Il était une fois un jeune pilote du nom de Verstappen. Qui se montre très rapide lors de sa première saison en Formule 3.

Il attire l’attention des gens de la F1. Et une bonne écurie le signe pour la saison suivante.

Mais le rêve allait tourner au cauchemar…

Est-ce un scénario d’anticipation sur Max Verstappen, un pilote batave de 17 ans qui vient de décrocher un volant chez Toro Rosso pour 2015?

Non. Il s’agit de l’histoire de son père : Jos Verstappen.

Papa Jos

Après avoir fait du karting, Jos Verstappen passe à la Formule Opel puis à la F3. Dès sa première saison, il domine le Championnat allemand et remporte la réputée course des Maîtres à Zandvoort.

Puis il éblouit la galerie lors de son premier test en F1 à Estoril au Portugal. Son meilleur chrono l’aurait placé 10e sur la grille de départ du Grand Prix disputé au même endroit quelques jours auparavant.

On le considère comme une future vedette. Flavio Briatore de l’écurie Benetton le signe comme pilote d’essai pour 1994, aux côtés des pilotes titulaires Michael Schumacher (qui sera champion à la fin de la saison) et J.J. Lehto.

Mais Lehto se fracture une vertèbre lors des essais pré saison, ce qui va l’éloigner des circuits pour deux courses. Puis il se blesse à nouveau à Saint-Marin.

Benetton fait appel à Verstappen pour le remplacer. Une occasion unique de se faire remarquer. À 22 ans, ce qui était plutôt jeune à l’époque.

Le Batave connaît une saison en dents de scie, ponctuée de quelques accidents et surtout d’un effroyable incendie sur sa voiture dans les puits en Allemagne.

Deux podiums (3e en Hongrie et en Belgique) viennent rehausser cette première campagne en F1.

Mais Verstappen ne termine même pas la saison. Benetton engage un pilote expérimenté (Johnny Herbert) pour les deux dernières courses de l’année, dans l’espoir de remporter le titre des constructeurs (objectif raté).

Mais ce n’est que partie remise. Verstappen aura sûrement la chance de se reprendre en 1995?

Eh bien non. De toute évidence, Flavio Briatore ne croit pas en Verstappen. Il décide plutôt de garder Herbert pour une saison complète afin de seconder Schumacher.

Pour 1995, Briatore place Verstappen dans une autre écurie. Un cadeau empoisonné, car il s’agit de Simtek. En cinq courses, son meilleur résultat sera une 12e place. Puis l’équipe manque d’argent et ferme ses portes. La saison de Verstappen est terminée.

Et un peu sa carrière aussi.

Bien sûr, Jos « The Boss » va faire six autres saisons en F1. Mais il change souvent d’écurie (jamais un bon signe) : Arrows, Tyrrell, Stewart, puis Arrows encore et finalement Minardi. Avec une récolte de sept points.

Le conte de fées s’est terminé en queue de poisson.

Fiston Max

Après neuf années de karting de compétition, son fils Max dispute en 2014 sa première saison en monoplace, au sein du championnat européen de Formule 3.

Podium à son premier week-end, victoire à son deuxième, il est actuellement deuxième au classement avec huit victoires en 27 courses (trois par week-end).

Et, tout comme son père, il a remporté la prestigieuse course des Maîtres à Zandvoort en partant de la position de tête.

Jos VerstappenMax a commencé à attirer les regards. Il se disait que Mercedes s‘intéressait à lui.

Puis tout est allé vite. Le 12 août, Red Bull annonce que Verstappen est intégré à son Junior Team, son programme de développement pour jeunes pilotes.

Tout le monde pensait alors qu’il allait faire du GP3, puis du GP2 ou de la Formule Renault 3.5 avant d’arriver en F1. Une progression toute tracée pour ce jeune qui fêtera ses 17 ans le 30 septembre prochain.

