ISTANBUL (AFP) - Felipe Massa (Ferrari) a remporté son premier Grand Prix de Formule 1, dimanche en Turquie où, contre toute attente, Fernando Alonso (Renault) est sorti vainqueur de son duel contre un Michael Schumacher en partie victime du sort.

Sur la plus haute marche du podium, Massa fait plaisir à voir. Flanqué des deux rivaux au Championnat, séparés désormais de 12 points et qui ne s'adressent pas le moindre regard ni la moindre parole, Massa, lui, contient avec peine ses larmes de joie. Puis il montre fièrement le drapeau brésilien qui s'élève dans son dos alors que retentit son hymne national.

Quelques minutes après avoir hurlé un "Yeeees" libératoire en coupant la ligne d'arrivée, Massa, 25 ans, craque en conférence de presse lorsqu'il doit exprimer ce qu'il a ressenti.

"C'est fantastique ! J'ai travaillé si dur pour y arriver, toute ma vie j'ai attendu ce moment... et maintenant je suis là, c'est une immense émotion", lâche le Brésilien dont les derniers mots s'étranglent dans un sanglot.

Le septuple champion du monde, troisième derrière Alonso à qui il cède deux longueurs alors qu'il aurait théoriquement pu lui en reprendre quatre tant sa Ferrari semblait supérieure (comme le prouvent la victoire de Massa et son propre meilleur tour en course), n'a plus qu'à se réjouir pour son coéquipier.

Erreurs

"Je veux d'abord féliciter Felipe, il n'a pas commis d'erreur et a magnifiquement ramené la voiture à bon port: il mérite cette victoire", lance l'Allemand avant de répondre aux questions des journalistes.

Lui, en revanche, a commis une erreur, lors du deuxième relais, qui lui a coûté très cher.

Une sortie trop large dans le périlleux virage 8 lui a en effet fait perdre plus de quatre secondes sur Alonso.

"J'ai peut-être trop sollicité les pneus, tente d'expliquer Schumacher.

Le temps ainsi perdu lui a certainement manqué lors du second ravitaillement pour récupérer sa deuxième place, cédée à Alonso sur un coup du sort.

Car tandis que les deux Ferrari parties de la première ligne semblaient s'envoler vers un cavalier seul, Vitantonio Liuzzi a "planté" sa Toro Rosso-Cosworth en travers du virage 1. Afin d'évacuer la monoplace invisible des concurrents arrivant à pleine vitesse en bout de ligne droite, la voiture de sécurité a neutralisé la course deux tours.

Logiquement, Alonso en a profité pour ravitailler, ainsi que les deux Ferrari... en même temps! Obligé d'attendre que son coéquipier reparte, Schumacher a ainsi perdu sa deuxième place au profit de son rival.

"Chanceux"

Chez Ferrari, on se défend d'avoir commis une erreur de stratégie en ne faisant pas rentrer Schumacher avant Massa. Cette solution aurait vraisemblablement permis à l'Allemand de gagner, mais aurait ruiné la course du Brésilien. La seule possibilité était de faire rentrer les deux voitures en même temps, Massa devant.

Alonso, qui a su repousser sans faiblir les assauts de Schumacher durant les 14 derniers tours pour terminer avec 81/1000 de seconde d'avance sur la Ferrari, soit 4,69 m après 310 km de course, reconnaît avoir eu de la chance.

"Nous avons été chanceux avec l'entrée en piste de la voiture de sécurité, explique-t-il. J'ai pu m'échapper un peu ensuite parce que j'étais léger en essence et que Michael (Schumacher) a perdu du temps dans le virage 8. Ce fut l'élément crucial qui m'a permis de conserver ma 2e position après le second ravitaillement", avoue le champion en titre.

Mais, conscient de son caractère inespéré, Alonso relativise son résultat.

"C'est bien, mais ce n'est pas une victoire et Felipe (Massa) était trop rapide pour nous... souligne-t-il. C'est sûr, nous avons du travail pour trouver un moyen d'améliorer notre performance."

D'autant que le prochain GP se courra sur les terres de Ferrari à Monza le 10 septembre.