Les États-Unis vont-ils enfin briller en Formule 1? Haas, première écurie américaine en F1 depuis 30 ans, a bien préparé son affaire et adopte une approche pragmatique et ambitieuse à l'image de son propriétaire, le milliardaire Gene Haas.

Ce dernier a fait fortune dans les machine-outils. Et la Haas VF-16 à moteur Ferrari, dont le châssis a été conçu par la société italienne Dallara, fait un clin d'oeil à la toute première machine-outil produite en 1988 par sa société Haas Automation Inc.

« Je l'avais baptisée VF-1, pour "very first one" ("la toute première", NDLR) », explique Gene Haas, 63 ans.

Haas F1 est basée à Kannapolis (Caroline du Nord), dans le hangar voisin, tout neuf, de l'équipe Stewart-Haas de NASCAR, la catégorie préférée des amateurs américains de sport automobile. Des courses de berlines très simples et surpuissantes, lancées à 300 km/h sur des ovales.

Elle aussi codirigée par Gene Haas, l'écurie Stewart-Haas a souvent gagné en NASCAR, des courses et des titres, alors le nom est connu des amateurs américains.

« Je sais qu'il y a beaucoup d'amateurs aux États-Unis. Nous sommes optimistes sur le fait qu'ils vont nous soutenir pour ramener la F1 aux États-Unis », espère Gene Haas.

Grosjean au volant

Même si les noms sont proches, Stewart-Haas et Haas F1 n'ont rien à voir avec l'écurie Newman-Haas, fondé par l'acteur américain et un homonyme de Gene, qui a écumé les courses d'IndyCar. Ni avec l'écurie Lola-Haas qui roulait en F1 en 1986, avec au volant le Français Patrick Tambay.

C'est la première fois depuis 30 ans qu'une écurie américaine est engagée en Formule 1 et le patron a encore choisi un pilote français : Romain Grosjean (ex-Renault et Lotus), déjà monté 10 fois sur un podium de F1.

Le natif de Genève sera associé à Esteban Gutiérrez, un Mexicain qui a déjà fait deux saisons de F1 chez Sauber, comme titulaire, puis une chez Ferrari, comme réserviste.

« Il est sympa et intelligent, il a beaucoup d'expérience. On travaille bien ensemble et c'est un faux calme, comme moi. Quand on met le casque... », sourit Grosjean.

Avec des pièces Ferrari

« On va essayer de marquer des points le plus vite possible et après on visera plus haut, le top-5, des victoires », lance Grosjean, conscient comme son milliardaire de patron que le marché du sport américain est encore un territoire à défricher pour la F1.

« Je pense que nous pouvons faire un bon travail de marketing, car il y a une énorme audience pour la F1 partout dans le monde », résume Gene Haas. « Les Américains adorent le sport, ils aiment être compétitifs. Ils ont envie de se reconnaître là-dedans, donc s'il y a une équipe américaine qui fait quelque chose que personne n'a fait auparavant, les Américains seront très intéressés. »

« En tant qu’Américain dans un sport européen, les gens veulent voir deux choses : comment vous allez vous débrouiller et si vous pouvez battre ces mecs », ajoute le patron.

« Un pilote américain serait l'objectif suprême », ajoute Haas. « Mais pour le moment nous voulons réunir les meilleures pièces. Un pilote d'expérience comme Grosjean avait le profil idéal. Nous voulons les meilleures personnes possibles. »

Le roi de la machine-outil n'a pas fait fortune par hasard. Il est justement allé chercher des pièces Ferrari que le règlement l'autorisait à acheter, au lieu de passer plusieurs mois à les concevoir et les fabriquer.

La livrée de la VF-16 est superbe, tout en nuances de gris, avec aussi du rouge Ferrari, pour rappeler les liens étroits que Gene Haas souhaite développer avec la mythique Scuderia.