PARIS – Lauda-Hunt, Prost-Senna, Schumacher-Villeneuve, la F1 s'est bâtie sur d'intenses rivalités entre pilotes, une tradition avec laquelle Lewis Hamilton et Max Verstappen renouent cette saison.

Lauda contre Hunt

La saison 1976 est marquée par la lutte entre le fantasque Britannique James Hunt et le très rationnel Autrichien Niki Lauda. Champion en titre et confortable meneur à sept courses du terme, Lauda frôle la mort lors d'un accident au Nürburgring. Gravement brûlé et atteint aux poumons, il reprend pourtant le volant six semaines plus tard à Monza, le visage couvert de bandelettes. Entre-temps, Hunt est revenu sur lui et ne compte plus que trois points de retard avant la dernière manche, disputée au Japon sous des trombes d'eau. Lauda, encore convalescent, décide de se retirer après deux tours car il considère les conditions trop dangereuses. Hunt, resté en piste, arrache le titre.

Mansell contre Piquet

Double champion du monde, le Brésilien Nelson Piquet arrive en 1986 dans l'écurie Williams, où la détestation est immédiate avec son équipier, le Britannique Nigel Mansell, cet « imbécile sans éducation ». La mésentente profite à Alain Prost, qui au volant d'une McLaren moins compétitive, remporte le titre avec deux points d'avance sur Mansell et trois sur Piquet. La saison suivante, Piquet est victime d'un accident à Imola mais s'appuie sur sa régularité pour devancer Mansell, lui-même sérieusement blessé en fin de saison au Japon, et conquérir une troisième couronne mondiale.

Prost contre Senna

L'opposition entre le Français et le Brésilien constitue sans aucun doute la plus grande rivalité de l'histoire de la F1. Bénéficiant d'une voiture ultradominante chez McLaren en 1988 et 1989, ils s'engagent dans un palpitant mano a mano, plus ou moins arbitré par Ron Dennis, le patron de l'écurie, avant que Prost ne s'en aille chez Ferrari en 1990. Senna reproche notamment au Français d'avoir le soutien de la FIA, présidée par son compatriote Jean-Marie Balestre. « Il ne cherche pas à me battre, ce qu'il souhaite c'est me détruire », lui répond Prost. À deux reprises, en 1989 pour Prost puis 1990 pour Senna, sur le circuit de Suzuka au Japon, le titre se joue entre les deux pilotes sur des accrochages polémiques. Ils se réconcilieront après la retraite de Prost, quelques mois seulement avant la mort de Senna à Imola le 1er mai 1994.

Villeneuve contre Schumacher

L'Allemand Michael Schumacher, double champion en titre, rejoint en 1996 l'écurie Ferrari en pleine reconstruction. En 1997, il aborde la dernière course, le GP d'Europe à Jerez (Espagne) avec un point d'avance sur Jacques Villeneuve. Mais alors que celui-ci tente de lui prendre la première place en course, Schumacher le percute volontairement. Le « Baron rouge » abandonne après l'accrochage, contrairement à Villeneuve, 3e de la course et sacré champion. Pour cette action, Schumacher sera déclassé du championnat 1997 par la FIA même s'il conserve ses résultats. En 1994, il avait été titré en percutant de manière similaire le Britannique Damon Hill lors du dernier GP, en Australie.

Hamilton contre Rosberg

Mercedes ne laisse que des miettes à la concurrence depuis le début de l'ère du V6 hybride. Le Britannique Lewis Hamilton a remporté le titre en 2014 et 2015 devant son équipier allemand Nico Rosberg, qui décide de jouer son va-tout en 2016. L'ambiance devient délétère dans l'écurie, divisée entre clans ennemis. L'affrontement atteindra son paroxysme lors du GP d'Espagne où les deux Flèches d'argent se percutent et abandonnent dès le premier tour. Rosberg devient finalement champion du monde. Usé par le duel et désireux de profiter de sa famille, il annoncera sa retraite dans la foulée, à seulement 31 ans.