Duels des grandes marques, 1960-67
Course jeudi, 21 déc. 2000. 15:24 samedi, 14 déc. 2024. 08:03
(Par David Boutin, collaboration spéciale) La F1 des années cinquantes se termine avec un constat clair: la domination des voitures italiennes tire à sa fin!! En effet, en 1959, Jack Brabham remporte le premier de ses trois championnat du monde. C'est au volant d'une Cooper-Climax qu'il accompli l'exploit au Grand Prix des Etats-Unis à Sebring.
Fait cocasse: tombé en panne d'essence dans le dernier tour il doit descendre de sa monoplace et pousser sa voiture sur plus de 1 kilomêtre et demi pour se voir donner le drapeau à damiers! Qui eu cru qu'un champion du monde devrait rentrer au bercail à pieds!
La victoire de la Cooper-Climax est cependant une première à deux points de vue; il s'agit d'une voiture à moteur arrière et, le chassis et le moteur sont fabriqués par deux entités différentes.
Il s'agit là d'un signe précurseur puisque, mis à part Ferrari à quelques reprises et BRM en 1962, aucun autre constructeur ne réussira l'exploit d'amener chassis et moteur de sa propre construction au titre mondial.
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Mème Ferrari peut se tromper!
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En sport automobile à défaut d'avoir un budget sans limites il faut compenser par une imagination fertile; sujette à trouver la combinaison magique celle là qui donnera ce petit plus qui fait la différence. Sans vouloir enlever quoique se soit au prestige de sa marque frappé du cheval cabré, Enzo Ferrari était plutôt réticent à adopter des innovations ne venant pas de ses ateliers. Et pour cause, si changement il en est un, déplacer le moteur de l'avant vers l'arrière de la voiture fait plutôt figure de révolution. A tel point qu'Enzo jura un jour que jamais une F1 à moteur arrière ne sortirait de ces ateliers. Convaincu de son affirmation il avança: «De mémoire d'hommes on a jamais vu des chevaux pousser un charrue plutôt que la tirer!». Désolé Enzo, mais il est difficile de croire que l'on n'aurait pu loger un V10 dans le museau de la F1 2000 de Schumacher cette année!!
La F1 devenant de plus en plus complexe et dispendieuse, le concept d'une association entre constructeur et motoriste devint la solution la plus appropriée. Celui qui exploitera le concept à son mieux, le GÉNIAL Colin Chapman, recordman non-officiel des innovations techniques, produira ses premières machines victorieuses de la sorte avec les Lotus-Climax et plus tard les Lotus-Ford. En fait, avec ce dernier il fût capable de créer une chimie parfaite entre sa petite firme et le géant américain pour créer des voitures et des moteurs dessinés et développés en parfaite harmonie. Développement de pair mais à chacun sa spécialité. Le meilleur des deux mondes quoi!!
1960 vît donc la dernière victoire d'une voiture à moteur avant, en remportant le GP d'Italie, Phil Hill devenait tout de même le premier américain à remporter une épreuve du championnat du monde.
Les anglo saxons prirent donc la relève aussi bien à titre de pilotes que de constructeurs. Les Fangio, Ascari, Farina, Gonzalez sont remplacés par les Hill, Clark, Surtees, Brabham. Les Ferrari, Maserati, Lancia et Alfa Romeo, quant à elles, cèdent le passage aux Lotus, Cooper, Brabham et B.R.M.
Calme et objectivité aux dépends de la passion et la frivolité direz vous? Peut être, mais les acteurs n'en demeurent pas moins tout aussi déterminés dans leur quête de victoire. Le flegme britannique laisse toute sa place à un pilotage inspiré, le pragmatisme n'empêche pas la naissance des plus belles F1 jamais produites. Minces, profilées, agiles, maniables elles sont le fruit de la création d'esprits doués d'une sagacité intellectuelle hors du commun. Les courbes et formes des bolides ainsi que celles qu'elles empruntent sur la piste sont dessinées et négociées avec élégance, courage et générosité. On assiste à une renaissance du sport automobile.
