Le Grand Prix de France marque le début d’une étape importante au calendrier de la Formule 1. Un sprint intermédiaire, si on peut reprendre l’expression du cyclisme, qui verra les équipes et les pilotes participer à cinq courses en sept semaines seulement, le tout avant les vacances d’un mois en août.

 

Il y a donc beaucoup à jouer avant de penser aux vacances. Certaines équipes vont attaquer cette portion du calendrier avec la confiance dans les talons. C’est le cas notamment de Haas, qui n’a pas encore trouvé la façon du bien utiliser les pneus 2019 de Pirelli et qui a connu une fin de semaine très difficile à Montréal. Disons qu’il est grand temps pour l’écurie américaine de trouver les réponses à ses questions. Le classement des constructeurs est encore serré, alors de bons résultats pourraient permettre à Haas de remonter rapidement la pente. Mais avec cette portion de calendrier condensée, si Haas ne se relance pas rapidement, l’écart avec ses rivaux pourra s’agrandir rapidement.

 

À l’autre bout du spectre, il y a les équipes qui ont fait de bonnes opérations à Montréal et qui peuvent enfin voir la suite du calendrier d’un bon œil. Je pense surtout à Renault, qui est arrivé au Canada au 8e rang du classement et qui va arriver à la maison, en France, avec le 4e rang bien en vue.

 

À Montréal, mes affectations m’ont permis de suivre de près la fin de semaine de Renault et de réaliser des entrevues avec Daniel Ricciardo, Nico Hulkenberg, et le directeur de l’équipe, Cyril Abiteboul. Ce qui m’a marqué, c’est à quel point la confiance n’a jamais quitté cette équipe.

 

Pourtant, avant Montréal, le début de saison de l’écurie française avait des allures de cauchemar. Elle a commencé avec un bris d’aileron pour Daniel Ricciardo dès les tout premiers mètres de la saison. Puis, à Bahreïn, il y a eu cette image forte des deux voitures noires et jaunes qui s’immobilisent au même virage, au même tour, avec des bris mécaniques simultanés. Il y a eu d’autres abandons, des erreurs de pilotage, des pénalités, des départs de la ligne des puits, des erreurs de stratégie, et même un Daniel Ricciardo, paniqué par une erreur de pilotage à Bakou, qui recule tout simplement dans la voiture d’un Daniil Kvyat impuissant. Résultat, Renault arrivait à Montréal avec seulement 14 points au compteur, comparativement à 42 l’an dernier!

 

Malgré tout, il était surprenant de voir le calme des pilotes à leur arrivée au Canada. Les deux prenaient leur part de responsabilités, admettant des erreurs de pilotage, mais jamais ils ne laissaient paraître un soupçon d’impatience envers leur équipe. Chaque réponse leur permettait de réitérer leur confiance. Un pas en arrière avec l’an dernier? Non, simplement une incapacité depuis le début de la saison à tout mettre ensemble. Plus difficile d’aller chercher le 4e rang cette année? Non, la voiture est bonne et rien ne laisse croire que l’équipe ne sera pas en mesure d’accomplir ce fait d’armes réussi l’an dernier.

 

Force est d’admettre qu’ils sont passés de la parole aux actes sur le Circuit Gilles-Villeneuve, obtenant autant de points en une course, 14, que lors des six premières épreuves de la saison. Et si on était heureux dans le camp français, on gardait les pieds bien sur terre. Après la séance de qualifications, dans laquelle Daniel Ricciardo a pris le 4e rang, Cyril Abiteboul n’y voyait qu’un résultat à la hauteur de ses attentes. « Je ne veux pas paraître prétentieux, mais ce n’est pas un résultat inespéré. Ricciardo a profité des ennuis de Verstappen et Bottas pour être 4e. Sinon, on aurait parlé d’une 6e place, et c’est exactement là où on veut être. »

 

En course, Ricciardo a même pu se battre avec Valtteri Bottas pendant plusieurs tours avant de finalement s’avouer vaincu. Reste qu’il s’agissait d’une scène qu’on n’avait pas vu depuis longtemps : un moteur Renault qui tient tête à une Mercedes en pleine ligne droite. Cela s’explique notamment par l’évolution moteur de Renault qui a porté ses fruits sur un circuit réputé pour favoriser les équipes avec de puissants moteurs.

 

Bref, vous avez une équipe qui a tout pour faire un grand pas en avant au cours des prochaines semaines. À l’évolution moteur, il faudra ajouter une évolution au châssis de la voiture en France. Renault arrive à la maison avec de bonnes évolutions, une bonne dose de confiance et avec deux pilotes motivés (Ricciardo l’a répété plusieurs fois au cours du week-end). Sauf qu’il reste encore des points d’interrogation. Le plus important est de savoir si la fiabilité sera au rendez-vous. Car malgré tous les progrès de l’écurie, tant que les voitures ne croiseront pas le fil d’arrivée avec constance, Renault pourrait bien redescendre au classement aussi rapidement qu’il est monté de la 8e à la 5e place.

 

Et Ferrari dans tout ça?

 

Pour Ferrari aussi, il y a un peu d’optimisme à avoir à l’approche de ces cinq Grands Prix en sept semaines. Pour la 1re fois de la saison, Sebastian Vettel a obtenu une position de tête. Pour une 2e fois en sept épreuves, Ferrari semblait pouvoir tenir tête aux Mercedes (c’était aussi le cas à Bahreïn, n’eut été des ennuis de moteur de Charles Leclerc). Surtout, Ferrari s’estime toujours comme étant les vainqueurs moraux de l’épreuve montréalaise. Ça ne vous fait pas gagner des championnats, mais au moins, ça peut donner un peu d’espoir après un début de saison atroce.

 

Je ne reviendrai pas longuement sur la pénalité de Vettel. Méritée ou non, sévère ou pas, personne ne semble s’entendre et j’ai moi-même de la difficulté à pencher avec certitude d’un côté ou de l’autre. Plusieurs anciens pilotes ont exprimé leur point de vue, et la plupart estiment qu’ils auraient sans doute fait la même chose que Vettel et qu’il est difficile de contrôler une voiture dans le gazon… mais en même temps, le règlement est clair et ne laisse pas beaucoup de place à interprétation, ce qui a forcé les commissaires à agir. À la fin, il faudrait peut-être que les règlements laissent davantage place au jugement des commissaires selon les situations, qui sont toutes uniques et différentes.

 

Cependant, je retiens une chose : Vettel a encore fait une gaffe. On peut souhaiter que les commissaires aient été plus indulgents, mais ce ne sont pas les commissaires qui ont poussé la Ferrari sur le gazon. L’Allemand était furieux après la course, mais il doit aussi se regarder dans le miroir. Il a fait une autre erreur alors que son rival, derrière lui, lui mettait de la pression. Ça s’ajoute à plusieurs erreurs de pilotage depuis le fameux Grand Prix d’Allemagne l’an dernier. Le pilote Ferrari doit se ressaisir, car la meilleure façon d’être en accord avec une décision des commissaires... c’est de ne pas les forcer à en prendre une.

 

Est-ce que Vettel saura rebondir et effectuer le travail en France? RDS vous diffusera la séance de qualifications dès 8 h 45 samedi et la course, dimanche, dès 8 h 30.

 

Classement des constructeurs

Positions Écuries Points
4 McLaren 30
5 Renault 28
6 Racing Point 19
7 Toro Rosso 17
8 Haas 16
9 Alfa Romeo 13