MANAMA (AFP) - Son coup de volant avait immédiatement frappé les esprits à son arrivée en Formule 1 chez Minardi en 2001, mais cette saison avec une Renault extrêmement efficace, Fernando Alonso s'est posé en trois courses comme l'adversaire numéro 1, voire le successeur, de Michael Schumacher.

Deux victoires, dimanche à Bahreïn et il y a quinze jours en Malaisie, une troisième place en ouverture de saison en Australie, et voilà Alonso, 23 ans, en tête du Championnat du monde des pilotes, avec 24 points d'avance sur Schumacher, l'homme de tous les records auquel il veut succéder. Une succession qu'il vise non pas simplement en profitant d'une éventuelle retraite de l'Allemand, âgé de 36 ans, mais bien "en le battant sur la piste !"

Avec ses 54 Grands Prix disputés contre 215, 3 victoires contre 83 et 7 titres de champion du monde (records), Alonso peut sembler bien léger face au boulimique allemand.

Mais l'Espagnol est d'ores et déjà champion de la précocité et, au vu de ce début de saison, son statut est en train de changer à la vitesse grand V dans le paddock.

Le plus jeune

Lui-même s'en rend compte et le pilote émerveillé dans le paddock, presque étonné d'y être, est devenu hautin, parfois désagréable, depuis sa première victoire, en Hongrie en août 2003 au volant déjà d'une Renault. Il est vrai qu'il était alors devenu à 22 ans et 26 jours, le plus jeune vainqueur de Grand Prix de l'Histoire de la F1.

De même qu'il était devenu le plus jeune pilote à obtenir une pole position, quelques mois plus tôt en Malaisie.
Voilà toujours deux records que Schumacher n'aura plus. Un troisième semble se profiler: s'il était sacré cette année, Alonso serait à 24 ans le plus jeune champion du monde. Schumacher avait 25 ans lors de son premier titre mondial en 1994.

"C'est fantastique d'être premier au Championnat du monde", affirme Alonso. "C'est un rêve pour tout jeune pilote. Je l'ai réalisé à 23 ans et maintenant je n'ai plus qu'à finir le Championnat à cette place", lance-t-il, sûr de son talent et de son matériel, mais soulignant cependant que la saison était encore très longue.

Ce rêve de gosse qu'il pourrait réaliser, ravit l'Espagne autant que lui. Du roi Juan Carlos qui lui téléphone pour le féliciter aux fanatiques qui vont faire le siège de son domicile, en passant par la presse qui relègue le football en pages intérieures pour relater les exploits d'un "magicien".

Lié à Renault

La carrière du pilote né à Oviedo, le seul Espagnol à ce niveau en sport automobile avec le roi des rallyes Carlos Sainz, est liée à Renault.

Après une saison dans la modeste écurie Minardi, Alonso a été recruté par l'équipe française. Pilote essayeur pendant un an, il a observé, appris, puis son patron Flavio Briatore l'a lancé en 2003 dans l'arène des Grands Prix.

Aujourd'hui, le pilote est formé: rapide, il est aussi "intelligent", souligne Briatore.

"Voir un pilote gérer sa course comme l'a fait Fernando cet après-midi est un sentiment fantastique, a commenté à Bahreïn le directeur exécutif de l'ingénierie Renault, Pat Symonds. Sa performance prend encore plus d'ampleur lorsqu'on sait qu'il n'utilisait même pas tout le potentiel de son moteur dans les premiers tours. Il semblait pouvoir hausser le rythme lorsqu'il le voulait, sans brimer sa mécanique."

Quant à Michael Schumacher, peut-être touché dans son orgueil, il minimise la menace intrinsèque représentée par le jeune Espagnol. "Il fait du bon boulot et c'est pour ça qu'il est aussi bien placé, mais notre boulot à nous est de lui rendre la vie moins facile", lance celui qui n'avait pas mis longtemps après son arrivée en F1 en 1991 pour provoquer le roi des circuits de l'époque, Ayrton Senna.