Le Grand Prix d'Abou Dhabi de Formule 1, dimanche sur le circuit de Yas Marina, sera le 19e et dernier épisode d'un feuilleton à suspense, avec dans les rôles principaux Lewis Hamilton et Nico Rosberg de l'écurie Mercedes-AMG.

C'était la première saison et il y en aura une autre, a promis Toto Wolff, le Team Principal de l'écurie allemande. Il sait que dimanche soir, sur le circuit de Yas Marina, à la lueur des projecteurs, il y aura un gagnant et un perdant, alors il a déjà promis que le candidat malheureux, Hamilton ou Rosberg, aura « une nouvelle chance de remporter le titre », en 2015.

Pour le moment c'est Hamilton qui tient la corde avec 17 points d'avance sur Rosberg. Mais les points étant doublés pour le dernier Grand Prix de la saison, l'Anglais ne peut pas se permettre de terminer au-delà de la deuxième place en cas de victoire de l'Allemand, au risque de laisser échapper le titre.

Les pilotes Mercedes ont fait mouche presque à chaque fois cette saison : 15 victoires en 18 Grands Prix (Hamilton 10-Rosberg 5), 30 places sur les podiums installés aux quatre coins du monde, 17 pole positions (Rosberg 10-Hamilton 7), 11 premières lignes intégrales et surtout 11 doublés, soit un de plus que McLaren-Honda en 1988.

Hamilton et Rosberg réussissent ainsi une performance comparable à celle d'Alain Prost et d'Ayrton Senna en 1988 (15 victoires sur 16 GP).

Beaucoup de choses ont pourtant changé entre ces deux dates. Des grands constructeurs ont mis de gros moyens, certains sont repartis bredouilles comme Peugeot, BMW et Toyota, alors que Mercedes a eu tout juste, à force de patience. Car en plus de mettre beaucoup d'argent, ce qui était indispensable, la marque à l'étoile a misé sur les hommes, en priorité. Ca a pris un peu de temps, mais cette stratégie a payé.

Doublé Mercedes = Hamilton champion

Hamilton et Rosberg sont la partie émergée de l'iceberg qui a taillé sa route, sans écart, dans l'océan compliqué de la F1 moderne, après le rachat de l'écurie Brawn GP fin 2009. Car il a fallu cinq saisons de travail acharné, autour d'une dream team réunie par le grand Ross Brawn (ex-Ferrari), avec déjà Rosberg en 2010, pour aboutir au festival de cette saison 2014.

Le dernier feu d'artifice est prévu dimanche à la tombée de la nuit, dans le Golfe Persique. Il promet d'être à la hauteur du suspense qui a duré huit mois, depuis ce GP d'Australie remporté par Nico Rosberg, en mars à Melbourne. Le championnat a penché pour l'un ou l'autre des pilotes parfois, au gré des victoires et des (rares) incidents de course, mais l'équilibre s'est toujours rétabli pour entretenir l'incertitude.

Le blond Nico et le brun Lewis ont joué leur rôle à la perfection, investis d'une mission à la hauteur de leur talent: battre l'écurie Red Bull Racing de Sebastian Vettel, qui régnait sans partage sur la F1 depuis 2010. Ils ont aussi tiré la quintessence de la nouvelle règlementation technique et de l'arrivée des moteurs V6 turbo hybrides, pour une raison simple : leurs moteurs Mercedes étaient bien meilleurs, et plus puissants, que les blocs de leurs rivaux, conçus par Renault et Ferrari.

Dimanche à Abou Dhabi, un 12e doublé des Flèches d'Argent, quelque soit l'ordre d'arrivée, sera synonyme de deuxième sacre pour Hamilton, après celui de 2008. C'est l'hypothèse la plus plausible mais ce n'est pas la seule, car il y aura 20 pilotes en tout sur la grille de départ, grâce au retour de Caterham. Et tout est toujours possible en F1, le meilleur comme le pire. Le suspense est donc total, tant mieux.