SEPANG (AFP) - Après une saison 2005 frustrante où il a regardé son coéquipier Fernando Alonso entrer triomphalement dans les annales de la Formule 1, Giancarlo Fisichella n'en a que plus apprécié sa victoire dimanche en Malaisie, lors du 2e Grand Prix du Championnat du monde 2006.

L'expérimenté Italien avait entamé le Championnat 2005 par une pole position et une victoire en Australie, avant de bifurquer sur un long chemin de croix de 18 courses, alors que le quasi-novice Alonso enchaînait les victoires et les places d'honneur qui allaient le mener vers le titre mondial.

En 2005, "Melbourne était la première course du Championnat, elle avait été fantastique pour moi et ensuite la malchance s'était abattue sur moi tout le reste de la saison, se souvient-il. Cette année, j'ai eu de la malchance lors de la première course et j'ai gagné immédiatement après, alors j'espère avoir laissé ma guigne à Bahreïn!"

Les débuts difficiles de Bahreïn, où il a connu des problèmes de moteur en qualifications puis en course, avant qu'une fuite hydraulique n'ait raison de sa R26, ont été effacés par le week-end, parfait et tant attendu, de Sepang.

"Potentiel"

"J'attends de voir la suite maintenant: je me sens vraiment bien dans l'équipe, il y a une bonne ambiance, la voiture et l'équipe disposent d'un potentiel fantastique et j'attends vraiment la suite avec impatience", assure-t-il.

La pole position de samedi et la victoire de dimanche l'ont d'autant plus ravi qu'il les a dédiées à un ami décédé quelques jours plus tôt dans un accident.

"C'était un week-end plein d'émotions. Il était important pour moi de faire de mon mieux parce que j'ai perdu un ami il y a une semaine et que je veux lui dédier ma victoire... Ciao Pietro", déclare Fisico après sa victoire dans l'étuve malaisienne.

La veille, il avait déjà dédié sa pole à son ami, de peur de ne pas décrocher cette troisième victoire de sa carrière.

Car la succession d'ennuis l'ayant accablé l'an passé devait encore être présente à l'esprit de ce pilote discret et agréable, à son arrivée en Malaisie. Surtout après la désillusion de Bahreïn où la Renault d'Alonso était si forte qu'elle a gagné, alors que la sienne n'a pas dépassé le 22e tour.

Mais dimanche, Fisichella était tout à son bonheur d'avoir démontré qu'il était toujours capable de mener une course propre en tête.

Démons

Après la course, il semblait débarrassé des démons de l'an passé, ces ennuis mécaniques et cette malchance, concentrés sur sa monoplace alors que celle d'Alonso était épargnée, qui l'avaient conduit à douter et à commettre des erreurs parfois lourdes de conséquences. Comme à Suzuka où il avait abandonné dans le dernier tour la victoire au profit du grand rival de son coéquipier, Kimi Räikkönen. Le titre pilotes était déjà attribué, à Alonso, mais Renault et McLaren-Mercedes étaient toujours à la lutte pour le titre constructeurs.

Cette fois, "j'ai réussi une séance de qualifications fantastique, l'équilibre de la voiture était fantastique en qualifications et en course (...) je me suis senti vraiment confortable", souligne le Romain de 33 ans, qui n'était plus apparu aussi serein depuis bien longtemps. D'autant que chez Renault, le phénomène Alonso accapare toutes les attentions.

Et même si avec 162 Grands Prix à son actif, son palmarès demeure modeste -trois victoires et trois poles-, Fisico a affiché à Sepang la confiance d'un nouvel homme, mâtinée d'une réserve naturelle qui le différenciera toujours de certains de ses collègues pilotes.

"J'essaierai de gagner d'autres courses, même en partant d'autres positions sur la grille", promet-il. Rendez-vous le 2 avril à Melbourne.