Red Bull a encore une fois fait le travail sur ses terres, en Autriche. Pour une deuxième année de suite, Max Verstappen a croisé le fil d’arrivée en premier, procurant une première victoire cette saison à une équipe qui ne s’appelle pas Mercedes. On en a profité pour louanger Max Verstappen qui s’établit vraiment comme un pilote d’élite en Formule 1.

 

Pourtant, rapidement, c’est vers l’autre pilote Red Bull que l’attention s’est tournée. Pierre Gasly est au cœur de la tourmente depuis quelques semaines, surtout après sa septième place en Autriche. L’image forte d’un Pierre Gasly à la peine qui se fait prendre un tour par son coéquipier vainqueur a visiblement mal passée au sein des dirigeants de Red Bull. Depuis, les rumeurs concernant l’avenir de Gasly déferlent et la perspective d’une rétrogradation, à l’image de celle de Daniil Kvyat en 2016, est plus présente que jamais.

 

Une saison difficile

 

Tout d’abord, mettons les choses au clair. Il est évident que les résultats de Pierre Gasly ne sont pas du tout à la hauteur. En neuf courses, le Français a amassé seulement 43 points, soit environ trois fois moins que Verstappen (126 points). Il a obtenu son meilleur résultat à Monaco avec une cinquième place... il avait pourtant fait mieux l’an dernier au volant d’une Toro Rosso avec une quatrième place à Bahreïn. Gasly a été battu huit fois sur neuf par Verstappen en qualification. Il avait fait mieux que son coéquipier à Montréal puisque Verstappen avait été éliminé en Q2 après que Kevin Magnussen ait tapé le mur, déployant ainsi les drapeaux jaunes. En course, ce n’est guère mieux. Gasly est le seul pilote du plateau qui n’a jamais battu son coéquipier en 2019.

 

Bref, ce n’est pas glorieux, et je m’attendais à beaucoup mieux de la part de Gasly. C’était assez clair qu’il n’arriverait pas à suivre le rythme de son coéquipier plus expérimenté et talentueux, mais je ne crois pas que l’on pouvait s’attendre à un retard aussi gigantesque.

 

À Montréal, Gasly expliquait qu’il avait besoin de temps d’adaptation. Il soulignait le fait qu’il en était seulement à sa deuxième saison en Formule un, sa première avec Red Bull. Il devait s’acclimater à un nouvel environnement, à un nouvel ingénieur de piste, et surtout, à une nouvelle voiture qui ne convenait pas tout à fait à son style de pilotage.

 

Ces explications sont tout à fait logiques. Daniel Ricciardo et Lance Stroll, par exemple, ont aussi besoin d’un certain temps avant d’être pleinement à l’aise dans leur nouvelle monoplace. De plus, ces explications étaient appuyées par des résultats qui s’amélioraient, notamment avec une 5e place à Monaco.

 

Sauf que depuis, la progression de Gasly a arrêté. À Montréal, il doit se contenter du huitième rang. Encore pire, en France, devant ses partisans, il parvient tout juste à arracher un point avec une dixième place... et merci à la double pénalité à Ricciardo, sans quoi il n’aurait pas terminé dans le top-10. Finalement, j’en parlais plus tôt, il enregistre le septième rang en Autriche, un tour derrière Verstappen.

 

Quelles seront les conséquences?

 

Le résultat de ces performances en dents de scie? La pression augmente sur Gasly. Les dirigeants de Red Bull, tout spécialement Helmut Marko, ne se gênent pas pour exprimer leur insatisfaction. Marko a évoqué une obligation de résultat et a même remis sur la table les incidents de Gasly lors des essais hivernaux, à Barcelone. Pour Marko, c’est à ce moment que la confiance du numéro 10 a commencé à être affectée.

 

Quand Marko parle de la sorte, le sous-entendu est très clair. Il faut dire que Red Bull n’est pas du tout reconnu par sa patience. On pense rapidement à Kvyat, mais les exemples sont nombreux. Brendon Hartley avait été évincé par le programme de Red Bull avant d’être rappelé l’an dernier par Toro Rosso. Un an plus tard, faute de résultats, Hartley a de nouveau été mis de côté.

 

C’était aussi le cas d’Alexander Albon, qui avait également été mis à l’écart par le programme de Red Bull. Il a poursuivi sa route et il est de retour avec le taureau rouge cette année via Toro Rosso.

 

Un des bons espoirs de Red Bull, Daniel Ticktum, participait au championnat de Super Formula cette année (championnat dans lequel un certain Pierre Gasly avait été vice-champion avant d’accéder à la F1). Après trois courses et une maigre récolte d’un point, Red Bull a viré Ticktum qui n’est plus dans le programme de l’écurie... et qui a aussi perdu son volant.

 

Évidemment, plusieurs noms circulent déjà pour un éventuel remplacement de Gasly. Nico Hulkenberg est évoqué, tout comme Kvyat, qui ferait ainsi un retour avec la grande équipe.

 

Par contre, le pilote de 23 ans mériterait-il vraiment de se faire montrer la porte de sortie avant la fin de la saison?

 

De mon côté, j’espère vraiment que Gasly aura au moins le reste du calendrier pour se faire justice. Il serait temps que Red Bull démontre enfin un peu de patience. C’est l’intention affichée par Marko et Horner, mais on verra si cela est vraiment le cas.

 

Rien ne presse pour Gasly. Il a seulement 23 ans et a démontré de belles choses lors de son ascension à la Formule 1. Il a mérité son poste dans la grande équipe et travaille fort pour remonter la pente. De plus, ce n’est pas comme si Red Bull risquait de perdre une position au classement en raison des performances de Gasly. Au troisième rang, l’écurie compte 117 points d’avance sur McLaren, son plus proche poursuivant!

 

L’équipe peut déjà compter sur un excellent pilote numéro un en Max Verstappen. Même un très bon pilote comme Daniel Ricciardo peinait à tenir le rythme de Verstappen et plusieurs accrochages sont même survenus entre les deux. Red Bull ne s’ennuie sûrement pas de cet aspect d’avoir deux pilotes qui veulent prouver qu’ils peuvent être numéro un en même temps.

 

Alors pendant que Verstappen fait le travail, que Red Bull prenne le temps de bien former Gasly. Il faut bien l’entourer, il faut l’aider, et il faudrait peut-être lui donner une tape dans le dos plutôt que des claques sur les doigts à répétition. Mettre constamment de la pression sur le Français n’est peut-être pas la meilleure solution pour l’aider à retrouver sa confiance. Gasly doit constamment se défendre devant la presse face à des critiques qui proviennent de ses propres patrons.

 

La banque d’espoir de Red Bull n’est plus énorme et il n’y a pas de Max Verstappen qui attend un volant. Albon a encore beaucoup à apprendre et l’expérience a déjà été tentée avec Kvyat. Rien ne presse. Non, Gasly ne répond pas aux attentes présentement, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y arrivera pas. Donnons-lui au moins une saison complète.

 

La meilleure façon de faire taire ces rumeurs, ce serait bien sûr en alignant quelques bonnes performances. C’est ce que Gasly va tenter de faire sur le circuit de Silverstone cette fin de semaine. Vous pourrez suivre la séance de qualification samedi à 8 h 45 sur RDS et la course, dimanche, à 8 h 30.

 

Et comme les vacances arrivent pour moi, je vous souhaite déjà un excellent Grand Prix d’Allemagne, dans deux semaines. Je vous retrouve avant le Grand Prix de Hongrie!