Eh bien non. Six jours plus tard, Toro Rosso annonce son arrivée en F1 en 2015! Ce qui fera de lui le plus jeune pilote de tous les temps en F1 lorsqu’il participera à son premier Grand Prix en mars prochain.

Une première question se pose : sera-t-il trop jeune?

Jusqu’ici, aucune pilote de moins de 19 ans n’a participé à un GP. Le record appartient à Jaime Alguersuari (19 ans et 125 jours). Le plus jeune à participer à une séance d’essais officiels est Sebastian Vettel (19 ans et 53 jours).

Verstappen aura-t-il la force musculaire nécessaire pour piloter une F1 à la limite sur 90 minutes? On est en terrain inconnu.

L’autre question qui se pose : son manque d’expérience en course de monoplace.

Dans ce domaine, il y a un précédent : Kimi Raikkonen n’avait effectué qu’une saison complète en monoplace (un total de 23 courses) avant de débarquer en F1 chez Sauber. Ce fut le début d’une carrière fructueuse.

Donnons la chance au coureur, mais 17 ans, c’est jeune! Risque-t-il de ses brûler les ailes comme son père?

Faudrait-il songer à établir un âge minimum? On me dit qu’il faut avoir 18 ans pour jouer dans la Ligne nationale de hockey.

Et maintenant…

On se rappelle la controverse entre les pilotes Mercedes, Lewis Hamilton et Nico Rosberg, au dernier Grand Prix en Hongrie. Hamilton n'a pas obtempéré à la demande de l'écurie de laisser passer son coéquipier.

À raison ou à tort?

Tout dépend du point de vue où l'on se place.

Du point de vue Hamilton: s'il obéit, il termine derrière Rosberg. Et perd des points dans la course au titre. Du point de vue de l'écurie: s'il obéit, l'écurie obtient une victoire avec Rosberg ! C’est Daniel Ricciardo qui a profité de cet imbroglio pour l’emporter.

En Hongrie, Hamilton était sur deux arrêts et, lorsque Rosberg s’est approché de lui, roulait à un rythme pour préserver ses pneus, soit dans les 1m 28,5s. Rosberg était sur trois arrêts et roulait alors dans les 1m 27,5s.

Les communications radio commencent:

- OK Lewis, gap to Nico 1 second. He's on the option tyre. He has one more stop so don't hold him up.

- (Rosberg): why is he not letting me through?

- OK Lewis please let Nico pass on the main start-finish straight.

- (Rosberg): why is he not letting me through?

- He's had the message Nico, he's had the message.

Rosberg a rattrapé Hamilton au 46e tour. Il est resté derrière pendant dix tours, probablement en attendant que son coéquipier le laisse passer.

Il a perdu dix secondes... et la victoire.

Quelle est l’explication derrière cette approche stratégique?

Mercedes pense en tant qu’équipe. Son chef stratégiste ne pensait qu’à la victoire. Qu’importe le pilote.

Rappelez-vous que Hamilton, à Monaco, avait déjà été frustré par l’approche stratégique « globale » de son écurie. À la suite d’un accident, il avait souhaité entrer tout de suite aux puits, avant même l’annonce de l’intervention de la voiture de sécurité. Il pensait, avec raison, pouvoir ainsi passer devant son coéquipier Rosberg. L’écurie avait refusé. Dans le but de protéger le pilote Mercedes le mieux placé en course à ce moment-là, soit Rosberg.

Hamilton avait alors déclaré: « Lorsque j’étais chez McLaren, nous avions deux stratégistes. Le travail de mon stratégiste était d’obtenir le meilleur résultat pour moi. Malheureusement chez Mercedes, nous n’avons qu’un seul stratégiste pour les deux pilotes. »

L’intérêt de l’écurie versus l’intérêt des pilotes.

Hamilton a prouvé en Hongrie que, malgré toutes leurs belles paroles (du style « nous travaillons ensemble pour le bien de l’équipe »), une fois la visière abaissée, les pilotes n’ont qu’un seul intérêt en tête: leur intérêt!