Il y a déjà plusieurs années que McLaren comptait sur un pilote espagnol pour relancer l’équipe après plusieurs saisons difficiles.

 

Mais peu de gens se doutaient que ce pilote ne s’appellerait pas Fernando Alonso.

 

L’une des grandes surprises de la saison est sans aucun doute Carlos Sainz qui aura profité de l’année 2019 pour vraiment s’établir comme un des pilotes les plus constants du plateau.

 

Depuis quelques années, les pilotes qui ne font pas partie des trois écuries de pointe se battent pour le septième rang, qu’on qualifie souvent de « meilleurs des autres ». Et ce titre purement honorifique nous a donné droit à de belles luttes! L’an dernier, Nico Hulkenberg, chez Renault, avait terminé la saison avec seulement sept points d’avance sur Sergio Perez. En 2017 et 2016, l’écart entre la septième et la huitième place au classement des pilotes était respectivement de 13 et 16 points.

 

Un coup d’œil au classement cette année nous permet vraiment d’apprécier le travail de Sainz.

D’abord, avec quatre courses à faire, l’Espagnol se place au 6e échelon, et non au 7e. Cela s’explique par le fait que Pierre Gasly et Alexander Albon se sont partagé le travail chez Red Bull et Toro Rosso. Présentement, Sainz possède un point d’avance sur Gasly et douze sur Albon.

Par contre, pour le titre de meilleur des autres, il faut comparer les pilotes qui n’ont pas eu la chance de se faire valoir parmi les grandes équipes. Et c’est là que ça devient intéressant. En prenant en compte la disqualification des voitures Renault lors du dernier Grand Prix, au Japon, Sainz compte désormais 39 points d’avance sur Sergio Perez. En fait, si vous additionnez les points des deux plus proches poursuivants du pilote McLaren, soit Perez et Lando Norris… Sainz aurait toujours l’avantage avec quatre points d’avance!

Ça démontre bien le travail accompli par McLaren qui a grandement progressé, mais comme vous le voyez, le pilotage et la constance de Sainz ne sont pas à négliger. Même s’il est un pilote recrue, Lando Norris fait du bon travail cette saison, mais l’écart entre les deux n’est pas négligeable. Sainz possède plus du double des points de son coéquipier!

Au Japon, Sainz a réussi son troisième top-5 de la saison. Aucun autre pilote hors des trois grandes équipes n’en compte plus qu’un. Six fois cette saison, la première voiture n’étant pas une Mercedes, une Ferrari ou une Red Bull à croiser le fil d’arrivée était celle de Sainz. C’est le double de ce qui a été réussi par Daniel Ricciardo et Lando Norris (trois fois chacun). Bref, vous le voyez, tous les chiffres démontrent que la lutte en milieu de peloton est dominée par le pilote qui n’a, faut-il le rappeler, que 25 ans. Dommage surtout que plusieurs de ses bonnes performances sont passées presque inaperçues aux yeux de la télédiffusion par la Formule 1, qui a souvent laissé ses dépassements et ses remontées de côté au profit des meneurs.

 

Alors qu’on ne l’attendait plus

 

Les chiffres, c’est bien, mais l’histoire de Carlos Sainz n’est pas banale non plus. Cette saison marque vraiment un point tournant dans sa carrière, une éclosion que l’on n’avait pas vraiment vu venir, du moins pas à ce point.

 

On savait bien que Sainz était un bon pilote. Il avait prouvé son talent en remportant le championnat de Formule 3,5 en 2014 avant de faire le saut directement en Formule 1 avec Toro Rosso.

 

Sainz, qui faisait partie de la filière Red Bull, est cependant arrivé en F1 en même  temps qu’un jeune prodige du nom de Max Verstappen. Peu de pilotes ont réussi à se démarquer aux côtés de Verstappen, et la comparaison a fait mal aussi à Sainz. En 2015, Verstappen a largement remporté la bataille entre les deux pilotes recrues avec une récolte de 49 points, contre seulement 18 pour Sainz.

 

On connaît la suite. Verstappen a fait le saut chez Red Bull dès 2016 alors que Sainz a dû continuer de faire ses preuves chez Toro Rosso, attendant en vain qu’un poste s’ouvre parmi la grande équipe.

 

Avec Daniel Ricciardo et Verstappen, Red Bull ne voyait pas vraiment d’options afin de faire progresser Sainz. C’est alors que l’écurie a décidé de prêter Sainz à Renault à la fin de la saison 2017 et pour la saison 2018. Avec l’écurie française, il a obtenu 53 points et il a terminé au 10e rang des pilotes. C’est loin d’être mauvais, mais ce n’était pas non plus à la hauteur de son coéquipier Nico Hulkenberg, qui se plaçait au 7e échelon avec 69 points. Surtout, ce n’est pas suffisant pour convaincre Renault de le garder au sein de l’écurie. Daniel Ricciardo est venu prendre sa place.

 

Sainz s’est donc retrouvé donc dans une situation délicate. Alors que Renault ne conservait pas ses services, Red Bull aussi a décidé de le laisser partir, se tournant vers Pierre Gasly pour remplacer Ricciardo. C’est donc un peu par dépit que Sainz s’est tourné vers McLaren, sa seule option restante. L’écurie venait alors de connaître une autre saison extrêmement difficile et son leader, Fernando Alonso, avait décidé de quitter la Formule 1. Bref, un pilote laissé de côté par ses équipes qui signe avec une écurie qui se lance dans une reconstruction avec deux nouveaux pilotes.

 

Le scénario de départ ne paraissait pas glorieux, mais voilà que Sainz est en train de réaliser la meilleure saison de sa carrière. Comme quoi parfois, un changement d’air peut être bénéfique, que ce soit du point de vue de l’équipe ou du pilote. Comme quoi, aussi, un pas en arrière permet parfois d’avancer bien plus rapidement.

 

Au Mexique, Sainz tentera de poursuivre sa bonne saison sur un tracé qui ne lui a jamais souri au cours de sa carrière, lui qui n’a jamais su faire mieux qu’une 13e place sur ce tracé, lors de sa première saison en Formule 1. D’ailleurs, après le Grand Prix du Japon présenté la nuit au Québec, les heures de diffusion seront bien plus clémentes pour les prochaines courses. Pour suivre la séance de qualifications, il faudra être branché sur RDS2 dès 13 h 45. Pour la course, dimanche, elle sera diffusée sur RDS à 14 h 30 avec l’émission d’avant-course.