Michael Schumacher a laissé entendre, samedi, que le titre des pilotes qu'il s'apprêtait à décrocher à Budapest ne pouvait s'approcher en intensité à celui de l'an dernier, alors qu'il avait redonné toute sa noblesse à l'écurie Ferrari, après une disette de 21 ans.

Schumacher pourrait probablement ajouter que sa nouvelle conquête n'est pas aussi émouvante que sa toute première, en 1994, alors qu'il pilotait une Benetton propulsée par un « modeste » V-8 Ford et qu'il avait admirablement pris le flambeau tendu par le décès du grand Ayrton Senna.

Schumacher ne pourra cependant nier qu'il s'agit, cette année, de sa conquête la plus…sereine! C'est mon collègue Bertrand Houle qui le faisait remarquer quelques minutes après sa victoire. « Cette fois, pas de contacts douteux avec son principal rival, pas de controverse quant à son comportement en piste, pas de stratégies d'équipe outrancières. Rien de la sorte ».

Il a bien raison. En seulement 13 courses, le formidable pilote allemand a réglé les choses sans bavure aucune. Il n'a fait que mettre son remarquable talent au service d'une voiture non moins remarquable pour s'inscrire légitimement dans l'histoire de la F1.

Le meilleur pilote de l'ère moderne, c'est lui, la meilleure voiture du moment, c'est la Ferrari et les deux titres mis en poche aussi prématurément ne sont, en fait, qu'une conclusion pleinement méritée sur tous les plans, autant pour le pilote que pour son équipe.

A compter du Grand Prix de Belgique, dans deux semaines, Michael Schumacher mettra en marche la phase ultime de sa carrière. D'abord, il ne lui manque qu'une seule victoire pour reléguer définitivement Alain Prost au second rang de la hiérarchie historique. Quand ce sera fait, il lui restera un seul objectif à atteindre : celui d'être couronné une 5e fois!

Il n'y a pas si longtemps encore, ont disait que l'exploit de Juan Manuel Fangio, réussi dans la première décennie du Championnat du monde, était impossible à répéter. Moins d'un demi-siècle plus tard, cependant, il faut complètement revoir cette prémisse.

Avec le maintien en poste des principales ressources humaines de Ferrari pour au moins quelques années encore, avec la reconduction d'une association fructueuse avec le manufacturier de pneumatiques Bridgestone, il est en effet permis de croire que Schumacher pourra viser à nouveau le titre en 2002 et pourquoi pas en 2003. Et ce, quel que soit le niveau de progression des autres écuries!

Où sont les autres?

Le circuit de Budapest a toujours su consacrer les meilleures voitures de l'heure, celles qui possèdent le meilleur équilibre général. Mais par le passé, il a aussi su réduire les écarts entre les différentes équipes, de par sa courte distance et ses nombreux virages serrés.

Pourtant, cette fin de semaine, la domination de Ferrari a complètement relégué les autres à une distance odieuse.

Les huit dixièmes de seconde collés par Schumacher à Coulthard en qualifications ont passé le K.O. aux observateurs. Ceux qui, comme Jacques Villeneuve ou Jean Alesi, ont terminé à deux tours du meneur, hier, n'en reviennent sûrement pas du retard technique que leurs écuries accusent sur la « Scuderia ». Ma foi, ils n'étaient que cinq voitures sur le même tour que Schumacher, à la fin de la course!

Est-ce l'absence totale d'essais privés au cours des trois dernières semaines qui a amplifié le problème? Peut-être. Mais Ferrari n'était-elle pas aussi exclue de ces essais?

Tout en acceptant le fait que des progrès significatifs peuvent être accomplis entre deux saisons de F1, il reste qu'il y a encore un travail considérable à faire chez McLaren et Williams pour atteindre à la fois le niveau de performance et de fiabilité affiché par l'écurie championne.

Et inutile de revenir sur la quantité de travail à faire chez Jordan et BAR, qui ont toutes deux encore vu Sauber consolidé son emprise sur le quatrième rang du classement des constructeurs, hier…

Les enjeux pour la fin de saison

Outre les progrès techniques que les différentes écuries voudront réaliser d'ici la fin de la saison, vu l'interdiction complète d'essais privés en novembre et en décembre, on se demande bien s'il reste quelques enjeux intéressants à s'offrir.

Certes, la course au deuxième rang du championnat des pilotes se voudra enlevante. Coulthard, Barrichello et Ralf Schumacher devraient se livrer une lutte intéressante d'ici Suzuka. Chez les écuries, Jordan et BAR voudront certainement déloger Sauber de la quatrième place chez les constructeurs.

Mais le mieux, ce sera de suivre chaque Grand Prix, séparément. Les quatre circuits restant à visiter offrent tous des caractéristiques intéressantes et on ne devrait pas s'ennuyer, comme à Budapest, hier. On se le souhaite, en tout cas