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Clark, Chapman et Lotus
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Il y a de ces associations en Formule 1 qui suscitent d'indélébiles souvenirs, reliques de courses ou victoires mémorables. Senna, Dennis et Mclaren, Jones et Williams, ou encore Schumacher, Briatore et Benetton. De toutes, celle de Clark, Chapman et Lotus est sans contredits celle qui fait renaître le plus d'anecdotes de faits irréels: Clark pour ses courses menées de bout en bout, ses reprises de contrôle suite à une négociation trop optimiste d'un virage serré ou encore son habilité à conduire à la victoire tout véhicule à quatre roues, Chapman pour ses innombrables innovations techniques, chassis monocoque, effet de sol et voiture double-chassis. Un fait cependant, bien qu'ils aient marqué leur époque de façon distincte, leur association est quant à elle tout aussi marquante. Jamais on aura vu pareille chimie entre ses trois axes que sont pilote-ingénieur-voiture. Les trois seront indissociables car tout au long de sa carrière, Clark ne pilotera autre chose qu'une Lotus en F1. Bien qu'il soit hasardeux de juger de la portée historique de ce trio par des statistiques celles de Clark au volant d'une Lotus ne laissent toutefois planer aucuns doutes: 72 GP disputés, 25 victoires (soit plus du tiers) et 33 poles positions (presque la moitié). Aux dires des ténors du moment: lorsque la Lotus était bien-née et avec Clark aux commandes, la seule interrogation quant à l'issue d'un Grand Prix était de prédire qui finirait deuxième.
Cette domination de Clark et Lotus sera trop souvent minée par des problèmes de fiabilité laissant échapper ainsi deux championnats de justesse à l'Écossais, par 2 points en 1962 et 8 en 64. Bien que souvent dûe à la malchance, les infortunes de Clark n'enlèvent cependant aucuns crédits aux autres pilotes qui bataillèrent durement pour remporter les honneurs.
Deux principalement retiennent l'attention: John Surtees et Jack Brabham.
Tout deux ont chacun réussi un exploit qui ne sera probablement jamais (je voulais éviter de jamais mais c'est plus fort que moi) réédité. John Surtees devint, et est toujours le seul, à avoir remporté des titres mondiaux en F1 et moto. C'est en 1964, après une longue et fructueuse carrière sur deux roues qu'il remporta le titre au volant d'une Ferrari. Malheureusement, sa relation avec Enzo Ferrari se dégrada très rapidement par la suite, ce dernier n'appréciant pas vraiment les plaintes répétitives de Surtees quant au manque de performances de sa monoplace. La version de Surtees quant à elle soulève l'entêtement de Ferrari en rapport à certains choix techniques. Deux chefs ne peuvent régner en même temps dans le même royaume. Quelques années plus tard, Surtees tenta sa chance en temps que constructeur-pilote mais à l'instar de Jack Brabham n'eu grand succès.
Et comment!! Sir Jack Brabham entreprit de courir au volant de ses propres bolides en 1962. Les premiers pas fûrent plus que difficiles puisque ce n'est qu'en 1966 qu'il remporta sa première victoire, au GP de France. Fait ironique, Brabham remporta 7 GP en neuf saisons avec ses voitures et celle de France fût la première d'une série de quatre consécutives! Lui donnant un maximum de points; ses courses lui obtena le championnat du monde, premier et seul pilote à avoir réussi l'exploit au volant de ses propres bolides.
Le dernier GP de la saison 1967 fût remporté par Jim Clark avec la Lotus 49, l'une des plus belles jamais construites. Finalement libérée de ses problèmes de fiabilité cette dernière aurait dû lui donner le titre 68 mais lors d'une course de Formule 2 au circuit d'Hockenheim, un pneu déjanté amena sa monture à se fracasser contre un arbre.
D'une seule façon, une ère se terminait alors qu'une nouvelle prenait tout de suite son envol puisqu'au GP suivant les Lotus abandonnait leur couleur verte emblématique pour celles d'une commandite de cigarettes.
