Selon La Presse, Bernie Ecclestone, le grand manitou de la Formule Un, serait à la recherche d'un nouveau promoteur pour le Grand Prix du Canada.

Ecclestone cherche un groupe plus à l'aise financièrement que le groupe Octane, dirigé par François Dumontier.

« La priorité est de garder le Grand Prix à Montréal »

Ainsi, le richissime homme d’affaires a discuté avec des gens d'affaires québécois, dont Alexander Taillefer, Gilbert Rozon et le Groupe CH, propriétaire du Canadien de Montréal, mais aucun accord n'a été conclu pour l'instant.

Rozon, le président du Groupe Juste pour Rire, a confirmé à RDS qu’il avait joué un rôle important dans le pépin financier. En effet, il a clairement exposé à Ecclestone que l’entente actuelle (valide jusqu’en 2024) n’était pas viable.

« Je ne pouvais pas imaginer que cet événement soit menacé. Je suis intervenu pour aider M. Dumontier et j’étais prêt à y collaborer, mais j’ai un peu aussi agi comme le gars qui a mis les points sur les « i » avec M. Ecclestone en lui mettant les vérités premières sur la table », a expliqué Rozon.

« Je parle de choses aussi simples comme le fait que le gouvernement ne va pas ouvrir de nouveau son contrat pour des raisons évidentes d’opinion publique. Et ce, même si le contrat est un peu trop sévère par rapport au promoteur. Je lui ai dit que le seul qui peut vraiment faire une différence, c’est lui », a enchaîné Rozon avec franchise.

« Il n’avait pas tellement envie d’entendre ça. Je suis allé au bat pour lui dire que les chiffres ne balançaient pas », a révélé Rozon à propos de la discussion qui remonte à quelques mois.

M. Dumontier a indiqué à La Presse qu’il était « confortable » avec les démarches effectuées par Ecclestone. De toute manière, Dumontier a déjà exprimé qu’il cherchait de nouveaux partenaires.

Présentement, la balle se retrouve dans le camp d’Ecclestone.

« J’ai répété mon même message ad nauseam. Mais il faut aussi se mettre à la place de M. Ecclestone, il vend ses événements plus chers ailleurs et des gens sont prêts à lui faire des chèques sans discussion. Il tient au GP de Montréal, les pilotes aiment cette étape et il se déroule en Amérique. Il fait déjà beaucoup de compromis et on lui demande d’en faire plus. Ce n’est pas dans sa nature spontanée, il n’est pas un mécène », a mentionné Rozon.

« Ce n’est pas facile de tenir ce discours face à cet homme, mais c’est la seule option possible », a-t-il insisté.

Selon la perception, son intervention finira par produire des effets. Gilbert Rozon

« Je pense que quelqu’un va bouger quelque part, mais c’est un peu comme le jeu ‘je te tiens par la barbichette’. Je suis allé le premier pour dire des choses que personne ne voulait entendre, mais je suis certain que tout ça fait son chemin. Il faut être réaliste, les chiffres sont concrets, le promoteur qui organisera l’événement dans ces conditions perdra de l’argent chaque année », a imagé Rozon qui a démontré un cran parfois manquant devant Ecclestone.

Les efforts concentrés vers 2017

En tant que personnalité influente de Montréal, Rozon ne pouvait pas laisser les choses aller. À son avis, Dumontier doit s’allier avec une entreprise qui pourra lui fournir les outils nécessaires pour atteindre ses objectifs.

« La priorité des priorités était que ça demeure à Montréal. Avec le maire (Denis Coderre), tout le monde travaille dans le sens de donner plus de force à Montréal. Il travaille sur les Expos, le Canadien est déjà là, l’Impact grandit. On connaît l’importance des équipes professionnelles et des grands événements. On connaît aussi l’impact touristique pour le Grand Prix. Je ne pouvais pas imaginer que cet événement soit menacé », a déclaré Rozon.

« J’ai pris le côté de protéger M. Dumontier parce qu’il est un très bon opérateur. Ceci dit, ça prend un peu plus qu’un opérateur, ça prend des outils que tu ne peux pas t’offrir dans une petite compagnie comme la sienne », a évalué Rozon à RDS.

Si la situation actuelle de Dumontier n’est pas évidente, il pourrait redresser la situation avec des partenaires montréalais qui possèdent l’expertise nécessaire.

« En organisant des événements à l’année, on a plus d’outils comme c’est le cas pour Molson et Evenko. Ça prend une boîte pour l’épauler, mais il fait partie de la solution », a ciblé Rozon.

« Je ne peux pas m’imposer, mais je crois que M. Dumontier a un intérêt à ce qu’on collabore. »

Évidemment, à moins de deux mois de l’édition 2016 (10 au 12 juin), les hommes d’affaires travaillent plutôt pour remodeler les conditions à partir de 2017.

« L’événement aura lieu en juin, c’est le plus important. Après, il y a aura d’autres négociations et je ne sais pas si je vais en faire partie. Je vais y aller si je suis invité », a exposé Rozon.

« Par contre, je ne peux pas demander à mes équipes déjà occupées d’ajouter ça à leurs mandats. On ne peut pas improviser. Si on cherche des commandites, on le fera pour 2017 et c’est la même chose pour le marketing, on ne peut pas commencer en avril pour juin. »

De nombreux défis pour François Dumontier

Rozon le sait bien, Ecclestone ne bouclera pas une modification à l’entente en quelques minutes. Le milliardaire tiendra encore son bout comme il est réputé pour le faire.

« M. Ecclestone est dans un mode d’observation, il ne faut pas oublier qu’il a les poches profondes, il peut se permettre, à la limite, de financer l’événement de cette année et trouver une solution à long terme. Il ne fera pas un deal avec Molson et/ou moi sur une napkin, ça va se faire comme du monde.

« Je ne lis pas dans ses pensées, il joue avec ses cartes collées. Je ne sais pas trop ce qu’il a dans sa tête, mais je pense qu’il veut garder l’événement à Montréal. Ce serait assez effrayant qu’il en soit autrement. Pour que ça se fasse, ça va prendre des bras de fer nécessaires pour négocier comme il faut. Il pourrait y avoir des négociations pendant (l’édition 2016), mais surtout après. Il y a du monde à Montréal qui va s’intéresser au GP si ça ne se conclut pas avec moi. Mais tout le monde arrivera à la même conclusion, le contrat actuel n’est pas viable », a conclu Rozon avec son message incontournable.