Surentraîné, Georges St-Pierre avait perdu une partie du plaisir de son métier depuis quelques années même s'il était au sommet de son art. Poussé sur la touche en raison d'une blessure importante, il a vaincu ce qui était devenu en quelque sorte un burnout sportif.

«C'était un peu un burnout sportif», a avoué le sympathique athlète.

«Je m'entraîne chaque jour depuis l'âge de neuf ans! J'avais besoin d'une pause et de changer des choses dans ma vie. Durant cette longue absence, j'y suis parvenu et je suis devenu meilleur. Mon régime d'entraînement est plus approprié pour moi et j'ai fait du ménage au sein de mon entourage.»

Étant donné qu'il s'avère le champion incontesté de la division des mi-moyens depuis cinq ans, il demeure difficile de croire que GSP ait vécu de telles épreuves personnelles. Loin d'éviter la question, il admet que ce problème n'était pas récent.

«Ça faisait quelques années que je vivais cela, mais j'ai retrouvé le sourire en me levant. Certains matins, je n'avais plus le goût d'aller m'entraîner et maintenant je m'amuse de nouveau, c'est la clé!», a rappelé le combattant qui ne s'est pas incliné depuis le 7 avril 2007 contre Matt Serra.

Sans doute victime de son succès et de sa personnalité affable, St-Pierre a payé les conséquences.

«Avant, j'essayais de faire plaisir à tout le monde, mais tu ne peux pas faire cela. Je suis très content d'avoir modifié ma routine. J'étais surentraîné et ça m'affectait physiquement et mentalement», a-t-il expliqué.

Malgré tout, celui qui est entraîné par Firas Zahabi a trouvé une façon de maintenir son emprise sur sa division et il craignait que ce règne prenne fin.

«Quand tu es épuisé, tu n'investis pas toujours tes énergies à la bonne place. J'avais besoin qu'un changement survienne pour éviter que le sport me rattrape et me dépasse», a exprimé GSP.

Faire taire les critiques et le présage de Silva qui revient

St-Pierre a beau dominer ses pairs, les amateurs d'arts martiaux mixtes lui reprochent souvent son incapacité d'achever ses adversaires. Il n'est pas dupe et il a admis qu'il voulait apporter des correctifs sans renoncer à son style réfléchi dans l'octogone.

«Il y a toujours un risque quand on se bat au UFC, mais je veux devenir plus opportuniste sans encaisser plus de coups pour obtenir un K.-O. Je dois développer mon instinct pour finir les combats. Le but ultime de notre profession c'est divertir les gens, mais je dois avant tout gagner mes combats», a précisé celui qui n'a pas obtenu un K.-O. à ses quatre derniers combats.

Les amateurs possèdent un autre souhait concernant St-Pierre et c'est de le voir croiser le fer avec Anderson Silva pour créer le combat le plus attendu des arts martiaux mixtes. Ce sujet refait souvent surface et les derniers responsables sont rien de moins que le président du UFC, Dana White, et Silva.

Le grand manitou de l'organisation a confirmé qu'il aimerait que ce scénario se concrétise prochainement et que la confrontation se déroule au gigantesque Cowboy Stadium à Dallas.

Silva a sauté sur l'occasion en déclarant à un média brésilien qu'il voudrait que sur son prochain combat - après celui contre Stephan Bonnar - survienne contre St-Pierre.

Ce dossier est loin d'être le préféré du Québécois et il est inutile d'être un spécialiste du langage corporel pour le comprendre. Tel un combattant qui redoute une attaque, son corps se raidit quand il entend une question à ce propos.

«C'est sûr que tout le monde en parle, mais je préfère me concentrer sur le moment présent et Carlos Condit. Oui, ça me met un peu de pression, mais je vis toujours avec une certaine pression et je suis à mon meilleur dans de telles circonstances», s'est-il contenté de déclarer brièvement.

St-Pierre était beaucoup plus volubile sur le plaisir de combattre à Montréal devant ses fidèles partisans et son approche est intéressante afin d'être à son meilleur.

«Je n'aborde pas ce combat en me disant que je vais me battre à Montréal et c'est la même chose quand je me bats ailleurs. Je me dis avant tout que je combats dans l'octogone. Le seul avantage que ça me procure, c'est l'appui des partisans et c'est toujours très utile», a confié l'adversaire redouté.

Originaire du Nouveau-Mexique, Condit est loin de se préoccuper de cette facette. En fait, il avoue même qu'il apprécie combattre en territoire hostile.

«J'aime le rôle du méchant qui combat dans la ville de son adversaire. J'ai souvent combattu à l'étranger et je peux comparer ce qui m'attend à mon duel contre Dan Hardy en Angleterre», a-t-il précisé.

À ce propos, les dirigeants du UFC ont évalué la possibilité d'organiser le gala 154 au Stade olympique, mais la possibilité que la finale de l'Est de la Ligue canadienne y soit disputée avec les Alouettes a fait avorter le projet.

De plus, Tom Wright, directeur des opérations du UFC au Canada, a annoncé que l'organisation veut tenir des événements annuels à Montréal en mars et à Toronto en Septembre.

Un opposant plus respectueux et la contribution de Van Damme

En tant que monarque de sa division, St-Pierre a dû subir les attaques verbales de la plupart de ses derniers adversaires qui espéraient sans doute le déconcentrer.

Cette fois, le contexte diffère puisque Condit est reconnu comme un combattant respectueux. Inutile d'orchestrer une guerre de mots peu crédible, St-Pierre et Condit ont l'intention de s'exprimer lorsque le chronomètre sera activé.

«Les gentlemen sont les adversaires les plus dangereux!», a indiqué St-Pierre à propos de Condit.

«Je dois préciser quelque chose, nous sommes deux gentlemen, mais on va se frapper le plus fort que l'on peut et si on a chance de passer le K.-O. à l'autre, nous allons le faire», a-t-il enchaîné.

Au cours des dernières semaines, GSP a eu le plaisir de s'entraîner avec Jean-Claude Van Damme, l'acteur et expert de karaté. Même si ça peut surprendre une panoplie d'observateurs, Van Damme lui a prodigué d'intéressants conseils.

«Il est excellent avec ses jambes et il m'a montré des façons pour être davantage fluide avec mes hanches ce qui me permet de décocher des coups de pied plus puissants», a dévoilé l'artiste des combats.

À l'écart de son terrain de jeu depuis 19 mois, St-Pierre aura le goût de tirer avantage de tous les changements effectués et d'appliquer tous ces conseils. Quant aux amateurs, ils auront sans doute le goût de le revoir se battre bientôt, mais il ignore les détails de son agenda en 2013 car ils sont élaborés par le UFC.