PRETORIA - La FIFA tient tellement à contrôler tous les aspects de la communication qu'elle ne laisse les journalistes rencontrer les arbitres du Mondial-2010 qu'une fois par semaine... avec pour consigne de ne pas parler de leurs propres performances!

Les dix premiers jours de compétition se sont pourtant plutôt bien passés: seulement deux ou trois polémiques autour des coups de sifflets.

Le Suisse Massimo Busacca, arbitre d'Afrique du Sud-Uruguay, où il a sifflé un penalty et exclu le gardien des Bafana Bafana, était le seul visible au point presse, lundi sur les terrains d'entraînement de la Odendaal High School, à Pretoria.

Le Français Stéphane Lannoy, qui n'a pas vu deux contrôles du bras de Luis Fabiano (Brésil-Côte d'Ivoire), n'était pas là "car il s'est couché vers 2h du matin après son match, explique à l'AFP Urs Honauer, le responsable médias des arbitres. C'est réglementaire, on essaie pas de vous le cacher! Ceux qui ont eu un match la veille ne viennent pas à l'entraînement du matin".

Pas possible non plus de parler avec le sifflet français du carton rouge donné à Kaka, pour un deuxième jaune après une esquisse de coup de coude. Ni même de lui en parler au téléphone.

"Beaucoup de pression"

"C'est une décision de la hiérarchie de la Fifa", explique M. Honauer. Les journalistes avaient même reçu un mail rappelant qu'ils ne pourraient pas poser de questions sur les performances des arbitres". Mais imagine-t-on les joueurs ne pas être autorisés par la Fifa à parler de football après un match?

L'arbitre malien de Slovénie-Etats-Unis (2-2), M. Coulibaly, à qui on aurait aimé demander pourquoi il a refusé un but aux Américains dans les arrêts de jeu, était également absent.

Le seul concerné par une petite polémique, M. Busacca, traité de "pire arbitre du Mondial" par le sélectionneur de l'Afrique du Sud, a lui d'abord annoncé: "Je ne parlerai pas de cette décision", avant de lâcher: "quand les images sont très claires, il ne faut pas expliquer. Vous êtes journaliste, vous avez vu le match, vous pouvez vous faire une opinion".

Quand l'AFP lui fait remarquer qu'il est plus qualifié qu'un journaliste pour parler d'une décision d'arbitrage, M. Busacca donne la vraie raison du mutisme des arbitres, voulu et organisé par la Fifa, et apprécié de certains sifflets: "Je pense que nous ne sommes pas prêts pour ça, arbitre c'est très difficile, il faut comprendre qu'il y a beaucoup de pression, ce n'est pas facile de venir expliquer chaque jour nos décisions".

Le Suisse semble apprécier la politique fermée de la Fifa en la matière. "Si nous expliquons plus, les joueurs se plaindront plus", redoute-t-il.