LONDRES - Les débuts flamboyants de Lewis Hamilton, sa gueule d'ange et ses bonnes manières, ont fait fondre la Grande-Bretagne où le premier pilote noir de l'histoire de la Formule 1 est devenu en quatre mois une idole et une icône communautaire.

Les places pour le Grand Prix de Grande-Bretagne ce week-end à Silverstone, où aucun Britannique ne s'est imposé depuis David Coulthard en 2000, sont parties comme des petits pains dès les premiers résultats du jeune Britannique connus. Les organisateurs voient en lui le sauveur d'un circuit en difficulté, dont la place dans le calendrier était menacée.

Depuis mars, la vie d'Hamilton, 22 ans, a changé radicalement. Les paparazzi planquent en permanence devant la maison familiale de Tewin, dans le Hertfordshire au nord de Londres. Il a récemment regretté de ne plus pouvoir faire le plein d'essence dans sa station-service habituelle, de peur d'y provoquer une émeute.

Les tabloïdes spéculent sur l'avenir du couple qu'il forme avec sa petite amie d'adolescence, mis selon eux à rude épreuve par les bimbos agglutinées autour des paddocks.

Lors du dernier festival de sport automobile de Goodwood, il est arrivé par hélicoptère pour franchir le barrage de 50.000 supporteurs qui s'étaient massés pour le voir.

"Talent divin"

Les grands anciens ne peuvent que s'incliner face au talent évident du jeune homme. Quand en novembre Coulthard jugeait que "McLaren lui avait ouvert la voie de manière prématurée" et lui promettait des "heures difficiles", il reconnaît désormais "qu'il a été sans faiblesse".

"Lewis est incroyable", "brillant", s'enthousiasme le dernier champion du monde britannique Damon Hill. Pour le légendaire Jackie Stewart, Lewis Hamilton, doté d'un "talent divin", "dispose de tous les ingrédients" pour devenir le prochain champion du monde dont "la Grande-Bretagne a besoin".

De jeunes garçons reviennent dans les clubs de kart. Et Hamilton est en passe de devenir une icône de la communauté noire britannique, au grand dam du pilote et de son écurie McLaren-Mercedes qui refuse de s'exprimer sur le sujet.

"Plus populaire que Tiger"

Chez McLaren, "ils ne veulent pas que le succès de Lewis soit vu comme un phénomène noir", explique l'ancien footballeur Les Ferdinand qui a monté un projet pour aider les jeunes de quartiers défavorisés à pratiquer les sports mécaniques.

Mais "les jeunes noirs recherchent toujours des gens à qui s'identifier. Et à part le soccer, nous avons du mal à en trouver. Avec Lewis, nous en tenons un", poursuit Ferdinand.

Pour la première fois de son histoire, le magazine The Voice, qui s'adresse à la communauté caribéenne de Londres, enverra à Silverstone un journaliste couvrir un Grand Prix de F1.

"Lewis sera plus populaire que Tiger Woods", prédit Michael Eboda, rédacteur en chef de New Nation, concurrent de The Voice. Un journaliste d'Autosport a raconté dans le Guardian avoir vu pour la première fois de sa vie un "rasta" lire son journal et y voit l'arrivée d'un public neuf pour un sport qui s'essouflait en Grande-Bretagne.

Il reste toutefois difficile d'imaginer le quartier populaire de Brixton, où vivent à Londres de nombreuses personnes originaires des Caraïbes comme Hamilton, devenir une pépinière de futurs pilotes de F1 dans un pays où la demi-heure de karting coûte en moyenne 45 euros. Tout le monde n'aura pas, en plus du talent, la chance d'être repéré tout jeune par Ron Dennis qui aurait dépensé 30 millions d'euros pour l'éducation du prodige.