Schumacher, un champion historique sans l'aura
Course dimanche, 10 sept. 2006. 11:26 mercredi, 11 déc. 2024. 07:24
MONZA (AFP) - Michael Schumacher a marqué d'une empreinte indélébile la Formule 1 dont il a conquis la quasi totalité des records, mais malgré des statistiques forçant l'admiration, au soir de sa retraite annoncée dimanche, il lui manque l'aura de certains de ses prédécesseurs.
A 37 ans et alors qu'il est encore en course pour une huitième couronne mondiale après sa victoire à Monza, Schumacher a symboliquement choisi le Grand Prix d'Italie, sur les terres de Ferrari à qui il a intimement lié son nom, son immense talent, sa carrière et sa popularité, pour annoncer son départ.
Il n'est pas revenu des morts comme Niki Lauda. Il n'a pas croisé la Camarde au sommet de son art comme Jim Clark. Il n'irradie pas de lueur mystique comme Ayrton Senna. Il n'a pas l'étoffe d'un héros à la Juan Manuel Fangio. Il n'a pas la bonhomie de Keke Rosberg. Il est loin de la classe "so british" de Jackie Stewart. Il n'a pas la tête brûlée de Nigel Mansell, ni l'humour déjanté de Nelson Piquet. Mais statistiquement, ce pilote est le plus grand!
Antihéros souvent affublé de tenues vestimentaires que seule une immense notoriété rend mettables, au même titre que seul un talent hors du commun autorise l'arrogance, Michael Schumacher et son cigare d'après-victoire resteront, quoi qu'il en soit, longtemps l'étalon de la F1.
"Père sportif"
Sans jamais se montrer un élève surdoué, Schumacher a fait ses classes en kart, Formule Ford et F3, avant d'intégrer le "junior team" de Mercedes avec Heinz-Harald Frentzen et Karl Wendlinger. En 1989, il attire l'attention au volant d'un prototype Mercedes à Macao et Fuji. Et en 1991, il fait son entrée en F1, à Spa-Francorchamps au volant d'une Jordan.
Quelques tours du toboggan belge et Flavio Briatore, alors patron de l'écurie Benetton, débauche l'Allemand qui obtiendra trois ans plus tard son premier titre mondial.
Certains estiment qu'il a hérité "accidentellement" du titre et du statut de meilleur pilote après la disparition de Senna en 1994. "Si Senna avait été là en 94 et 95, je n'aurais pas été champion car c'était lui le plus fort", a concédé Schumacher lui-même.
Néanmoins, sous la direction de Jean Todt -"père sportif" qu'il ne manque pas de venir embrasser avant de quitter le paddock tous les soirs- Michael Schumacher a réussi ce que pas même Alain Prost n'avait su faire: remettre Ferrari au sommet de la hiérarchie du sport automobile.
Alors que, depuis Jody Scheckter en 1979, aucun pilote de la Scuderia n'avait coiffé la couronne mondiale, l'Allemand a remis les compteurs Ferrari au rupteur et drapé d'un voile rouge le championnat pilotes de 2000 à 2004 inclus. En 1999, associé à Eddie Irvine, il a obtenu le titre constructeurs pour la Scuderia qui attendait cette distinction depuis le duo français René Arnoux-Patrick Tambay en 1983.
Commendatore
Arrivé en 1996 au siège de Ferrari, à Maranello, riche de deux titres personnels consécutifs et fort d'un caractère bien trempé, Michael Schumacher a mis quatre saisons avant de s'imposer durablement au pouvoir et d'enchaîner cinq titres mondiaux pilotes et six constructeurs!
Des performances qui lui ont valu le droit d'habiter la maison même du "Commendatore" Enzo Ferrari à Maranello lorsqu'il y vient... parce qu'il le vaut bien!
Aussi, l'année 2005 restera-t-elle comme celle de la Révolution bleue, le jeune prodige espagnol Fernando Alonso, 24 ans, renversant de son piédestal un Schumi abandonné par sa cavalerie. La monoplace rouge F2005 n'a en effet jamais été en mesure de relever le défi de la Renault R25 bleue d'Alonso. Mais l'envie de gagner a poussé Schumacher à honorer sa dernière année de contrat avec la Scuderia pour retrouver en 2006 le combat pour le titre.
Avec sa victoire à Monza, Schumacher n'est plus qu'à deux points de Fernando Alonso au classement général des pilotes.
Un autre des exploits de Schumacher est d'avoir su se ménager une vie privée de bon père de famille à l'écart des regards indiscrets.
Ce multi-millionnaire, trop connu pour vivre à Monaco, s'est fait construire une propriété domaniale en Suisse et possède également des maisons de vacances en Norvège et aux Etats-Unis, pays où il passe plus inaperçu.
Jusqu'au-boutisme
Tout au long de ses 16 années en F1 -dont 11 chez Ferrari-, lui qui en était presque venu aux mains avec Senna n'a jamais perdu sa rage de vaincre. Mais il n'a jamais été le seigneur de la jungle des circuits qu'il aurait pu être.
