Encore une fois cette année, la course au titre ne nous offrira pas une lutte serrée et spectaculaire jusqu’au dernier Grand Prix. Bien installé devant, ce n’est qu’une question de temps avec que Lewis Hamilton confirme un sixième titre de champion du monde. D’ailleurs, il se pourrait fort bien que cela se produise dès dimanche, au Texas. En fait, si Valtteri Bottas ne remporte pas les trois dernières épreuves de la saison, Hamilton sera champion, peu importe ses résultats. Et si jamais le Finlandais montait sur la plus haute marche du podium, Hamilton doit terminer parmi le top-8 dimanche (ou encore 9e avec le meilleur tour) pour mettre la main sur la couronne.

 

Par contre, il reste tout de même quelques aspects très intéressants à suivre en cette fin de saison. Depuis la pause estivale, j’aime bien concentrer mon attention sur le travail d’Alexander Albon. J’étais très curieux de voir comment un pilote avec si peu d’expérience en Formule 1 allait relever ce défi qui se présentait à lui... et pour tout vous dire, je craignais que cette promotion chez Red Bull prenne rapidement des airs de cadeau empoisonné.

 

Après six courses dans la grande équipe, force est d’admettre que le pilote thaïlandais a su tirer son épingle du jeu.

 

En fait, une statistique fait foi de tout, celle des points récoltés depuis son transfert par les pilotes Red Bull. Alors que Max Verstappen a amassé 39 points, Albon a été plus productif avec 58 points! C’est vrai que cela témoigne surtout d’une fin de saison décevante pour Verstappen, qui a notamment dû abandonner en Belgique et au Japon en raison de contact au départ des deux épreuves. Tout de même, qui aurait pu prédire qu’après six courses, Albon aurait amassé 19 points de plus que son coéquipier? Qui aurait aussi pu prédire qu’à son 5e Grand Prix avec Red Bull, Albon serait en mesure de suivre le rythme en qualifications de Verstappen? Parce que oui, les deux pilotes ont réalisé exactement le même temps lors de la Q3 au Japon. Ce n’est quand même pas rien pour une recrue!

 

Bien sûr, cette situation ne devrait pas perdurer bien longtemps et loin de moi l’idée de vouloir comparer ces deux pilotes qui en sont à des stades bien différents de leur carrière. En fait, ce n’est pas vraiment à Verstappen qu’il faut comparer Albon, mais plutôt à Pierre Gasly, car c’est avec lui que Red Bull voulait comparer les performances. Et encore une fois, Albon s’en tire bien. Après ses six premières courses chez Red Bull, Gasly avait amassé 30 points, soit presque la moitié des 58 d’Albon.

 

Surtout, ce que Red Bull souhaite voir de ses pilotes, c’est d’obtenir des top-6 avec constance. Si un pilote peut faire mieux, c’est bien, mais sinon, l’important est de récolter le maximum de points derrière les Mercedes, les Ferrari et Verstappen. C’est là qu’Albon a vraiment réussi à faire la différence. Depuis son arrivée avec l’écurie de Christian Horner, il a réussi des top-6 à chacune de ses six épreuves. Ce n’est pas rien, surtout qu’il a pris le départ de la 17e place en Belgique (à ses tout débuts chez Red Bull!) et de la 20e en Russie avant de remonter. En comparaison, Gasly avait réussi 3 top-6 à ses six premières courses de la saison (il en a amassé cinq en douze courses au total avec Red Bull). La semaine dernière, Albon pouvait même se battre pour un podium avant que sa stratégie de deux arrêts le fasse reculer en cinquième place.

 

On attend encore la décision officielle de Red Bull à savoir qui sera le second à Verstappen en 2020. Mais si l’on se fie aux chiffres, et tenant pour acquis que l’intention de Red Bull est bel et bien de donner une réelle chance à Albon et non de se donner du temps pour magasiner ailleurs, on voit mal comment Albon ne sera pas de retour à Milton Keynes l’an prochain.

 

Une saison bien remplie

 

Peu importe son avenir, l’histoire d’Alexander Albon demeurera l’une des belles de la saison. Il y a un an, peu de gens l’attendaient en Formule 1. En fait, lui-même en doutait fortement. Albon avait même signé un contrat en Formule électrique avec Nissan, contrat qu’il n’a finalement pas honoré après avoir reçu l’appel de Toro Rosso.

 

Contrairement à la plupart des jeunes pilotes, le Britanno thaïlandais n’avait jamais conduit une Formule 1 auparavant, que ce soit en essais privés ou lors des premières séances d’essais libres les vendredis. Quand il est arrivé aux essais hivernaux, en Espagne, quelques semaines avant le début de la saison, il avait donc tout à apprendre sur la Formule 1. Et voilà qu’il prend le volant pour la première fois, et qu’il ne complète pas un seul tour avant de déraper et de s’enliser dans le bac à gravier. Ce n’était certes pas le début le plus prometteur.

 

Même s’il est « relativement » vieux pour un pilote recrue à 23 ans, son manque d’expérience en Formule 1 se fait encore parfois sentir. Tout est nouveau pour lui, la voiture comme plusieurs circuits. C’est pourquoi on l’a vu, et on le voit encore, sortir de piste parfois lors des essais du vendredi. Ce fut d’ailleurs le cas la semaine dernière au Mexique. Mais cela démontre aussi qu’il apprend à vitesse grand V. Il cherche les limites lors des essais, les dépasse parfois, mais il évite ensuite les erreurs en course. Le Grand Prix de Russie en est aussi un bon exemple. Après avoir heurté le mur en qualifications et pris le départ de la dernière place, il a remonté le peloton de brillante façon pour finalement prendre le 5e rang.

 

Cette capacité d’adaptation lui a permis de rapidement se sentir à l’aise chez Toro Rosso et d’obtenir de bons résultats. Cela s’est poursuivi chez Red Bull. On le sent toujours souriant, détendu. Il ne s’en met pas trop sur les épaules, tentant simplement de faire de son mieux peu importe les circonstances.

 

Maintenant, la pression ne fera qu’augmenter sur le jeune pilote. Chez Red Bull, les succès sont vite oubliés après une mauvaise séquence. S’il reste l’an prochain, il devra continuer de démontrer cette constance. Toutefois, malgré le petit échantillon jusqu’à présent, il aura clairement démontré qu’il a le potentiel pour y parvenir.

 

J’en ai glissé un mot d’entrée de jeu, la Formule 1 reprend dès cette fin de semaine sur le circuit d’Austin, au Texas. Lewis Hamilton pourrait très bien en profiter pour être sacré champion. Pour ne rien manquer de tout ça, notez bien les heures, qui sont très différentes pour la qualification et pour la course! En effet, la séance qualificative vous sera présentée sur RDS à compter de 16 h 45. Par contre, pour la course, c’est beaucoup plus tôt! On vous donne rendez-vous sur RDS pour l’émission d’avant-course à 13 h 30.