C'est toujours plaisant quand le Grand Prix du Canada revient. J'ai toujours l'impression que cet événement lance véritablement l'été et je considère que nous sommes chanceux d'avoir encore la F1 à Montréal.

Il y a toujours plein de choses qui se passent et qui sont intéressantes à suivre. Il y a notamment le jeune Lance Stroll qui évolue tranquillement en F3 en Europe et qui obtient de très bons résultats. C'est encourageant de voir que d'autres Québécois se dirigent vers la F1.

Je n'ai pas été approché pour participer à une série quelconque durant la fin de semaine. J'ai pris ma retraite des courses. J'ai fait le rallycross l'an dernier, mais c'était que pour le plaisir et je ne pense pas que je me laisserais tenter par une autre série. Si je le voulais vraiment, je pourrais trouver un volant et faire une saison complète, mais mon intérêt est ailleurs maintenant. Je sais que le vénérable Jacques Villeneuve participera à une course de la série F1600, mais il le fait pour s'amuser, car il est un passionné fou du sport automobile comme moi.

Je suis attentivement toutes les séries de courses sauf celle de l'Indycar à laquelle je m'intéresse moins. Je suis le Indy 500, mais pas vraiment le reste de la saison parce que les voitures utilisées ne me passionnent pas du tout parce que je les trouve dangereuses. Quand j'étais en série Cart, les voitures étaient plus sécuritaires que ce qui se retrouve en Indycar actuellement.

Contrairement à d'autres pilotes, mon rêve n'a jamais été de piloter en F1. Je n'étais pas prêt à m'expatrier à l'extérieur de l'Amérique du Nord. Il y a bien eu quelques ouvertures à un certain moment, mais je ne voulais pas aller en Europe et à l'époque, la série Indy était majeure dans le monde de la course. En fait, la F1 et le Indy étaient ce qu'il y avait de plus gros sur la planète automobile à ce moment-là.

Je connais bien et j'adore le circuit Gilles-Villeneuve où j'ai eu la chance de piloter dans différentes catégories (Indy, Nascar, Formule atlantique) au cours de ma carrière. Je peux vous confirmer qu'il s'agit d'un circuit difficile pour la mécanique. Un pilote doit courir de gros risques pour dépasser en raison des zones de freinage dans les virages lents, pour la plupart. Étant donné que ce sont principalement des chicanes, un pilote doit prendre plus de risque pour doubler un adversaire, ce qui provoque souvent des accrochages et des imprévues.

Dans n'importe quelle série, la configuration du circuit à Montréal rend les courses intéressantes. Pour une raison que je n'arrive pas à m'expliquer, c'est un circuit que je maîtrise à 100 % alors qu'il y a d'autres circuits où c’est le contraire. Vous comprenez mieux pourquoi j'ai adoré faire des courses à Montréal.

Il faut être un bon pilote pour avoir du succès et de bons pilotes, il y en a en F1. Je ne crois pas toutefois que les pilotes de Formule Un regardent les gars d'Amérique du Nord de haut. Je crois qu'il existe un respect pour ceux qui courent sur notre continent. Il y a eu de très bons pilotes au Canada comme Greg Moore, Paul Tracy, Jacques Villeneuve, Alex Tagliani et Bruno Spengler en DTM. Le jeune Lance Stroll est en pleine ascension actuellement.

Aux États-Unis, il y en a à la tonne des bons pilotes en Nascar, qui est plus complexe à conduire que la F1 selon moi. Ça me faire dire que les pilotes des deux côtés de l'Atlantique se respectent.

Je ne crois pas toutefois qu'un pilote peut avoir du succès dans toutes les séries. Nelson Piquet fils qui mène en Formule électrique n'a pas été capable de faire sa place en NASCAR. Les différentes voitures exigent des techniques de pilotage distinctes. Les séries sont tellement relevées que piloter dans l'une ou l'autre des séries devient une spécialité. La F1 et le NASCAR sont deux mondes complètement différents.

Il y a quelque chose qui me dit que Ferrari va réussir un bon coup en fin de semaine. Ce serait fantastique que Sebastian Vettel aille chercher la victoire.

Jimmie Johnson est un grand

Jimmie Johnson a gagné pour une dixième fois en 27 courses sur le bitume de Dover au cours de la dernière fin de semaine en Nascar. Il doit adorer courir sur cette piste pour connaître autant de succès. C'est un circuit qu'il a dans la peau comme quelques autres dans la série.

À mes yeux, il est un des grands phénomènes de NASCAR depuis Richard Petty. Jeff Gordon est une légende, mais je crois que les gens sous-estiment beaucoup Johnson, qui est de loin le grand pilote des dernières décennies.

Quand il fait la lutte avec Kevin Harvick sur les pistes d'un mille et demi, c'est Johnson qui termine devant la plupart du temps. Pour battre Harvick sur une base régulière, il faut du talent, beaucoup de talent.

Johnson a terminé la course de Dover avec les mêmes pneus sur les 81 derniers tours, ce qui est vraiment impressionnant. Je ne sais pas comment il a fait pour décoller aussi rapidement à chacune des relances. Il n'est pas champion pour rien.

*Propos recueillis par Robert Latendresse