SEPANG (AFP) - Michelin a envoyé Bridgestone au tapis samedi lors de la première séance de qualification du Grand Prix de Malaisie de Formule 1, mais le manufacturier japonais compte bien se relever et s'imposer à l'usure dimanche lors de la course, où les pneus devraient jouer un rôle clé.

Le premier round a largement tourné à l'avantage du fabricant français. Le premier pilote Michelin, Fernando Alonso (Renault), a en effet mis une seconde et demie de moins que le premier pilote Bridgestone, Michael Schumacher (Ferrari), pour boucler son tour samedi après-midi.

"Des écarts énormes comme cela, on ne peut guère les expliquer que par une inadéquation des pneumatiques", affirme un responsable de chez Renault.

"C'est trop gros, on ne peut pas imaginer que Renault ira régulièrement une seconde et demie plus vite que Ferrari, ajoute-t-il. C'est un phénomène particulier. Alonso n'est allé que un dixième plus vite que (Jarno) Trulli et (Kimi) Raikkonen, ce qui prouve que Renault n'est pas dans un autre monde."

L'Italien de Toyota et le Finlandais de McLaren sont eux aussi équipés de gommes Michelin, tout comme les pilotes Williams-BMW ou BAR-Honda.

Le précédent Budapest 2003

"En matière de pneumatiques, on ne peut pas gagner de temps, mais on peut en perdre beaucoup, estime pour sa part Pierre Dupasquier, directeur de la compétition chez Michelin. Venir à Sepang avec un mauvais pneu, comme ils (Ferrari et Bridgestone) l'avaient fait en Hongrie il y a deux ans, ça coûte beaucoup."

Budapest 2003, mauvais souvenir pour la Scuderia. Rubens Barrichello avait abandonné dès le 20e tour et Michael Schumacher avait terminé 8e, à un tour du vainqueur Alonso.

"Cela n'a rien à voir", répondent cependant de concert le constructeur italien et son partenaire nippon.

"En attendant la nouvelle voiture, Ferrari utilise une version modifiée de celle de l'an dernier, qui n'a donc pas été dessinée en fonction des nouvelles règles, mais juste modifiée, alors que tous les autres en ont une nouvelle", souligne Adrian Atkinson, chargé des relations médias chez Bridgestone.

Pour lui, impossible donc de ne mettre en cause que les pneus, même s'il s'avoue déçu par la performance des voitures rouges, respectivement 12e (Schumacher) et 14e (Barrichello) de la première séance de qualification.

Consistance

"Ce sera intéressant de voir ce qu'il va se passer lors de la seconde séance quand l'essence aura été ajoutée et contrairement à l'Australie, nous devrions voir certaines voitures avoir des problèmes de moteur et de pneus vers la fin de la course", poursuit-il en précisant que Bridgestone a "choisi de se concentrer sur la consistance et la résistance des gommes".

Avec le nouveau règlement obligeant à conserver le même train de pneus du début des qualifications à la fin de la course, la consistance des gommes sera en effet un élément clé, surtout sur la piste surchauffée de Sepang (53 degrés au sol samedi après-midi), considérée comme la plus exigeante dans ce domaine.

Cependant, les Michelin ont parfaitement tenu la distance en Australie, où Renault a pris la première et la troisième place dans des conditions moins difficiles il est vrai, et les essais à Sepang ont été rassurants.

"Sur des séries de 27 tours, soit la mi-course, les pneus ont été parfaitement réguliers et performants", assure Pierre Dupasquier.
Dans une ambiance brûlante, qui ne lui réussit guère d'habitude, Bridgestone aura donc fort à faire pour éviter le K-O.