Une autre saison de Formule 1 s’est terminée cette fin de semaine du côté d’Abou Dhabi. Une autre saison qui se termine par un titre de Lewis Hamilton et de Mercedes, mais ils ne sont certainement pas les seuls à s’être illustrés. Dans ce petit bilan de fin de saison, je vous présente ceux qui m’ont impressionné cette saison, mais aussi, ceux qui m’ont déçu.

 

À tout seigneur tout honneur, il faut certainement commencer par Lewis Hamilton qui a encore une fois connu une saison exceptionnelle. Ce ne fut pas parfait pour le Britannique, surtout en qualifications. Hamilton n’a pas obtenu de position de tête pendant une séquence de neuf Grands Prix, sa plus longue disette du genre depuis son arrivée chez Mercedes, en 2013. La compétition était par moment très forte et les Valtteri Bottas, Max Verstappen et Charles Leclerc lui en auront donné pour son argent par moments. Toutefois, aucun de ces pilotes n’a eu la constance de Lewis qui au bout du compte, n’aura tout de même pas été embêté dans la course au titre. Je vous ai d’ailleurs parlé plus en détails de la saison d’Hamilton lors de ma dernière chronique.

 

Une domination

 

Les autres pilotes que je viens tout juste d’énumérer méritent eux aussi leur place parmi les réussites de la saison, même si au final, ils n’auront pas pu se battre pour le titre des pilotes.

 

Commençons par Bottas, qui a terminé au 2e rang. C’est vrai qu’avec la même voiture, certains aimeraient le voir plus près de Hamilton, mais c’est peut-être trop demander à Bottas. Il n’en demeure pas moins que le Finlandais a fait un énorme pas en avant comparativement à la saison 2018. Cette année, c’est 326 points, cinq positions de tête et quatre victoires contre 247 points l’an dernier, deux positions de tête et aucune victoire. Il est même parvenu à s’élancer de la première position aussi souvent que son coéquipier. Ces performances lui ont permis de passer du 5e au 2e rang des pilotes et surtout, de conserver son volant chez Mercedes pour 2020. Bottas en veut encore plus et il était visiblement déçu après la confirmation du titre de Lewis aux États-Unis. Tant mieux s’il en veut plus, et sa saison a au moins prouvé qu’à 30 ans, il peut encore apprendre et s’améliorer.

 

Chez Red Bull, Max Verstappen continue de démontrer qu’il est un champion en devenir. En première moitié de saison, il était intraitable et méritait probablement la première étoile parmi tous les pilotes. Constant, plus mature et tirant toujours le meilleur de la Red Bull, il a fait la vie dure à Pierre Gasly. Sa 2e moitié de saison a été très bonne également, mais peut-être un peu moins éclatante. Ça s’explique par quelques abandons (Belgique, Japon), quelques pénalités sur la grille en raison de changements au groupe propulseur, et aussi par son petit côté frondeur qui est ressorti au Mexique avec toute l’histoire du drapeau jaune en qualifications. À la fin, ça restera une année excellente pour lui, surtout qu’il est parvenu à prendre le 3e rang du classement avec 278 points (sa meilleure saison) devant les deux pilotes Ferrari! Pour un pilote Red Bull, c’est une grande réussite. Espérons pour lui que la progression de Red Bull, et surtout de Honda, va se poursuivre afin qu’il puisse vraiment se battre pour le titre.

 

Passons maintenant au cas Charles Leclerc. Le jeune Monégasque était l’un des points d’attention en début de saison. On avait hâte de voir comment il allait s’adapter chez Ferrari à seulement 22 ans, surtout que le Scuderia n’a pas du tout l’habitude de confier ses volants à des jeunes. Leclerc a rapidement prouvé qu’il était prêt pour ce défi. Dès le deuxième Grand Prix, à Bahreïn, il avait affiché ses couleurs avec la position de tête, mais un ennui de moteur l’avait privé de la victoire. Finalement, Leclerc termine la saison avec sept positions de tête, un sommet en F1 cette saison. Il a aussi battu son coéquipier au chapitre des victoires (2 contre 1) et des points (264 contre 240). On se doutait bien qu’il allait mettre un peu de pression sur Vettel, mais battre de façon aussi claire un quadruple champion du monde à sa première saison chez Ferrari est impressionnant. Maintenant, il faudra voir comment Ferrari va gérer cette rivalité naissante... car on a bien vu ce que cela peut engendrer au Brésil. La situation chez la Scuderia risque d’être très excitante à suivre en 2020.

