BARCELONE (AFP) - L'écurie de Formule 1 BAR-Honda a été exclue jeudi de trois Grands Prix pour avoir aligné des monoplaces non-conformes à Imola le 24 avril, mais a échappé à l'exclusion pure et simple du Championnat du monde 2005, réclamée par la FIA qui l'accusait de tricherie.

Le directeur général de BAR-Honda, Nick Fry, a annoncé que les avocats de l'écurie étaient en train d'étudier devant quelle juridiction se pourvoir, car "notre objectif est de courir" à Barcelone le cinquième Grand Prix de la saison, a-t-il affirmé.

"Si nous voulons courir ce week-end, nous devons avoir une décision de justice rapidement", a poursuivi Fry, soulignant que "la limite était la première séance de qualification", samedi à 13h00 (11h00 GMT).

Le Tribunal d'appel international de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) a déclaré BAR-Honda coupable d'avoir aligné lors du Grand Prix de Saint-Marin des monoplaces en-dessous du poids minimum règlementaire.

Outre la disqualification à Imola, qui fait perdre 10
points à l'écurie -Jenson Button avait terminé 3e et Takuma Sato 5e- BAR-Honda est exclue des Grands Prix d'Espagne dimanche et de Monaco le 22 mai. Une suspension de six mois avec sursis courant un an à partir du GP de Monaco a également été infligée, ainsi qu'une amende qui reste à déterminer.

"BAR-Honda est abasourdie (par cette décision) et assure que le jugement est contraire à toutes les preuves présentées mercredi", a affirmé Fry.

"Indulgence"

La FIA avait fait appel de la décision des commissaires du GP de Saint-Marin qui avaient validé le classement de Button, après avoir pourtant découvert lors des inspections à l'issue de la course que sa BAR-Honda, une fois vidangée, n'était pas au poids réglementaire.

"Ils ont laissé 15 litres d'essence dans le réservoir et nous ont dit qu'il était vide. Dans ces conditions, nous avons l'impression qu'ils ont été traités avec indulgence" par le Tribunal d'appel international, a commenté le président de la FIA, Max Mosley.

Estimant que l'écurie avait sciemment triché, la FIA réclamait en effet son exclusion du Championnat du monde 2005.

Mais les juges, s'ils ont confirmé la non-conformité des BAR-Honda, ont estimé que les preuves présentées "n'avaient pas permis" d'affirmer avec certitude que BAR-Honda avait volontairement triché.

"Négligence"

Néanmoins, l'affaire démontre "au moins une négligence et un manque de transparence hautement regrettable", poursuit le Tribunal dans ses conclusions.

Dans le paddock, l'affaire a été suivie de près mais personne ne voulait faire de commentaire. Tout au plus, une source anonyme dans une écurie concurrente a-t-elle dit qu'il était "toujours dommage de voir que quelqu'un triche".

Derrière le côté sportif, cette affaire revêt un volet politique dans la mesure où Honda est engagé avec les constructeurs Toyota, Renault, BMW (qui motorise Williams) et Mercedes (qui motorise McLaren) dans un bras de fer avec la FIA et le patron de la F1, Bernie Ecclestone, au sujet du futur règlement de la F1 et du futur partage des retombées financières.

"Je ne dois pas faire de commentaire sur le côté politique de l'affaire", a répondu Fry lorsqu'on lui a demandé quelle influence aurait cette exclusion sur l'engagement de BAR-Honda contre la FIA et Ecclestone.

Ce dernier, aux termes des accords Concorde régissant l'économie de la F1, promet aux organisateurs un plateau d'au moins 20 monoplaces au départ. Avec l'exclusion des deux BAR-Honda, elles ne seraient plus que 18. Aussi, le directeur de la communication de la FIA, Richard Woods, a-t-il indiqué à l'AFP que les écuries qui le veulent peuvent proposer d'aligner une troisième voiture en course.