ABOU DHABI - En remportant dimanche le Grand Prix d'Abou Dhabi, au terme d'une course parfaite en plein désert, Kimi Räikkönen, alias «Iceman», est sorti de l'ombre des quatre autres champions du monde qui avaient déjà gagné cette saison, tout en remettant l'écurie Lotus en pleine lumière.

Huitième pilote victorieux en 2012, le Finlandais a été récompensé en une seule fois, par sa 19e victoire en F1, de toute la patience, la constance et l'abnégation dont il a fait preuve à chaque séance d'essais, à chaque course, depuis qu'il est arrivé chez Lotus après deux ans de congé sabbatique en rallye.

«J'aime toujours autant la course, j'ai toujours faim de victoires, je vais continuer à essayer de gagner», disait-il la semaine dernière, dans la foulée de sa prolongation de contrat. Un an seulement, jusqu'à fin 2013, car Kimi veut rester libre, avoir le choix de s'en aller où il veut, quand il veut.

Au pays des Mille et Une Nuits, Kimi le grand fêtard devant l'éternel, le bringueur expert en frasques, dans les bars et les avions du monde entier, a encore fait le maximum, en grand professionnel, jusqu'au 55e tour d'une course intense menée à un train d'enfer.

Puis il a souri sur le podium pendant que Sebastian Vettel, 3e au terme d'une remontée fantastique depuis les stands, renversait un magnum de faux champagne sur la tête de David Coulthard, l'ex-pilote Red Bull, qui l'interviewait à chaud.

«Les fans l'adorent»

«Je suis surtout content pour les gars de l'équipe qui travaillent très dur», a alors dit Kimi, le supposé égoïste. «Kimi est très gentil avec tous les gens de l'usine à Enstone», a ensuite ajouté son patron, Eric Boullier, ravi d'avoir enfin raflé la mise d'un pari audacieux, fin 2011, sur son retour au sommet.

Räikkönen a fini les 18 courses de 2012, est rentré 17 fois dans les points, il est 3e du Championnat du monde. Il est aussi «indispensable» au petit monde très policé de la F1 parce qu'il est marginal, «hors-normes», comme l'a rappelé dimanche John Watson. Et «les fans de F1 l'adorent, parce qu'il est différent», a ajouté l'ex-pilote McLaren.

Ses réponses à la radio, aux conseils de son équipe, montrent son degré de concentration au volant de sa Lotus. Dernier exemple dimanche, pendant la deuxième neutralisation, du 39e au 43e tour : «Kimi, il faut garder tes quatre pneus en température». Réponse agacée: «C'est justement ce que je suis en train de faire !»

«Ils sont sympas, ils essayent de m'aider, mais je connais mon boulot», résume le champion du monde 2007 (chez Ferrari), du haut de ses 174 Grands Prix.

Pour Lotus, qui s'appelait encore Renault F1 jusqu'à 2010 et n'avait plus gagné depuis le Japon 2008 (avec Fernando Alonso, 2e dimanche), son expérience n'a pas de prix. Son grain de folie non plus.