AUSTIN, Texas – Le Grand Prix des États-Unis a été à l'image du reste de la saison pour l'écurie de Formule 1 Haas. Un échec.

La seule équipe de Formule 1 détenue par un Américain a de nouveau terminé dernière. Ses deux voitures, avec les recrues Mick Schumacher et Nikita Mazepin au volant, étaient si loin du rythme qu'elles avaient deux tours de retard lorsque Max Verstappen et Lewis Hamilton les ont dépassés à l'arrivée.

Pourtant, le propriétaire de l'équipe, Gene Haas, semblait tout sauf déçu des résultats de dimanche sur le circuit des Amériques, ou de la saison 2021 dans son ensemble.

Haas a confié lors d'une entrevue à l'Associated Press qu'il avait économisé en ne dépensant pas d'argent pour ses voitures avant les changements radicaux de la réglementation automobile l'année prochaine. Haas Automation, l'entreprise personnelle du propriétaire de l'équipe, est en plein essor – c'est la raison pour laquelle il a décidé de s'impliquer sur la scène internationale.

Son entreprise de fabrication de machines CNC, dont le siège social est à Oxnard, en Californie, était perçue comme l'une des plus importantes d'Amérique du Nord lorsque Haas n'était que copropriétaire de l'équipe Stewart-Haas Racing NASCAR. Maintenant que Haas est en F1, Haas Automation a une empreinte mondiale.

Haas n'est donc pas ennuyé par le fait que la popularité croissante de la F1 en Amérique n'a pas stimulé son équipe naissante. Et ne vous risquez pas à suggérer qu'il devrait embaucher un pilote américain simplement parce que le propriétaire de l'équipe est originaire de Californie et possède une entreprise de course en Caroline du Nord.

« C'est probablement un point très sensible et frustrant pour moi, a soutenu Haas lors de la fin de semaine du Grand Prix des États-Unis. Tout le monde dit : "Eh bien, vous devriez avoir un pilote américain". Mais ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi il n'y a pas plus de parrainage à grande échelle pour un pilote américain?

« Cela prend des millions et des millions de dollars. Ils ont besoin d'un bienfaiteur pour aider un pilote américain à courir en Formule 1. Malgré toutes les discussions en ce sens, personne n'a jamais rien fait en ce sens. »

L'argent russe

Haas n'a pas montré beaucoup d'intérêt pour développer un pilote américain et, cette saison, il a confié ses voitures à un Allemand et à un Russe.

Schumacher est le fils du septuple champion allemand de F1 Michael Schumacher. Mazepin vient avec l'argent russe; son père milliardaire, Dmitry, est un actionnaire majeur d'Uralkali, la société d'engrais basée en Russie qui est le principal commanditaire de Haas F1.

Les voitures Haas arborent les couleurs rouges, blanches et bleues – et l'agencement rappelle le drapeau russe.

L'équipe était au milieu du peloton lorsque Haas a acquis les actifs de l'équipe en faillite Marussia et a mis deux voitures sur la grille en 2016. Mais l'équipe s'est effondrée ces deux dernières années et Haas est la seule équipe qui n'a pas marqué de point en 2021.

Gene Haas a déclaré qu'il était surpris que la F1 ait disputé la saison 2020 abrégée en pleine pandémie, et que les changements de voiture à venir rendaient prudent d'économiser de l'argent au lieu de peaufiner les vieux moteurs pour un peu de vitesse.

« Vous pourriez dépenser 10 à 20 millions $ et peut-être monter d'une position, a expliqué Haas. Cela ne valait pas le coût. Nous avons juste décidé de mettre tout notre argent dans la voiture de 2022. »

Le développement de la voiture pour 2022 a été encourageant, a-t-il soutenu.

« Ce qui est bien, c'est que parce que c'est un tout nouveau format, personne ne peut vraiment copier quelqu'un d'autre, a-t-il dit. Les 10 équipes auront 10 voitures uniques. Nous verrons qui saura en tirer parti. »

Inexpérience des pilotes

Le manque actuel de vitesse a été égalé par le manque d'expérience au volant. Mazepin – surnommé avec dérision « Mazespin » par les amateurs en raison de ses nombreuses gaffes en piste – et Schumacher ont passé la saison à s'accrocher à l'arrière du peloton, à gêner les meneurs et à se chamailler entre eux.

Leur patron ne considère pas cela comme une saison perdue.

« J'espère qu'ils profitent de (la saison) plutôt que de déplorer le fait qu'ils sont lents, a dit Haas. Ils acquièrent une bonne expérience en Formule 1, car il y a beaucoup à apprendre en courant simplement avec ces gars-là. »

Le retour de la Formule 1 au Texas la fin de semaine dernière est intervenu alors que l'intérêt pour la F1 aux États-Unis a explosé. La fin de semaine de course a attiré plus de 350 000 amateurs sur trois jours, avec 140 000 spectateurs pour la course de dimanche.

Pourtant, l'ambiance était plutôt silencieuse chez l'écurie Haas installée au fond du paddock, bien loin de l'agitation entourant Red Bull, Mercedes, McLaren et Ferrari. Même Williams et Alfa Romeo, ses voisines dans le paddock et proches en bas du classement, ont affiché plus d'action.

Il y a de l'argent à faire avec du succès en piste. L'intérêt des amateurs aux États-Unis semble être à la hausse et la série appartenant à Liberty Media ajoutera une deuxième course américaine la saison prochaine à Miami. On espère un jour en ajouter une troisième.

Zak Brown, le patron américain de McLaren, a prédit la semaine dernière que les équipes de F1 pourraient bientôt valoir des milliards, à égalité avec les clubs de la NFL, de la NBA ou de la Premier League.

Le directeur de l'équipe Haas, Guenther Steiner, a révélé que l'équipe avait tardé à capitaliser sur la popularité croissante de la F1 dans son pays d'origine et qu'il était temps de « s'impliquer davantage avec les gens d'Amérique ».

« Je pense que nous avons un peu négligé cela, au début lorsque nous sommes arrivés, car la Formule 1 s'est développée très rapidement au cours des deux dernières années, a précisé Steiner. Au début, quand nous avons commencé, c'était beaucoup plus petit... pourquoi nous n'avons pas vu cela venir? »

Haas hésite toutefois à classer Haas comme l'équipe « américaine » de la Formule 1 car cela ne rend pas justice à son personnel européen et à ses efforts commerciaux. Et être une équipe américaine ne fait aucune différence pour Haas Automation, qui paie finalement les factures de Gene Haas.

« La plupart des membres de mon équipe viennent d'Angleterre, d'Italie... d'Europe, a noté Haas. Nous essayons simplement de diriger une équipe de la manière la plus efficace possible. Nous ne nous inquiétons pas vraiment trop de savoir si c'est populaire auprès du public américain ou non. C'est un peu comme ça que je vois le côté commercial. C'est un excellent moyen de nous aider beaucoup avec la reconnaissance de la marque en Europe. »