 

Leclerc impérial

Ensuite, il est impossible de passer sous silence les performances de McLaren et surtout, de Carlos Sainz. Pour moi, c’est LA surprise de la saison. L’Espagnol a énormément aidé une équipe qui s’en allait nulle part au cours des dernières années à se remettre sur les rails. Sainz a été sincèrement incroyable. Très constant dans ses résultats, il a souvent dû remonter le peloton pour obtenir des résultats impressionnants. Il a même pu récolter son premier podium, au Brésil... en s’élançant de la dernière place. Sainz aura en plus animé le spectacle jusqu’au dernier tour de la saison. En dépassant Nico Hulkenberg de façon culottée au dernier tour, dimanche, Sainz est allé chercher un point... LE point qu’il lui a permis de devancer Pierre Gasly au classement et de terminer au 6e rang des pilotes. Malheureusement, la Formule 1 n’a pas diffusé la manœuvre en direct, mais vous pouvez la voir sur Twitter.

 

En rafales, parmi les autres pilotes qui se sont démarqués, on retrouve son coéquipier, Lando Norris. Les deux ont aidé McLaren à passer de 62 à 145 points au classement, ce qui n’est pas rien! Norris a très bien fait à sa saison recrue et il démontre beaucoup de potentiel. C’est également le cas pour George Russell. La Williams ne lui a pas permis de se démarquer à sa juste valeur, mais sa domination sur Robert Kubica, surtout en qualification (21-0 pour Russell) témoigne de son talent. Même s’il termine officiellement derrière le Polonais au classement (Kubica a amassé un point en Allemagne), c’est mission accomplie pour Russell.

 

Norris et Russell faisaient partie des trois pilotes faisant le saut de la F2 à la F1. Le troisième, Alexander Albon, mérite amplement sa place avec les deux autres parmi les élèves méritants de la saison. J’en ai souvent fait mention, mais Albon n’avait jamais piloté une Formule 1 en début d’année... et il termine la saison chez Red Bull. Une belle histoire, un beau talent... la pression sera de plus en plus grande sur Albon, mais on dirait bien qu’il est déjà prêt à y faire face.

 

Mention honorable aussi à Daniil Kvyat, Sergio Perez et Kimi Räikkönen qui ont bien fait en milieu de peloton.

 

Les déceptions

 

Il y a donc eu plusieurs belles surprises, mais il y aura aussi des déceptions. Sebastian Vettel, et aussi l’écurie Ferrari, nous viennent rapidement en tête. Pour Vettel, cette saison se voulait une occasion de se relancer après une année 2018 difficile... et ce ne fut pas le cas. Une seule victoire, plusieurs erreurs importantes (Canada et Italie par exemple), un accrochage avec son coéquipier au Brésil... Vettel voit même son rôle de numéro 1 être remis en question chez Ferrari. Ce n’est certainement pas une saison digne d’un quadruple champion du monde. Par contre, il aura au moins pu démontrer son talent quelques fois, notamment en Allemagne avec une 2e position alors qu’il s’élançait à l’arrière du peloton, ou sa victoire à Singapour.

 

Une rivalité naissante

 

Pour faire mieux, l’Allemand devra se ressaisir, certes, mais aussi compter sur une écurie Ferrari plus efficace. Trois fois cette saison un pilote Ferrari n’a pas passé la ligne d’arrivée à temps pour effectuer son dernier tour en qualifications! Pour une écurie aussi prestigieuse, c’est quand même incroyable et ça démontre qu’il y a encore du travail à faire afin de prendre de meilleures décisions et de meilleures stratégies.

