MONTREAL (PC) - Le film à venir sur Gilles Villeneuve, dont la production doit débuter en 2006, sera un "drame humain", a dit le Québécois Christian Duguay, qui en assurera la réalisation, et non pas un film sportif sur la course automobile, un point de vue qui a plu à Jacques Villeneuve.

Duguay et Villeneuve étaient à Montréal jeudi pour présenter le projet en compagnie de la productrice italo-torontoise Gabriella Martinelli, présidente de Capri Films, du scénariste britannique Malcolm Clarke et de Gerard Donaldson, l'auteur canadien du livre "The Life of the Legenrary Racing Driver", dont s'inspirera en partie le film.

Celui-ci, une production internationale d'au moins 30 millions $ US, doit être tourné en français, en anglais et en Italien, Gilles Villeneuve demeurant une figure légendaire au pays de Ferrari où vit encore la productrice.

"Le fait que Jacques ait accepté de parler de son père a changé la donne, a déclaré Duguay. Le film sera d'abord un drame humain, axé sur les relations père-fils."

Le côté socio-politique sera aussi important, a assuré le réalisateur, qui tentera d'imposer un acteur québécois dans le rôle titre.

"Gilles Villeneuve, a rappelé Duguay, c'était aussi l'exportation du Québec à l'étranger à une époque où on vivait une crise d'identité."

Que Gilles Villeneuve, né d'une famille modeste dans un pays sans véritable tradition de sport automobile, se soit rendu jusque chez Ferrari est un autre aspect important dont veulent tenir compte Duguay et Clark.

Son fils, Jacques Villeneuve, a accepté de collaborer mais se tiendra loin des lieux de tournage.

Chacun son métier, a-t-il expliqué, ajoutant en riant: "De toute façon, avec ou sans moi, on aurait fait le film quand même!"

On devrait le voir dès le début du film qui doit s'ouvrir sur sa victoire à Jerez qui lui permettait de remporter le championnat du monde en 1997, ainsi, sans doute, que dans quelques courses. Mais selon la productrice, qui préfère coller à son comédien principal, il y aura davantage d'images de courses créées de toutes pièces.

Relations père-fils

"C'était difficile pour moi de parler de mon père, a raconté Jacques Villeneuve. J'avais beaucoup d'attention des médias et j'avais l'impression qu'au lieu de me regarder moi, on voyait le fantôme de mon père. Beaucoup de gens m'appelaient même Gilles sans s'en rendre compte. C'est resté comme ça tant que je n'ai pas gagné le championnat, mais après c'est devenu beaucoup plus facile parce que j'avais le sentiment d'être respecté pour ce que j'avais accompli moi-même."

"Par la suite, je n'ai pas eu le temps d'y penser parce que j'étais occupé par la course 11 mois par année. C'est l'année sabbatique m'a fait voir les choses différemment, comme si je faisais partie du passé moi aussi. Puis en Angleterre j'ai conduit sa vieille Ferrari et j'ai porté son casque en une occasion. C'était comme un hommage que je lui rendais et un remerciement.

"Mais si c'est plus facile, ça demeure très spécial et il y a quand même une barrière à passer."

C'est ce genre de réflexion qui séduit le scénariste Clarke, qui avait l'oreille tendue aux paroles de Jacques Villeneuve... quand celui-ci s'exprimait en anglais.

Pourquoi donc avoir choisi un scénariste "étranger" qui, de son propre aveu, ne connaît rien à la spécificité québécoise?

"Parce que c'est un grand scénariste qui a gagné des prix, dont un Oscar, et parce que je ne voulais pas quelqu'un de trop proche, qui aurait vu Villeneuve comme une idole. Une distanciation est préférable et il fait des recherches formidables", a répondu la productrice Martinelli, qui voit dans le mythe Villeneuve, son charisme et la façon dont sa vie à pris fin un personnage absolument idéal pour le cinéma.