SEPANG (AFP) - Le patronyme est certes ronflant comme le moteur Ford de la Williams ayant permis à son père Keke de devenir champion du monde de Formule 1 en 1982, mais en un Grand Prix, Nico Rosberg a réussi à se faire un prénom dans le sanctuaire très fermé des pilotes de F1.

Car même s'il représente une sorte de sésame, ou du moins un sérieux atout, le seul nom ne permet pas de pénétrer le monde des meilleurs pilotes -parfois simplement les plus riches- de la planète.

L'Autrichien Matthias Lauda, le Français Nicolas Prost ou le Brésilien Nelson Piquet junior, tous fils de triples -au moins- champions du monde de F1 qui tentent leur chance en sport automobile, en sont la preuve.

"Nelsinho", qui avait obtenu un essai de F1 avec Williams -chez qui son père a remporté son troisième titre mondial- en même temps que Nico Rosberg en décembre 2002, et Lauda n'ont pas été aussi brillants que leur camarade en GP2 l'an dernier.

Vainqueur du championnat GP2 en 2005, pour la première année de cette formule d'accession à la F1, Rosberg, 20 ans, a confirmé les espoirs placés en lui par Williams.

Agressivité

Il a signé à Bahreïn, pour son premier GP de Formule 1, une course extraordinaire d'agressivité et d'assurance pour terminer 7e à moins de cinq secondes de son expérimenté coéquipier Mark Webber. Un accrochage au départ l'avait pourtant obligé à passer au stand changer le museau de sa FW28 à la fin du premier tour.

"Je retrouve beaucoup de l'esprit de son père et beaucoup de son habileté... mais peut-être en plus calme", note l'ingénieur en chef de Williams, Patrick Head.

Une analyse partagée par Keke lui-même: "Il est plus doux que moi au volant, mais il est agressif et ça c'était agréable à voir !", se félicite le père, venu inspecter la monoplace du fils entre deux séances d'essais libres à Sepang, alors que tout le monde déjeune.

Car Keke "était bagarreur, il était en vrac partout, la voiture en équerre... Nico, lui, il règle sa voiture !", souligne l'ancien pilote français Jacques Laffite qui a affronté le Finlandais en piste.

Plomb

Entre eux, le père et le fils ne parlent "jamais de pilotage", assure Rosberg senior. D'avantage que son fils, il fait partie des pilotes, appréciés par l'écurie Williams qui a également fait courir Alan Jones, Nelson Piquet ou Nigel Mansell, ayant plus de plomb dans les semelles que sous le casque.

Alors que "Keke était exubérant, qu'il fumait, Nico, lui, est sérieux, il sait où il va", estime Laffite.

Né à Monaco le 27 juin 1985 et détenteur d'un passeport allemand, Junior parle couramment quatre langues (allemand, français, italien et anglais, mais pas un mot de sa langue paternelle), et devait se lancer dans des études d'aérodynamicien à Londres lorsque l'appel des courses fut plus fort que celui des cours.

Comment son père, connaissant de près les dangers du sport automobile, a-t-il accepté que son fils tente de suivre ses traces ? "Pilote de F1, c'est la plus belle vie dont on puisse rêver sur Terre. Moi, je l'ai vécue, alors pourquoi pas lui !", répond Keke sans l'ombre d'une hésitation.

Comme bon sang ne saurait mentir et que la valeur n'attend pas le nombre des années, Nico Rosberg a déjà marqué deux points en une seule course de F1.

Il rejoint ainsi le petit cercle des désormais 54 pilotes ayant marqué dès leur première course, parmi lesquels figurent Giuseppe Farina (victoire), Alberto Ascari, Jim Clark, Jackie Stewart, ou encore Alain Prost, Jean Alesi, Jacques Villeneuve, Kimi Räikkönen et Mark Webber.