure approche pour Georges serait de lui rentrer dedans et d'être très agressif."

"Ça sera intéressant de voir l'allure que prendra le combat, poursuit Côté. Si Georges met Koscheck sur le dos, je me demande si ce dernier sera capable de se relever parce que le jiu-jitsu de Georges est de beaucoup supérieur. La question est toutefois de savoir si Georges sera capable d'amener le combat au sol. Je pense que oui, mais ça ne sera pas facile."

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