MONTRÉAL - Quoiqu'en dise Jacques Villeneuve, Romain Grosjean semble avoir appris de ses déboires en Formule 1.

Le pilote de l'écurie Lotus Renault ne l'a pas avoué ouvertement, jeudi, au cours d'une conférence téléphonique avec les médias québécois visant à mousser le Grand Prix du Canada du 9 juin. On a toutefois cru comprendre, au fil de ses propos, que Lotus lui a demandé d'être plus prudent cette année.

Ou, du moins, que le Franco-Suisse de 26 ans a saisi de lui-même qu'il avait intérêt à l'être, lui qui a poireauté pendant près d'un mois, avant Noël, jusqu'à ce que Lotus lui fasse signe et le rembauche en vue de la saison 2013 de la F1. Celle-ci commencera le 17 mars à l'occasion du Grand Prix d'Australie.

« Clairement, j'ai eu peur. Ç'a été long, a dit Grosjean de sa période d'attente, au cours de laquelle il a été forcé d'envisager un retour dans les circuits inférieurs. Il y a eu pas mal de discussions avec les dirigeants (de Lotus), qui faisaient que j'étais toujours en contact et qu'on travaillait ensemble, ce qui était un peu rassurant. Mais c'est vrai que les nuits n'ont pas été les plus douces que j'ai connues. Quand on m'a annoncé que ça repartait, ç'a été un grand soulagement. »

Grosjean aura donc une chance d'effacer la réputation qu'il s'est forgée l'an dernier, quand il s'est retrouvé au centre de plusieurs accidents et incidents en piste. Notamment celui qui a failli décapiter Fernando Alonso à l'occasion du Grand Prix de Belgique. Et un autre, au Japon, qui a incité Mark Webber à la qualifier de "fou" du volant.

Récemment embauché comme commentateur à la télé, Villeneuve a renchéri, la semaine dernière, quand il a dit de Grosjean qu' « il n'apprend pas de ses erreurs » et qu' « il a fait beaucoup de bêtises et c'est à peine s'il s'en est rendu compte ».

« J'ai trouvé ça hallucinant. Il n'a pas évolué de la première à la dernière course », a alors ajouté l'ancien pilote québécois qui a été champion du monde.

Grosjean n'a pas cherché à mettre de l'huile sur le feu, jeudi. Il a simplement dit qu'il a pris conscience de ce qu'il doit améliorer et il cherchera à faire ses preuves en temps et lieu.

« Ma meilleure réponse, c'est d'essayer de montrer en piste que j'ai travaillé (pendant la saison morte), a-t-il simplement répondu. C'est sûr, j'ai fait des erreurs l'an dernier. Maintenant, si j'ai entrepris un travail sur moi-même, c'est que je m'en suis rendu compte. Et si j'ai été reconduit par Lotus, c'est que dans les discussions, on a compris qu'on pensait avoir trouvé des solutions.

« Maintenant, j'attends le premier Grand Prix pour voir si le travail que j'ai fait a rapporté des dividendes, et ce sera ma meilleure réponse. »

Une réponse qui se confirmera si Grosjean se met à aligner les bons résultats. Ce qui est possible, compte tenu qu'il a terminé deuxième à Montréal l'an dernier, et accédé trois fois au podium en tout. Même Villeneuve, dans ses critiques, a dit que les déboires de Grosjean étaient « dommage car c'est un pilote très rapide ».

Grosjean a indiqué que la clé pour lui, en 2013, sera de faire preuve de constance. Pour y arriver, il devra prendre de meilleures décisions dans le feu de l'action.

« On parle de millièmes de seconde entre la bonne et la mauvaise décision, et il faut que je prenne la bonne, a-t-il souligné. Tout ça, ça vient de plusieurs facteurs mis ensemble, et c'est là-dessus que j'ai travaillé. Maintenant, est-ce que ça marchera ou pas, on le verra lors des courses.

« Je sais ce que j'ai à faire, je sais ce que l'équipe attend de moi et à partir de là, je n'ai pas d'excuse. »

Grosjean devrait notamment être plus prudent lors des départs des courses, phases où il a été particulièrement turbulent l'an dernier.

« J'ai appris que ce n'est pas en perdant une place au départ qu'on ne peut pas aller gagner une course, a-t-il affirmé. Je ferai ce que j'ai à faire pour éviter les incidents et pour que, de temps en temps, lorsqu'une opportunité se présentera, je puisse aller la saisir. »