La mort de Clark eu l'effet d'une bombe sur le sport automobile, celà ne pouvait arriver au maître, à n'importe qui d'autre oui, mais pas à lui. Pour bien des pilotes admettre que l'un de ses confrères est meilleur que soit fait figure de torture médiévale, pour Chris Amon pilote de l'époque, l'aveu est digne du champion: «Nous avons perdu notre leader».
Fait cocasse: tombé en panne d'essence dans le dernier tour il doit descendre de sa monoplace et pousser sa voiture sur plus de 1 kilomêtre et demi pour se voir donner le drapeau à damiers! Qui eu cru qu'un champion du monde devrait rentrer au bercail à pieds!
La victoire de la Cooper-Climax est cependant une première à deux points de vue; il s'agit d'une voiture à moteur arrière et, le chassis et le moteur sont fabriqués par deux entités différentes.
Il s'agit là d'un signe précurseur puisque, mis à part Ferrari à quelques reprises et BRM en 1962, aucun autre constructeur ne réussira l'exploit d'amener chassis et moteur de sa propre construction au titre mondial.
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Mème Ferrari peut se tromper!
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En sport automobile à défaut d'avoir un budget sans limites il faut compenser par une imagination fertile; sujette à trouver la combinaison magique celle là qui donnera ce petit plus qui fait la différence. Sans vouloir enlever quoique se soit au prestige de sa marque frappé du cheval cabré, Enzo Ferrari était plutôt réticent à adopter des innovations ne venant pas de ses ateliers. Et pour cause, si changement il en est un, déplacer le moteur de l'avant vers l'arrière de la voiture fait plutôt figure de révolution. A tel point qu'Enzo jura un jour que jamais une F1 à moteur arrière ne sortirait de ces ateliers. Convaincu de son affirmation il avança: «De mémoire d'hommes on a jamais vu des chevaux pousser un charrue plutôt que la tirer!». Désolé Enzo, mais il est difficile de croire que l'on n'aurait pu loger un V10 dans le museau de la F1 2000 de Schumacher cette année!!
La F1 devenant de plus en plus complexe et dispendieuse, le concept d'une association entre constructeur et motoriste devint la solution la plus appropriée. Celui qui exploitera le concept à son mieux, le GÉNIAL Colin Chapman, recordman non-officiel des innovations techniques, produira ses premières machines victorieuses de la sorte avec les Lotus-Climax et plus tard les Lotus-Ford. En fait, avec ce dernier il fût capable de créer une chimie parfaite entre sa petite firme et le géant américain pour créer des voitures et des moteurs dessinés et développés en parfaite harmonie. Développement de pair mais à chacun sa spécialité. Le meilleur des deux mondes quoi!!
1960 vît donc la dernière victoire d'une voiture à moteur avant, en remportant le GP d'Italie, Phil Hill devenait tout de même le premier américain à remporter une épreuve du championnat du monde.
Les anglo saxons prirent donc la relève aussi bien à titre de pilotes que de constructeurs. Les Fangio, Ascari, Farina, Gonzalez sont remplacés par les Hill, Clark, Surtees, Brabham. Les Ferrari, Maserati, Lancia et Alfa Romeo, quant à elles, cèdent le passage aux Lotus, Cooper, Brabham et B.R.M.
Calme et objectivité aux dépends de la passion et la frivolité direz vous? Peut être, mais les acteurs n'en demeurent pas moins tout aussi déterminés dans leur quête de victoire. Le flegme britannique laisse toute sa place à un pilotage inspiré, le pragmatisme n'empêche pas la naissance des plus belles F1 jamais produites. Minces, profilées, agiles, maniables elles sont le fruit de la création d'esprits doués d'une sagacité intellectuelle hors du commun. Les courbes et formes des bolides ainsi que celles qu'elles empruntent sur la piste sont dessinées et négociées avec élégance, courage et générosité. On assiste à une renaissance du sport automobile.
