Alors que le cap de la mi-saison sera franchi en Hongrie dans 15 jours, un premier bilan des forces et faiblesses des onze écuries de Formule 1 peut être dressé après la 10e manche de la saison 2016, remportée dimanche à Silverstone par Lewis Hamilton (Mercedes).

L'écurie Mercedes-AMG, toujours aussi forte, aura bientôt un adversaire à sa mesure: Red Bull Racing, qui l'avait précédée sur les tablettes mondiales de 2010 à 2013 et remonte dans la hiérarchie, alors que Ferrari stagne de manière de plus en plus inquiétante...

En hausse: Mercedes-AMG, Red Bull, Force India, Toro Rosso

Mercedes-AMG (335 pts): Rosberg leader du championnat (5 victoires), Hamilton 2e (4 victoires)

Chez les double champions du monde en titre, les week-ends s'enchaînent avec plus d'animation dans le paddock et les coulisses que sur la piste, en général. Car le niveau de performance est toujours aussi élevé et les résultats à la hauteur des investissements depuis 2010: neuf victoires en 10 manches, soit 131 points d'avance au championnat sur une Scuderia Ferrari qui gamberge, comme son leader allemand. Hamilton n'a jamais été aussi fort et Rosberg résiste tant bien que mal au phénomène anglais. D'autres victoires sont prévues...

Red Bull Racing (198 pts): Ricciardo 4e, Verstappen 6e (1 victoire)

Le prodige néerlandais n'en finit plus de surprendre, avec un coup de volant qui lui a permis de faire l'extérieur à Nico Rosberg à Silverstone, devant des fans anglais ébahis, puis d'accueillir avec un calme déconcertant ce 3e podium de la saison. A 18 ans, il pilote comme un vieux briscard et continue à sourire comme un "ado". A ses côtés, Ricciardo tient le coup, reste calme et récolte les points. Il a encore échoué dimanche au pied du podium (4e), pour la 5e fois en dix manches. L'écurie de Milton Keynes va beaucoup mieux, et ça se voit...

Force India (73 pts): Pérez 8e, Hülkenberg 11e

C'est vraiment le meilleur rapport qualité-prix de la F1 actuelle, avec deux pilotes non-payants qui ne lâchent rien. Surtout "Checo", sur le podium à Monaco et Bakou, qui est en train de prendre le dessus sur "Hulk". Le patron, Vijay Mallya, n'a plus de passeport à cause de ses démêlés avec les autorités financières de son pays, du coup il a plus de temps pour gérer son équipe et fixer des ambitions à la hausse: "la 4e place (du championnat constructeurs) est en train de devenir possible", a-t-il dit vendredi. Il avait raison.

Toro Rosso (41 pts): Sainz 12e, Kvyat 13e

Le jeune Espagnol est comme libéré par la promotion de Verstappen chez Red Bull et peut désormais se concentrer sur une seule chose: ses propres résultats, sachant qu'il est déjà prolongé pour 2017. Ce n'est pas le cas de Kvyat, encore sous le choc de son retour dans la petite écurie italienne et poursuivi par un manque de réussite chronique. Le budget est limité mais les voitures sont bonnes et les remontées de Sainz de plus en plus significatives, avec souvent quelques points au bout.

Stables... ou stagnants: Ferrari, Williams, McLaren, Manor

Ferrari (204 pts): Räikkönen 3e, Vettel 5e

Le Finlandais a encore fait une course régulière et anonyme, à une minute du vainqueur, et globalement justifié la prolongation de son contrat pour 2017, malgré quelques écarts de trajectoire dans les courbes les plus piégeuses. Il pointe désormais devant le quadruple champion du monde allemand car Vettel a encore vécu un très mauvais week-end, dans la foulée de l'Autriche: deuxième pénalité d'affilée sur la grille (changement de boîte de vitesses) et erreurs à répétition, sur la piste. Inquiétant.

Williams (92 pts): Bottas 7e, Massa 9e

L'écurie de Claire Williams dispose du meilleur moteur du plateau mais son châssis 2016 n'est vraiment pas à la hauteur de la concurrence, ce qui a encore obligé Bottas et Massa à se battre comme des chiffonniers, dans le peloton, dimanche sur le billard de Silverstone. Un changement de pilotes n'est pas encore à l'ordre du jour pour 2017, car ils ne sont pas responsables du manque de moyens chronique de l'écurie de Sir Frank. La menace Force India se précise...

McLaren-Honda (32 pts): Alonso 14e, Button 15e

L'équipe des deux champions du monde, toujours dirigée par Ron Dennis, espérait mieux de son dimanche anglais, dans la foulée d'une jolie qualification d'Alonso pour la Q3 samedi, et donc dans le Top 10, à la régulière. La course de dimanche et son résultat frustrant n'enlèvent rien à l'impression de progrès qui domine depuis plus de trois mois, en toute discrétion. Le travail va finir par payer, mais quand ?

Manor (1 pt): Wehrlein 17e ex-aequo, Haryanto 19e ex-aequo

La petite écurie anglaise continue à progresser et le point marqué en Autriche a fait du bien au moral car c'était le premier depuis le regretté Jules Bianchi à Monaco en 2014, sous l'appellation Marussia. Les moteurs Mercedes tirent toute l'équipe vers le haut, ainsi que le coup de volant de Wehrlein, couvé par la marque allemande et de plus en plus convaincant. Haryanto va moins vite, alors ses partenaires indonésiens ont tout intérêt à continuer à payer pour qu'il conserve sa place...

En baisse, voire décevants: Renault, Haas, Sauber

Haas (28 pts): Grosjean 10e, Gutiérrez 19e ex-aequo

La petite écurie américaine, débutante en F1, a très bien commencé la saison, puis le soufflé est un peu retombé, à cause d'un budget minimum et d'un manque de développement qui commence à se voir. La base est bonne, les pilotes sérieux et rapides, le modèle économique tient la route, surtout pour vendre des machine-outils. Pour avoir d'autres bons résultats, il va falloir dépenser un peu d'argent...

Renault Sport F1 (6 pts): Magnussen 16e, Palmer 19e ex-aequo

Ce sera bientôt l'un des quatre plus gros budgets de la F1, avec un plan de relance à long terme, mais il y a tellement de retard accumulé depuis deux ans à Enstone, visible dans les performances très limitées du châssis RE16, que la remontée vers le sommet sera encore plus longue et difficile que prévu. Le moteur "made in France" est très bon (cf. résultats de Red Bull), les troupes sont motivées, mais le temps ne s'achète pas...

Sauber (0 pt): Ericsson et Nasr 19e ex-aequo

L'écurie suisse dirigée par Monisha Kaltenborn est peut-être en train de sortir du tunnel, à en juger par le "body language" un peu plus positif de la patronne à Silverstone, et par les nombreuses réunions avec des investisseurs potentiels. Une annonce pourrait intervenir à Budapest sur la survie de l'équipe de Peter Sauber. En attendant, les pilotes galèrent avec une monoplace ne leur permettant pas de briller, quand elle ne les envoie pas dans le rail...