 

Une autre équipe qui aura connu sa part d’ennuis, c’est Haas. Quel recul pour l’écurie américaine! Haas s’est battu jusqu’à la fin en 2018 pour le 4e rang des constructeurs, terminant finalement 5e avec 93 points. Cette année, c’est une 9e place avec seulement 28 points! La voiture Haas avait toute sorte de problèmes, notamment avec les pneus, et jamais l’équipe n’est parvenue à trouver une solution. Lors des dix dernières épreuves de la saison, l’équipe n’a inscrit que deux petits points (9e place de Kevin Magnussen en Russie). L’équipe a décidé de garder les mêmes pilotes pour l’an prochain. Est-ce qu’on trouvera la façon de rebondir ?

 

Dans ma liste de déceptions, je vais également inclure Pierre Gasly. Quand vous commencez une saison chez Red Bull et que vous la terminez chez Toro Rosso, il est évident que la saison n’est pas une réussite. Gasly ne se sera jamais vraiment senti à l’aise avec la voiture Red Bull. Sa rétrogradation aurait pu être un coup dur pour un jeune pilote, mais il a répondu de façon admirable... Si bien qu’il mérite presque une place parmi les déceptions ET les surprises de la saison. Chez Toro Rosso, il a retrouvé ses repères, arrachant même un podium au Brésil. Sa fin de saison prouve qu’il a toujours un grand talent et qu’il n’a pas l’intention de baisser les bras. Comme quoi les embûches sur notre chemin peuvent se transformer en opportunités avec de la persévérance et de la résilience.

 

Deux Canadiens en 2020

 

La saison aura également été difficile pour Lance Stroll. Ses ennuis en qualification ont fait les manchettes tout au long de la saison et il n’aura atteint  la Q3 qu’une seule fois, en Italie (contre 4 fois pour Sergio Perez).

 

À la pause estivale, Stroll était tout de même devant son coéquipier au classement des pilotes, ce qui était non négligeable. La 2e moitié de la saison aura toutefois été tout à l’avantage du Mexicain, si bien que Stroll termine la saison avec moins de la moitié des points de Perez (52 pour Perez contre 21 pour Stroll). Le Canadien impressionne toujours avec ses départs de qualités, mais il peine à les convertir en point. Les stratégies de Racing Point ne l’ont pas toujours aidé, certes, mais le Québécois devra certainement en faire beaucoup plus. Le mot constance est le plus important pour lui. Quelques bons flashs, comme en Allemagne, c’est bien, mais ça en prendra plus pour confondre les sceptiques.

 

Une saison pas toujours rose

 

Cependant, les partisans de sport automobiles canadiens auront un autre représentant de l’unifolié à encourager l’an prochain. Nicholas Latifi a vu son volant être confirmé avec Williams pour 2020. C’est une excellente nouvelle, bien qu’il ne faut pas non plus s’attendre à  des résultats instantanés. On a bien vu cette saison que Williams est loin derrière et a beaucoup de rattrapage à faire. À 24 ans, Latifi a terminé 2e à sa troisième saison en Formule 2. Il n’a peut-être pas le talent brut des Norris et Russell, mais c’est un pilote travaillant, sympathique, et aussi, un bon technicien qui a œuvré comme pilote d’essais pour Williams et Force India lors des dernières saisons.

 

Latifi est né à Montréal, mais il a grandi à Toronto. Ce sera la première fois de l’histoire que deux pilotes canadiens seront sur la grille de départ d’une course de Formule 1. Ça promet pour 2020 et pour le prochain Grand Prix à Montréal.

 

D’ici là, je vous souhaite à tous, amateurs de Formule 1, une bonne saison hivernale. Merci de nous avoir suivis sur RDS et le RDS.ca tout au long de la saison!