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Clark, Chapman et Lotus
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Il y a de ces associations en Formule 1 qui suscitent d'indélébiles souvenirs, reliques de courses ou victoires mémorables. Senna, Dennis et Mclaren, Jones et Williams, ou encore Schumacher, Briatore et Benetton. De toutes, celle de Clark, Chapman et Lotus est sans contredits celle qui fait renaître le plus d'anecdotes de faits irréels: Clark pour ses courses menées de bout en bout, ses reprises de contrôle suite à une négociation trop optimiste d'un virage serré ou encore son habilité à conduire à la victoire tout véhicule à quatre roues, Chapman pour ses innombrables innovations techniques, chassis monocoque, effet de sol et voiture double-chassis. Un fait cependant, bien qu'ils aient marqué leur époque de façon distincte, leur association est quant à elle tout aussi marquante. Jamais on aura vu pareille chimie entre ses trois axes que sont pilote-ingénieur-voiture. Les trois seront indissociables car tout au long de sa carrière, Clark ne pilotera autre chose qu'une Lotus en F1. Bien qu'il soit hasardeux de juger de la portée historique de ce trio par des statistiques celles de Clark au volant d'une Lotus ne laissent toutefois planer aucuns doutes: 72 GP disputés, 25 victoires (soit plus du tiers) et 33 poles positions (presque la moitié). Aux dires des ténors du moment: lorsque la Lotus était bien-née et avec Clark aux commandes, la seule interrogation quant à l'issue d'un Grand Prix était de prédire qui finirait deuxième.
Cette domination de Clark et Lotus sera trop souvent minée par des problèmes de fiabilité laissant échapper ainsi deux championnats de justesse à l'Écossais, par 2 points en 1962 et 8 en 64. Bien que souvent dûe à la malchance, les infortunes de Clark n'enlèvent cependant aucuns crédits aux autres pilotes qui bataillèrent durement pour remporter les honneurs.
Deux principalement retiennent l'attention: John Surtees et Jack Brabham.
Tout deux ont chacun réussi un exploit qui ne sera probablement jamais (je voulais éviter de jamais mais c'est plus fort que moi) réédité. John Surtees devint, et est toujours le seul, à avoir remporté des titres mondiaux en F1 et moto. C'est en 1964, après une longue et fructueuse carrière sur deux roues qu'il remporta le titre au volant d'une Ferrari. Malheureusement, sa relation avec Enzo Ferrari se dégrada très rapidement par la suite, ce dernier n'appréciant pas vraiment les plaintes répétitives de Surtees quant au manque de performances de sa monoplace. La version de Surtees quant à elle soulève l'entêtement de Ferrari en rapport à certains choix techniques. Deux chefs ne peuvent régner en même temps dans le même royaume. Quelques années plus tard, Surtees tenta sa chance en temps que constructeur-pilote mais à l'instar de Jack Brabham n'eu grand succès.
Et comment!! Sir Jack Brabham entreprit de courir au volant de ses propres bolides en 1962. Les premiers pas fûrent plus que difficiles puisque ce n'est qu'en 1966 qu'il remporta sa première victoire, au GP de France. Fait ironique, Brabham remporta 7 GP en neuf saisons avec ses voitures et celle de France fût la première d'une série de quatre consécutives! Lui donnant un maximum de points; ses courses lui obtena le championnat du monde, premier et seul pilote à avoir réussi l'exploit au volant de ses propres bolides.
Le dernier GP de la saison 1967 fût remporté par Jim Clark avec la Lotus 49, l'une des plus belles jamais construites. Finalement libérée de ses problèmes de fiabilité cette dernière aurait dû lui donner le titre 68 mais lors d'une course de Formule 2 au circuit d'Hockenheim, un pneu déjanté amena sa monture à se fracasser contre un arbre.
D'une seule façon, une ère se terminait alors qu'une nouvelle prenait tout de suite son envol puisqu'au GP suivant les Lotus abandonnait leur couleur verte emblématique pour celles d'une commandite de cigarettes.
La mort de Clark eu l'effet d'une bombe sur le sport automobile, celà ne pouvait arriver au maître, à n'importe qui d'autre oui, mais pas à lui. Pour bien des pilotes admettre que l'un de ses confrères est meilleur que soit fait figure de torture médiévale, pour Chris Amon pilote de l'époque, l'aveu est digne du champion: «Nous avons perdu notre leader».