PARIS - La Formule 1 rajeunit : ils seront quatre, Nico Hülkenberg (Williams), Vitaly Petrov (Renault), Lucas di Grassi (Virgin) et Bruno Senna (Hispania) à y faire leurs dents en 2010, auxquels il faut ajouter les quasi-débutants Kamui Kobayashi (Sauber) et Jaime Alguersuari (Toro Rosso).

Un autre néophyte les a rejoint jeudi, l'Indien Karun Chandhok, issu du GP2, l'antichambre de la F1, engagé comme deuxième pilote chez Hispania.

La F1, discipline-reine du sport automobile, s'ouvrirait-elle en masse aux jeunes pousses? L'an passé, seul le Suisse Sébastien Buemi (Toro Rosso) avait fait son entrée dans la cour des grands à l'intersaison. Son coéquipier Alguersuari et Romain Grosjean (Renault) l'avaient rejoint à mi-Championnat.

Mais depuis lors, la crise mondiale a sévi. Deux constructeurs, BMW et Toyota, ont quitté la scène fin 2009. Trois écuries, Lotus, Virgin et Hispania, les ont remplacés, bien moins argentées.

Or les débutants, apportant souvent mécènes ou sponsors avec eux, intéressent évidemment ces écuries modestes. Un sujet que les jeunes pilotes abordent avec une certaine raideur. "Je suis arrivé là sans sponsor, sans la moindre aide. Uniquement par mon travail, ma soif d'apprendre et mes résultats", affirme Petrov à l'hebdomadaire Autohebdo.

Gérard Lopez, dirigeant de Genii Capital, le nouvel actionnaire vraisemblablement majoritaire de Renault F1, déclarait pourtant au sujet du Russe en février : "Vitaly apporte des sponsors. Mais il y a d'autres pilotes qui pouvaient en apporter le double".

Ambition

Le seul critère financier n'explique donc pas tout. Petrov doit ainsi beaucoup à sa nationalité. La Russie étant encore terra incognita pour la F1, les nouveaux actionnaires de l'écurie Renault espèrent conquérir grâce à lui marchés et sponsors.

Mais la valeur sportive reste primordiale. Hormis Chandhok, qui se traîne depuis trois saisons en GP2, les nouveaux entrants ont brillé dans ce championnat. Hülkenberg a remporté l'édition 2009 devant Petrov et di Grassi. Bruno Senna était vice-champion en 2008.

D'où une certaine sérénité à l'approche de l'ouverture de la saison de F1, le 14 mars à Bahreïn. "Je suis tranquille. Rien ne devrait m'inquiéter. Je serai un peu nerveux peut-être cinq secondes avant le départ. Mais c'est normal. Il y a longtemps que je pilote", observe Vitaly Petrov, 25 ans.

"J'essaie juste de m'améliorer chaque fois que je suis dans le garage, que je roule ou que je regarde des voitures sur la piste. C'est la manière la plus rapide de progresser en tant que pilote", confie Lucas di Grassi, 25 ans également, dont la Virgin manque cruellement de vitesse.

"J'ai confiance en la voiture. Je me sens bien dans l'équipe. Je ferai de mon mieux", estime de son côté Hülkenberg, qui, bien qu'il "n'aime pas trop ces histoires de rookies", souhaite terminer "devant eux" et "devant les autres" concurrents.

Le pilote Williams et ses 22 printemps devront pour cela dominer Kamui Kobayashi, certes débutant mais impressionnant lors des deux courses qu'il a disputées fin 2009 (sixième à Abou Dhabi), dont le but est de "rester entre la quatrième et la huitième place" cette saison, avec éventuellement "un podium".

À 23 ans, l'ambitieux Japonais, très rapide aux essais d'hiver dans une Sauber surprenante, pourrait parvenir à ses fins. Son coéquipier Pedro de la Rosa, de 16 ans son aîné, est déjà prévenu : la jeunesse ne respecte décidément plus rien.