MELBOURNE (AFP) - En dépit des affirmations de Michael Schumacher prédisant une lutte acharnée cette année dans le Championnat du monde de Formule 1, la domination exercée par Ferrari au Grand Prix d'Australie suscitait une vive inquiétude dans le paddock de Melbourne dimanche soir.

Si l'Allemand a fait de la course australienne son univers depuis longtemps (quatrième victoire à Melbourne en cinq ans), la facilité avec laquelle la Scuderia a exercé sa suprématie et l'impuissance des rivaux supposés, Williams-BMW et McLaren-Mercedes, laissent craindre le pire cette saison.

Incapacité de l'équipe de Frank Williams à être prête dès le premier jour, niveau de performance indigne de l'écurie de Ron Dennis, seule Renault s'était hissée dans le sillage des rouges. Sans pouvoir toutefois encore vraiment rivaliser.

"L'équipe est de plus en plus forte, chacun travaillant plus dur que jamais, déclarait Ross Brawn, directeur technique de Ferrari. Avant la course, personne ne savait réellement quel serait notre degré de compétitivité. En dépit de nos succès ici par le passé, il existe toujours un doute. Cette victoire nous donnera certainement une envie supplémentaire de faire encore mieux dans les courses à venir". Rien que ça...

Scénario catastrophe

Ainsi, certains envisageaient déjà le scénario catastrophe, celui d'une saison à nouveau écrasée par Ferrari, un sacre rapide de Michael Schumacher, le septième. "Si la Scuderia domine de la même façon dans quinze jours en Malaisie, alors ce sera foutu....", avançaient même certains responsables hors micros.

La fournaise de Sepang n'a pas véritablement réussi aux rouges ces deux dernières années, Ralf Schumacher (Williams-BMW) en 2002 et Kimi Raikkonen (McLaren-Mercedes) l'an passé s'étaient imposés. Mais la concurrence est-elle vraiment en mesure cette année d'empêcher Ferrari de poursuivre son cavalier seul ?

Renault n'a jamais caché qu'il faudrait attendre le début de la campagne européenne pour commencer à atteindre le niveau de performance recherché. "Notre objectif était d'engranger des points en attendant l'Europe", confirmait ainsi Fernando Alonso. A Melbourne, un podium, une troisième place derrière les rouges, constituait donc un excellent résultat.

Chez Williams-BMW, les années se suivent et se ressemblent, l'équipe anglo-allemande ne parvenant jamais à éviter les erreurs de préparation, tâtonnant toujours en début de saison. Du côté de McLaren, l'ambiance était encore plus morose. Il faudrait attendre sans doute quelques Grands Prix, "six ou sept" entendait-on même, avant que la MP4/19, pourtant prête dès le début décembre, ne soit dans le coup.

Insatiable

Et, visiblement, fort de la leçon de l'an passé, Bridgestone a réagi face à Michelin. Autant dire que les ambitions de course au titre devraient être abandonnées si le délai de réaction était aussi long. Entre les malheurs de Kimi Raikkonen, les erreurs de Juan Pablo Montoya, Michael Schumacher pourrait donc gagner en tranquillité. A moins que Renault ne permette à Alonso de s'affirmer comme l'ennemi public numéro un pour la Scuderia.

Inquiétudes quant à l'intérêt du Championnat, Bernie Ecclestone ne cachait pas également que le nouveau format des Grands Prix ne lui plaisait pas du tout. Un avis partagé par l'ensemble des écuries.

Tout au long du week-end le grand argentier de la F1 s'est donc lancé dans des consultations, allant d'équipe en équipe pour prendre le pouls, voir s'il ne faudrait pas remettre en cause les qualifications actuelles. Et batailler pour la suppression de la journée d'essais du vendredi pour porter la saison à vingt Grands Prix.

Pendant que Bernie s'agitait, que les écuries s'inquiétaient, Ferrari se replongeait dans le travail. "Nous effectuerons des essais (du 9 au 11 et peut-être au 12 mars) à Valence avec Rubens (Barrichello) et Luca (Badoer) avec une F2004 et l'ancienne F2003 GA", annonçait Jean Todt toujours aussi insatiable.