Ça bouge dans le monde des MMA au Québec. Deux semaines après le prochain gala de l'organisation Ringside, dont je serai la tête d'affiche, le nouveau venu Challenge MMA tiendra un premier gala au Centre Pierre-Charbonneau de Montréal.

À mon avis, si c'est bien fait, il y a assez de place pour deux promoteurs au Québec. La concurrence, c'est toujours bon dans le sport. Un monopole est rarement positif, surtout pour les employés.

La compétition, c'est bon pour les athlètes, mais c'est aussi bon pour les compagnies, qui se retrouvent alors forcées de se démener pour rester au sommet. Quand deux organisations se battent pour être la meilleure, ça ne peut qu'être bénéfique pour le spectacle et, ultimement, pour les amateurs.

Mais, je le répète, il faut que l'avènement d'une nouvelle promotion soit bien fait. Si tu te lances dans les arts martiaux mixtes simplement parce que c'est à la mode ou parce que tu y vois l'occasion de faire de l'argent, je crois que tu ne t'impliques pas pour les bonnes raisons.

Je ne suis pas suffisamment au courant du projet Challenge MMA pour commenter en toute connaissance de cause, mais je me pose quand même quelques questions. L'homme à la base de l'idée, l'homme d'affaires Gary Chartrand, n'a pas ou très peu d'expérience dans l'organisation d'événements du genre. Il s'est probablement entouré de bonnes personnes, mais pour l'instant, c'est un peu flou.

Il y a aussi le fait que Steve Bossé soit le point central de son projet. C'est normal, puisque M. Chartrand est son gérant, mais Steve était quand même le champion d'une autre organisation. Ce n'est pas trop clair comment tout ça s'est passé.

Je ne veux pas juger Steve. Je l'aime bien, c'est un bon gars. Je me suis déjà entraîné avec et je n'ai aucun problème avec lui. Mais je me demande s'il a pris la bonne décision en abandonnant son titre pour s'en aller avec une toute nouvelle organisation au futur incertain.

Qu'on le veuille ou non, Ringside MMA commence à avoir un certain prestige et une belle visibilité à travers l'Amérique. Les gens commencent à en entendre parler de plus en plus. Je ne sais pas si Steve veut encore aller se battre aux États-Unis un jour, mais d'un point de vue d'affaires, je me demande s'il a pris la bonne décision.

Bref, je ne suis pas certain de comprendre la motivation de M. Chartrand, mais je le dis une fois de plus, s'il mène bien sa barque, l'arrive de Challenge MMA peut être très positive pour le sport au Québec.

Ringside suit bien les traces de TKO

Par contre, c'est évident pour moi que pour connaître du succès, Ringside et Challenge MMA n'auront pas le choix de recruter des combattants de l'extérieur du Québec.

C'est vrai qu'ici, on a toujours préféré un bon combat local à un excellent combat international. On aurait pu remplir le Centre Bell avec Éric Lucas et Stéphane Ouellet, mais il y aurait eu deux fois moins de monde pour De La Hoya et Mosley.

Mais d'un autre côté, plusieurs des combattants qui se battent dans les organisations régionales le font dans le but de faire progresser leur carrière et d'atteindre un niveau supérieur. Et présentement, je ne crois pas qu'il y ait assez de combattants assez bien classés ici pour attirer l'attention des plus grosses organisations.

Je ne sais pas trop à quoi attribuer ça. Il y a plusieurs excellents combattants qui viennent du Québec ou qui s'y entraînent. Des gars comme Rory MacDonald, Yves Jabouin, Ivan Menjivar... mais ils ont tous déjà fait leurs classes. Du côté de la relève, c'est un peu plus mince.

On peut dire ce qu'on veut au sujet de Stéphane Patry, mais on ne pourra jamais lui enlever ce qu'il a réussi à bâtir dans le temps avec TKO. Ces shows-là étaient vraiment bien faits. Patry avait cette capacité à dénicher le talent et à le faire fleurir.

