Lewis Hamilton, leader d'opinion contrarié
Formule 1 lundi, 6 juil. 2020. 08:45 mercredi, 11 déc. 2024. 05:55SPIELBERG BEI KNITTELFELD, Autriche – « C'est un combat pour l'égalité, il ne s'agit pas de politique ou de promotion » : contesté pour sa manière de sensibiliser le paddock de F1 à la lutte contre le racisme, le sextuple champion du monde Lewis Hamilton a dû se défendre à l'issue du Grand Prix d'Autriche dimanche.
L'atmosphère a changé depuis que le Britannique, premier pilote noir de la catégorie reine du sport automobile, exhortait la Formule 1 à se positionner après la mort de George Floyd aux mains de policiers aux Etats-Unis fin mai.
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« Personne ne bouge le petit doigt dans mon sport qui est bien sûr dominé par les blancs », écrivait-il alors sur Instagram. « J'aurais cru que vous verriez maintenant pourquoi cela arrive et réagiriez, mais vous ne pouvez pas vous dresser à nos côtés. Sachez juste que je sais qui vous êtes et que je vous vois. »
À l'instar de Charles Leclerc, nombre de pilotes avaient répondu par des messages contrits. « Pour être complètement honnête, je ne me sentais pas à ma place et pas à l'aise de partager mes pensées sur les réseaux sociaux. J'avais complètement tort », postait ainsi le Monégasque de Ferrari.
Pourtant, lors d'une cérémonie officielle contre le racisme sur la grille de départ du GP inaugural de la saison dimanche, Leclerc, 22 ans, faisait partie des six pilotes qui, contrairement à Hamilton, n'ont pas mis le genou à terre, préférant baisser la tête en signe de recueillement, vêtus de t-shirts noirs marqués des mots « end racism » (en finir avec le racisme).
Style polémique
Et Leclerc d'expliquer que, pour lui, « l'important sont les faits et les comportements quotidiens plus que des gestes formels qui pourraient être perçus comme controversés dans certains pays ».
Au-delà du droit de chacun de soutenir la cause à sa manière – qu'ont d'ailleurs défendu la F1 et son régulateur, la Fédération internationale de l'automobile (FIA), en organisant cette cérémonie –, c'est le style du sextuple champion du monde qui, comme souvent, fait polémique.
Certes, ça n'est pas lui qui a mis le sujet sur le tapis, mais la presse britannique, qui dès jeudi matin a largement interrogé Hamilton sur son intention de mettre genou à terre avant le départ.
Certes, il a répondu ne pas y avoir pensé, souhaité un geste concerté avec les dix-neuf autres pilotes et appelé « surtout » à une action plus pérenne de la part de « l'industrie » de la F1.
Mais en coulisses, certaines sources relevaient toutefois que le Britannique avait été moins tolérant lors d'une réunion organisée par l'association des pilotes, la GPDA, vendredi soir.
Interrogé sur ces échanges le lendemain, le pilote Mercedes avait expliqué : « le message que j'ai posté pour demander de briser le silence a été interprété et j'ai juste remercié ceux qui l'avaient fait car leur voix est importante et j'ai encouragé les autres à le faire ».
« Essayer d'être un guide »
« J'ai décrit le scénario selon lequel être silencieux revient à être complice, poursuivait-il. Il y a toujours du silence dans certains cas mais je pense que ça fait partie du dialogue, du processus de compréhension. (...) Donc je vais essayer de continuer d'essayer d'être un guide, une influence. »
« Je n'ai jamais demandé ou exigé de qui que ce soit qu'il s'agenouille. Je n'en ai même jamais parlé. Ce sont la F1 et la GPDA qui l'ont fait », a-t-il réitéré dimanche, semblant répondre à un article du tabloïd britannique Daily Mail affirmant que, « en privé, un certain nombre de pilotes (étaient) agacés par l'insistance d'Hamilton pour les forcer à s'agenouiller ».
L'article en question dénonce également « l'hypocrisie » du pilote, « chevalier de l'écologie » mais qui s'est rendu en Autriche dans un « inutile vol privé » depuis Monaco, ou sa méconnaissance du récent débat sur les ramifications marxistes du mouvement Black Lives Matter, dont il se revendique.
« Aujourd'hui était un moment important pour moi et tous ceux qui oeuvrent pour et croient dans le changement. Pour une société plus juste et égalitaire. Je peux être critiqué dans les médias et ailleurs, mais c'est un combat pour l'égalité, il ne s'agit pas de politique ou de promotion », a tenté de clore l'intéressé sur Instagram dimanche soir, après avoir dû se contenter de la quatrième place du GP.
Critiqué hors piste et pénalisé sur la grille de départ pour une erreur en qualifications et en course pour avoir provoqué un accrochage, il ne démarre pas au mieux sa campagne pour égaler le record de sept titres mondiaux de Michael Schumacher.