SILVERSTONE - Vainqueur à Silverstone de son 3e Grand Prix de la saison, le 5e de sa carrière, Mark Webber se sent pousser des ailes, à 33 ans, et la rivalité croissante avec son jeune coéquipier Sebastian Vettel, 23 ans, va être difficile à gérer par Red Bull.

Il y avait déjà eu l'accrochage des deux pilotes en Turquie, fatal à Vettel après deux victoires consécutives de Webber à Barcelone et Monaco. Puis l'Australien s'est carrément envolé à Valence, en essayant de doubler la Lotus de Kovalainen, moins rapide que sa Red Bull et freinant plus tôt.

Silverstone a une nouvelle fois montré un Vettel très rapide (5e pole de la saison, contre 4 à Webber) mais trop impatient. L'Allemand a bien invoqué un problème d'embrayage et de patinage de ses roues, puis une crevaison, mais il n'a échappé à personne qu'il avait disjoncté pendant le premier tour.

Résultat des courses: Webber mène 3 victoires à 2, il a sept points d'avance sur "Baby Schumi" et va arriver en Allemagne, dans 15 jours, en rival de plus en plus crédible pour les "McLaren Boys", Lewis Hamilton et Jenson Button. Les deux derniers champions du monde sont bien installés aux deux premières places du championnat et il faudra une équipe Red Bull soudée pour les en déloger.

"Sebastian et Mark sont compétitifs, ils ont faim et ils sont à des moments différents de leur carrière. Ca ne fait rien qui gagne, du moment que c'est l'équipe", disait vendredi Christian Horner, le team-manager de Red Bull Racing. "Ils continuent à avoir le même matériel. Et même s'ils ne sont pas copains, ils travaillent ensemble de manière très pro et constructive".


Nouvelles ambitions

Sauf que samedi, en qualifications, Vettel et Webber n'étaient pas à égalité. Le nouvel aileron avant de l'Allemand, cassé le matin, a été remplacé par celui de l'Australien. Pole position pour l'un, 2e place sur la grille pour l'autre, et grosse embrouille chez Red Bull, attisée par une presse anglaise toujours avide de polémiques.

La victoire de Webber n'a pas éteint l'incendie, au contraire, puisque le grand Mark, remonté comme une vieille pendule du Queensland, en a rajouté une couche: "Je n'aurais jamais signé un nouveau contrat si j'avais su que ça allait se passer comme ça" et "on en reparlera lundi à l'usine".

Webber n'a jamais fait partie de la filière Red Bull, qui a propulsé Vettel en F1. Il devait jouer les seconds couteaux mais s'est découvert de nouvelles ambitions. En fait, il applique à la lettre le slogan de la boisson énergétique autrichienne qui "donne des ailes", c'est écrit partout sur les voitures et sur les casques.

Après sa jambe cassée, l'an dernier, et sa cabriole de Valence, le mois dernier, Webber ne doute plus de rien. Il va arriver à Hockenheim en leader de Red Bull. S'il n'y a qu'un aileron pour deux, il aura la priorité. Horner va devoir être diplomate, c'est dans ses cordes. Et Vettel va devoir se montrer patient...