MONTRÉAL - Septembre 2009. Presque un an s'est écoulé depuis les débuts professionnels de Réjean Groulx, un ancien kickboxeur amateur qui a fait ses classes au sein du Collège Team Bergeron, un centre d'entraînement situé à Drummondville.

Groulx avait facilement réussi son baptême des arts martiaux mixtes, disposant d'un dénommé Greg Carpenter en moins de trois minutes. Mais il n'avait ensuite ressenti aucune urgence de remonter à l'intérieur de la cage.

"Mes entraîneurs ne me poussaient pas et je n'en faisais pas une priorité non plus, se souvient Groulx. Je me disais que j'avais atteint un but dans ma vie en me battant ‘pro' au moins une fois. J'étais resté assidu au gymnase, mais c'était davantage pour aider mes amis à se préparer pour leurs combats."

Puis, un jour, le téléphone sonne. Éric Dumaine vient de se blesser, trois semaines avant son affrontement contre Jeremy Gagnon, et l'organisation Ringside MMA cherche un remplaçant de dernière minute. Les conditions sont loin d'être optimales, mais Groulx accepte l'invitation.

"Ça avait été la pire coupe de poids de ma vie, rigole-t-il aujourd'hui. Le combat avait lieu à 145 livres et si je ne me trompe pas, je pesais 172 livres quand j'ai commencé ma diète. À 158 livres, ça ne voulait plus descendre et j'avais dû perdre le reste dans le sauna la veille du combat. C'était écoeurant, ça avait été très pénible!"

Groulx parvient malgré tout à garder sa fiche parfaite en battant Gagnon par décision unanime. Il se bat ensuite deux mois plus tard et deux autres fois en 2010. Trois victoires, toutes acquises par soumission.

Une carrière prometteuse est donc née presque par accident. Samedi soir, deux ans et demi après un combat qui ne devait même pas être le sien, Groulx affrontera le Franco-Ontarien Michel Gagnon, le champion des poids plumes de Ringside.

Un retour au Centre Bell

Groulx ne sera pas en territoire inconnu lorsqu'il marchera vers l'octogone érigé au centre de l'enceinte du Centre Bell, l'amphithéâtre même dans lequel il s'est mouillé les pieds pour la première fois.

"Je garde de bons souvenirs de cette soirée, raconte l'athlète aujourd'hui âgé de 27 ans. Sans qu'on le sache à l'époque, c'était le dernier événement de (la désormais défunte organisation) TKO. C'était un gros show et j'étais très fier d'en faire partie. Même si je me battais au tout début de la sous-carte, il y avait déjà pas mal de monde!"

Pour le jeune adepte de lutte et de jiu-jitsu, qui avait commencé à pratiquer la boxe uniquement pour suivre ses chums dans le gymnase, c'était la réalisation d'un rêve de p'tit gars.

"Je me souviens de l'époque où j'allais voir des gars comme Mark Hominick dans les vieux galas du UCC et du TKO et je disais à mes amis ‘Un jour les gars, vous allez me voir là!'. Je voyais toujours grand. Et je n'oublierai jamais quand, après mon premier combat, mon chum Manuel Gauthier est venu me voir et m'a dit ‘T'en souviens-tu, Rej? Tu nous l'avais dit que tu serais là!'"

Groulx, un travailleur passionné et infatigable, ne s'est finalement pas contenté de faire acte de présence. Notamment avec l'aide de Stéphane Vigneault, son entraîneur de jiu-jitsu, il a développé des habiletés qui lui ont permis de terminer ses trois derniers combats avant la limite. Sa dernière victoire, contre Stéphane Bernadel, lui a valu l'opportunité de défier Gagnon, qui a mérité sa ceinture en battant un coéquipier de Groulx, Guillaume Lamarche.

"Contre Bernadel, j'ai livré la marchandise, mais j'ai aussi fait beaucoup d'erreurs. J'ai forcé dans des situations où je n'aurais pas dû et j'ai dépensé de l'énergie pour rien, ce que je ne ferai pas dans mon prochain combat."

Patience contre agressivité

L'idée est bonne, puisque Groulx devrait avoir besoin de toutes ses réserves contre Gagnon. Les six victoires de ce dernier ont un dénominateur commun : elles ont toutes été acquises par soumission avant la fin du premier round. Les deux derniers combats du natif de Sudbury ont duré un total de 90 secondes.

"C'est son style qui explique la rapidité avec laquelle il termine le travail, analyse l'aspirant. Il met beaucoup de pression sur ses adversaires, il est explosif et très opportuniste. Si tu lui ouvres une porte, il va entrer dedans. De mon côté, je suis peut-être moins agressif, plus patient, mais je suis persuadé que si ça se finit au premier round, ça sera à mon avantage. Et si ça se prolonge, je serai capable de suivre."

Grâce à l'apport de Performance NC et Carrier Harley Davidson, deux entreprises de son coin de pays, Groulx a pu, pour la première fois de sa carrière, délaisser temporairement son emploi dans un abattoir de bœuf pendant cinq semaines pour consacrer tout son temps à l'entraînement, qu'il divise entre Drummondville et Montréal.

"J'ai toujours travaillé le plus fort possible, je prends mes affaires très au sérieux. Parfois, c'est difficile, mais je fais des sacrifices et quand je vois ma fiche monter, c'est ma récompense."

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