MONTRÉAL - Chassez le naturel, et il revient rapidement au galop.

Nico Rosberg et Lewis Hamilton, qui ont acquis les deux premiers rangs sur la grille de départ, nous ont offert une belle petite pièce de théâtre depuis le début de la fin de semaine au Grand Prix du Canada, sauf que leur divergence d'opinions est rapidement réapparue après la séance de qualifications, samedi après-midi.

Assis l'un à côté de l'autre sur la tribune réservée aux trois premiers pilotes, Rosberg et Hamilton ne se sont pas échangé le moindre regard. L'Allemand, qui mène au championnat des pilotes avec 122 points - contre 118 pour le Britannique - fut le premier à décocher une flèche vers son coéquipier.

« C'est toujours mieux d'avoir des résultats positifs, vous savez, a-t-il répondu lorsqu'on lui a demandé si le momentum acquis avec sa victoire à Monaco lui avait permis de prendre l'ascendant sur Hamilton. Ça aide. Lewis voguait sur une séquence victorieuse jusque-là, et c'était important d'y mettre un terme. »

La guerre psychologique qu'ils se livrent depuis Monaco est revenue à l'avant-scène lorsqu'un journaliste italien leur a demandé si la course de dimanche allait en être une entre les deux Mercedes exclusivement.

« Certes, je m'attends à ce que ce soit une lutte entre nous deux uniquement, a acquiescé Rosberg. Mais, bien sûr, il peut y avoir des surprises. Nous devrons nous assurer de nous pousser mutuellement, mais je crois que l'écart devant le reste du peloton et nous est suffisant en ce moment, surtout en course. »

Hamilton, auteur de quatre victoires jusqu'ici cette saison, a riposté en soulignant qu'en dépit des excellentes performances de Mercedes en qualifications, il ne fallait pas prendre à la légère le reste du peloton. Ça sonnait comme un reproche envers son coéquipier, comme s'il insinuait qu'il avait manqué de respect à leurs adversaires.

« Je ne pense pas que ce soit uniquement entre nous deux, a sèchement rétorqué Hamilton. Certes, ceux derrière nous n'étaient peut-être pas aussi près en qualifications, mais le rythme de la dernière course (à Monaco) était très élevé. Donc, j'anticipe que ce soit la même chose demain, et je crois qu'on ne peut exclure Sebastian (Vettel) ou Red Bull. Nous devons être très prudents, et s'assurer de pousser toujours davantage. »

Vettel, le quadruple champion, ne semblait pas particulièrement optimiste quant à la possibilité qu'il vienne menacer le règne de l'écurie allemande sur la piste de l'île Notre-Dame.

« Nos performances ont été plus constantes vendredi et samedi, donc j'espère que nous connaîtrons une bonne course demain (dimanche), a-t-il mentionné. Mais je ne suis toujours pas au niveau où j'aimerais être, car je me bats toujours avec la voiture.

« Vous savez, il ne faut pas être un génie pour les battre, a-t-il ajouté. Il faut être plus rapide qu'eux sur la piste, et pour les battre au championnat il faut constamment amasser plus de points qu'eux. En ce moment, on a de la difficulté à le faire. [...] Nous devons effacer un écart impressionnant, ce qui est très difficile à accomplir. »

Au moins, Rosberg et Hamilton pourront s'entendre sur un point. Ils sont tous les deux satisfaits de l'annonce du renouvellement de l'entente permettant la présentation du Grand Prix du Canada pour les 10 prochaines années.

« Montréal est l'une des meilleures courses de la saison, vous savez, a dit Rosberg. C'est une belle piste, les amateurs sont très enthousiastes, donc je suis très heureux qu'on puisse y revenir souvent à l'avenir. »

« La ville est incroyable, tout comme la nourriture, a renchéri Hamilton. Nous nous amusons vraiment lorsque nous venons ici. »