SILVERSTONE, Royaume-Uni - Devancé au Championnat des pilotes par Sebastian Vettel, Lewis Hamilton, qui voit dans le même temps son coéquipier Valtteri Bottas se rapprocher dans son rétroviseur, sera sous pression à domicile ce week-end lors du Grand Prix de Grande-Bretagne, à Silverstone.

Faut-il y voir un signe de son humeur alors que des échos de mésentente avec son équipe se font jour? Le Britannique de Mercedes a été le seul pilote à ne pas participer mercredi à une grande parade de promotion de la Formule 1 en plein centre de Londres.

Malgré les voeux de Liberty Media, les nouveaux patrons américains de la discipline, Hamilton a préféré prendre quelques jours de repos sur l'île grecque de Mykonos, en compagnie notamment de la top-model canadienne Winnie Harlow.

« J'ai vraiment hâte de retrouver mon public », avait pourtant expliqué le pilote de 32 ans après le GP d'Autriche, qu'il a terminé à la quatrième place le week-end dernier.

Le triple champion du monde se doit de rebondir pour ne pas afficher son habituelle soupe à la grimace en cas de mauvais résultat.

Il n'y pas d'entre-deux dans l'attitude du Lewis 2017, qui affiche un tempérament cyclothymique à l'issue des GP. Soit il a gagné et sourit à pleines dents, avec un air de plénitude extrême, soit il n'a pas fait mieux que Vettel et paraît accablé par tous les malheurs du monde.

Bottas « candidat »

Bien sûr, sa personnalité de compétiteur acharné, ce qu'il est depuis son enfance passée sur un kart, ressort. Mais alors que la saison est longue et qu'il reste encore onze courses à disputer en comptant celle de dimanche, ces phases d'abattement peuvent surprendre.

Un début d'explication se trouve certainement dans l'émergence de son compère finlandais Bottas, qui le prive pour l'instant d'un mano a mano avec Vettel susceptible d'entrer dans la légende de son sport, une notion à laquelle il est très attaché.

« Il est seulement 15 points derrière moi, ce qui signifie qu'il est plus près de moi que je ne le suis de la tête du Championnat », constate Hamilton, à 20 points de l'Allemand.

« Valtteri a réalisé un travail fantastique en Autriche et je suis sûr qu'il se battra pour le titre jusqu'à la dernière course de la saison », assure-t-il.

Et Bottas de confirmer à l'AFP mercredi : « La saison est encore longue mais je suis définitivement un candidat pour le titre. Je vois course par course, mais c'était un bon week-end en Autriche (où il s'est imposé, NDLR) et je vais essayer de rester sur cette lancée. »

Par ailleurs, Hamilton pensait peut-être que Vettel serait davantage affecté par la polémique qui a suivi leur accrochage à Bakou, mais le quadruple champion du monde, contraint de présenter ses excuses, semble avoir déjà évacué l'épisode.

Stratégie du pilote en péril

L'ancien de McLaren avait perdu l'habitude de devoir surveiller plus d'un pilote en course, puisque, ces dernières années, l'adversité se résumait seulement à son ex-équipier chez Mercedes, l'Allemand Nico Rosberg.

Entre 2014 et 2016, il a ainsi décroché 31 victoires et 12 deuxièmes places sur 59 courses, et il ne paraît pas s'être encore complètement ajusté à cette nouvelle réalité.

Si, depuis le début de la saison, Hamilton a été incapable de gagner deux fois d'affilée, il n'est en revanche jamais resté plus de trois courses sans s'imposer.

Un nouvel échec, surtout sur ses terres, serait un coup dur, d'autant qu'il reste sur trois succès dans son Grand Prix national.

« J'espère pouvoir me servir de Silverstone comme d'un tremplin pour la seconde partie de la saison », souligne un Hamilton qui joue la stratégie du pilote en péril, tout comme Silverstone.

Les propriétaires du circuit ont en effet annoncé mardi qu'ils allaient activer une clause de rupture qui remet en cause la tenue de la course au-delà de l'édition 2019.

Hamilton hué et irrité

Le week-end du Grand Prix d'Angleterre s'est par ailleurs mis en branle jeudi avec la traditionnelle conférence de presse des pilotes, et Hamilton a paru particulièrement irrité par les nombreuses questions découlant de sa décision de ne pas participer à un événement promotionnel dans les rues de Londres.

Dans l'espoir de mousser l'intérêt pour la F1, les nouveaux propriétaires de la série avaient pris possession de Trafalgar Square mercredi soir pour permettre aux amateurs de voir les voitures et leurs pilotes de plus près. Sur les 20 pilotes qui prennent part au championnat, un seul a brillé par son absence. Hamilton a plutôt choisi de passer deux jours en Grèce, après avoir pris le quatrième rang du Grand Prix d'Autriche le week-end dernier.

Sans surprise, le nom de Hamilton a été hué lorsque le patron de Mercedes Toto Wolff a tenté d'expliquer l'absence du triple champion du monde.

Jeudi, il a dû faire face à la horde de journalistes à Silverstone, et il a assuré ne pas avoir entendu parler des huées de la foule.

Hamilton a expliqué sa décision de s'absenter de l'événement promotionnel par la nécessité de prendre une pause. De plus, il a rappelé qu'il alimentait régulièrement un impressionnant réseau social pour entrer en contact avec ses partisans et qu'il participait à de nombreuses tournées dans les hôpitaux, il s'est d'ailleurs plaint du faible intérêt des médias pour la couverture de ce genre d'événement.

« Tout le monde peut prendre sa propre décision, a dit Hamilton. C'est une saison très intense jusqu'ici et j'avais l'impression que c'était la meilleure façon de me préparer pour ce week-end. La saison est ma priorité. C'est tout. J'ai dit aux organisateurs la semaine dernière que je n'y participerais pas. »