C'est vrai qu'il y avait un peu moins d'organisations dans le temps, mais néanmoins, TKO avait su se positionner très avantageusement sur l'échiquier non seulement américain, mais mondial. TKO, c'était vraiment solide. Avec le UFC, le PRIDE et quelques autres, on se trouvait dans les cinq premiers.

Il ne faut pas oublier que Ringside en est seulement à son onzième gala. Après onze galas, TKO n'était pas aussi gros que Ringside l'est aujourd'hui. Éric Champoux a déjà amené son organisation au Centre Bell et diffuse ses galas à la télévision payante. L'évolution de TKO a été beaucoup plus lente et je crois que Ringside n'est pas si loin du niveau de son « ancêtre ».

Ce dont Ringside aurait besoin, c'est d'un ou deux autres gros noms à rajouter à ses cartes, pour inciter les gens à franchir les tourniquets pour assister à ses événements. Je me souviens que pour mon combat contre Jason Day, il y avait environ 8000 personnes dans le Centre Bell. Les gens avaient la chance de voir les Mark Hominick, les Sam Stout... C'était facile de voir que ça s'en allait vers quelque chose de gros.

En comparaison, Ringside 10 a attiré environ 4500 spectateurs. Il y a encore du travail à faire pour construire une clientèle fidèle. Je sais qu'on misait beaucoup sur Alex Garcia pour qu'il devienne cette grande vedette montante qui ferait courir les foules. Il y a quelques jeunes qui poussent, mais on ne peut pas encore dire qu'il y en a un qui est au-dessus de la mêlée.

Peut-être que c'était plus facile à l'époque, alors que le sport était un peu plus underground. Quand j'ai commencé avec Georges St-Pierre et David Loiseau, il y avait beaucoup moins de monde qui faisait du combat ultime. Maintenant, c'est la grosse mode, c'est sûr que le talent est dilué. C'est plus difficile de trouver LA perle rare parmi tout ce monde-là.

Une bonne nouvelle pour les combattants du UFC

Cette semaine, le UFC a tenu son sommet annuel à Las Vegas, un événement auquel j'avais pris part l'année dernière.

Le UFC Summit, c'est une espèce de grosse séance d'information qui dure trois ou quatre jours. Le UFC amène des experts de différents milieux pour éduquer ses combattants sur l'importance de bien gérer son argent, les drogues et les méfaits des stéroïdes, l'art de savoir tirer profit de son image, des trucs du genre.

Les combattants ont reçu une bonne nouvelle cette année en arrivant à Vegas. Le UFC a dévoilé un nouveau plan d'assurances qui assure les gars qu'ils seront couverts s'ils subissent une blessure à l'entraînement. Personnellement, je crois que le UFC commençait à sentir les combattants leur souffler dans le dos avec un projet de syndicats et il a voulu réagir avant que ça ne se produise.

Avant, le UFC s'occupait des frais médicaux pour les combattants qui se blessaient pendant un combat, comme ce fut mon cas contre Anderson Silva. Par contre, un gars qui se blessait à l'entraînement trois semaines avant son apparition n'était pas dédommagé s'il déclarait forfait et devait recevoir des soins. Ils étaient donc plusieurs à cacher la vérité sur leur état de santé pour s'assurer de toucher leur chèque.

Quand j'ai appris la nouvelle, je me suis demandé si je me serais tout de même battu contre Tom Lawlor si une telle politique avait existé à l'époque. Difficile à dire, mais ça aurait certainement été un pensez-y bien...

Mais ce n'est pas grave, l'important, c'est que ce soit maintenant fait. C'est tant mieux pour les combattants qui sont présentement sous contrat avec le UFC et de mon côté, je me dis que c'est quelque chose qui va me concerner dans quelques mois si tout va bien... sauf que je ne me blesserai plus!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.