Le Championnat du monde de Formule 1 2013 s’est terminé comme il s’est déployé, implacablement, depuis la mi-parcours : par une domination totale de Sebastian Vettel et de l’écurie Red Bull! Après quatre titres consécutifs et pour le bienfait de la popularité de la discipline reine en sport automobile, le moment ne serait-il pas venu de souhaiter ardemment que l’on passe à autre chose? Poser la question, c’est y répondre, dans ce cas-ci.

Il n’est surtout pas question, par ailleurs, de mettre en doute la légitimité des récentes conquêtes de Vettel et de son équipe. Le formidable pilote allemand avait certes le privilège de conduire la meilleure monoplace du plateau, mais il a fait beaucoup plus que gagner régulièrement avec cette merveilleuse monture. À 26 ans à peine, il a placé son nom, à divers endroits, dans le très sélect livre des records de la F1, et ce, avec lustre et panache!

On ne saurait non plus diminuer de quelque façon que ce soit tout le crédit qui revient au concepteur de cette extraordinaire machine, Adrian Newey. Cet ingénieur possède depuis toujours un don absolument unique : celui de pousser à l’extrême limite l’application des normes techniques imposées par la FIA et ainsi faire rager d’envie ses pairs qui, en bout de ligne, ne peuvent qu’applaudir sa vision et son audace! Le talent de Vettel et le génie de Newey auront donc marqué une ère complète dans l’histoire du championnat, exploit qui fut aussi le fruit d’une gestion aussi rigoureuse qu’innovatrice de la part du patron de l’écurie RBR, Christian Horner.

Mais comme l’a si bien dit Vettel lui-même à deux reprises, en fin de saison, il est temps de mettre en mémoire ce passage remarquable et de se préparer à la grande remise à zéro qu’impose la Fédération internationale à compter de 2014.

Le passage aux moteurs Turbo de 1,6 litres, l’utilisation fortement accrue des systèmes de récupération d’énergie, la sévère limitation de la capacité des réservoirs, les nouvelles normes restrictives quant aux ailerons, à l’avant et à l’arrière, le rabaissement dramatique du nez des voitures et l’accroissement du poids minimal de près de 50 kilos, tout cela représente un défi colossal pour toutes les équipes impliquées. Mais l’une des nouvelles règles viendra frapper directement là où Red Bull a puisé sa domination récente. On ne pourra plus, sciemment, canaliser les échappements de la voiture à des fins d’appui aérodynamique. Il faudra que les gaz soient libérés vers le haut, via un seul conduit. Or, cela vient couper d’un trait l’une des plus belles trouvailles de Newey qui avait su, mieux que quiconque, exploiter ce que le règlement technique permettait à ce chapitre jusqu’à aujourd’hui.

Bouleversements derrière le volant

À l’engouement indéniable que crée cette révolution technique s’ajoute un bouleversement majeur chez les pilotes à compter de l’an prochain. Si le GP du Brésil a marqué la fin de la carrière de Mark Webber à titre de pilote de F1, il a aussi marqué la fin de plusieurs étapes, comme le long séjour de Felipe Massa chez Ferrari.

La venue de Kimi Raikkonen aux côtés de Fernando Alonso, la promotion de Daniel Ricciardo chez Red Bull et l’arrivée chez McLaren de la jeune sensation de 21 ans, Kevin Magnussen, seront certainement les nouveautés les plus intéressantes à suivre dès la première course, en Australie, à la mi-mars. Au moment d’écrire ces lignes, on ne connaît pas l’identité du pilote qui remplacera Raikkonen chez Lotus mais qu’il s’agisse de Nico Hülkenberg ou non, nous aurons, là aussi, un autre changement majeur. Il y a très longtemps que la F1 n’avait pas été secouée par une telle vague chez les équipes dominantes. Et on ne parle pas ici du passage de Massa chez Williams ou des volants respectables qui devront être attribués chez Sauber et Force India. Sergio Perez, Pastor Maldonado et Paul di Resta auront-ils toujours leur place en F1? Et qu’adviendra-t-il des jeunes pilotes talentueux qui évoluaient sous le radar chez Caterham et Marussia?

Un mot en terminant sur le calendrier 2014. Son retour à un niveau beaucoup plus acceptable de 19 courses se veut une excellente nouvelle par rapport à l’irréalisme total que représentait le projet récent de 22 épreuves. Au cœur de celui-ci, on retrouvera avec plaisir le Grand Prix d’Autriche, sur un tout nouveau tracé signé Hermann Tilke. Puis, la F1 ira pour la première fois en Russie, au cœur du complexe olympique de Sotchi, ce qui n’est pas banal.

Allez, il était temps. On passe à autre chose!

Rendez-vous à RDS, dans la nuit du 14 au 15 mars, pour la séance de qualifications du GP d’Australie!