"Michael n'est simplement pas un grand champion. Il a commis trop de mauvaises actions en piste", accuse Jacques Villeneuve qui était l'un des pilotes les plus virulents à l'égard de l'Allemand.
L'accrochage avec Damon Hill qui lui a valu le titre en 1995 et celui avec Villeneuve qui lui a valu l'exclusion du championnat 1997, symbolisent le jusqu'au-boutisme de Schumacher.
Sans oublier l'une de ses manoeuvres les plus vicieuses, en qualifications à Monaco en mai 2006, lorsqu'il a garé sa monoplace en travers de la piste pour empêcher Alonso de lui ravir la pole position.
Loin de toute cette agitation, il peut désormais couler des jours heureux avec son épouse Corinna et leurs enfants Gina Maria (9 ans) et Mick (7 ans). Et continuer de s'occuper d'oeuvres caritatives, comme l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM) pour la promotion duquel il avait descendu les Champs Elysées à Paris en 2004 au volant de sa F1.
A 37 ans et alors qu'il est encore en course pour une huitième couronne mondiale après sa victoire à Monza, Schumacher a symboliquement choisi le Grand Prix d'Italie, sur les terres de Ferrari à qui il a intimement lié son nom, son immense talent, sa carrière et sa popularité, pour annoncer son départ.
Il n'est pas revenu des morts comme Niki Lauda. Il n'a pas croisé la Camarde au sommet de son art comme Jim Clark. Il n'irradie pas de lueur mystique comme Ayrton Senna. Il n'a pas l'étoffe d'un héros à la Juan Manuel Fangio. Il n'a pas la bonhomie de Keke Rosberg. Il est loin de la classe "so british" de Jackie Stewart. Il n'a pas la tête brûlée de Nigel Mansell, ni l'humour déjanté de Nelson Piquet. Mais statistiquement, ce pilote est le plus grand!
Antihéros souvent affublé de tenues vestimentaires que seule une immense notoriété rend mettables, au même titre que seul un talent hors du commun autorise l'arrogance, Michael Schumacher et son cigare d'après-victoire resteront, quoi qu'il en soit, longtemps l'étalon de la F1.
"Père sportif"
Sans jamais se montrer un élève surdoué, Schumacher a fait ses classes en kart, Formule Ford et F3, avant d'intégrer le "junior team" de Mercedes avec Heinz-Harald Frentzen et Karl Wendlinger. En 1989, il attire l'attention au volant d'un prototype Mercedes à Macao et Fuji. Et en 1991, il fait son entrée en F1, à Spa-Francorchamps au volant d'une Jordan.
Quelques tours du toboggan belge et Flavio Briatore, alors patron de l'écurie Benetton, débauche l'Allemand qui obtiendra trois ans plus tard son premier titre mondial.
Certains estiment qu'il a hérité "accidentellement" du titre et du statut de meilleur pilote après la disparition de Senna en 1994. "Si Senna avait été là en 94 et 95, je n'aurais pas été champion car c'était lui le plus fort", a concédé Schumacher lui-même.
Néanmoins, sous la direction de Jean Todt -"père sportif" qu'il ne manque pas de venir embrasser avant de quitter le paddock tous les soirs- Michael Schumacher a réussi ce que pas même Alain Prost n'avait su faire: remettre Ferrari au sommet de la hiérarchie du sport automobile.
Alors que, depuis Jody Scheckter en 1979, aucun pilote de la Scuderia n'avait coiffé la couronne mondiale, l'Allemand a remis les compteurs Ferrari au rupteur et drapé d'un voile rouge le championnat pilotes de 2000 à 2004 inclus. En 1999, associé à Eddie Irvine, il a obtenu le titre constructeurs pour la Scuderia qui attendait cette distinction depuis le duo français René Arnoux-Patrick Tambay en 1983.
Commendatore
Arrivé en 1996 au siège de Ferrari, à Maranello, riche de deux titres personnels consécutifs et fort d'un caractère bien trempé, Michael Schumacher a mis quatre saisons avant de s'imposer durablement au pouvoir et d'enchaîner cinq titres mondiaux pilotes et six constructeurs!
Des performances qui lui ont valu le droit d'habiter la maison même du "Commendatore" Enzo Ferrari à Maranello lorsqu'il y vient... parce qu'il le vaut bien!
Aussi, l'année 2005 restera-t-elle comme celle de la Révolution bleue, le jeune prodige espagnol Fernando Alonso, 24 ans, renversant de son piédestal un Schumi abandonné par sa cavalerie. La monoplace rouge F2005 n'a en effet jamais été en mesure de relever le défi de la Renault R25 bleue d'Alonso. Mais l'envie de gagner a poussé Schumacher à honorer sa dernière année de contrat avec la Scuderia pour retrouver en 2006 le combat pour le titre.
Avec sa victoire à Monza, Schumacher n'est plus qu'à deux points de Fernando Alonso au classement général des pilotes.
Un autre des exploits de Schumacher est d'avoir su se ménager une vie privée de bon père de famille à l'écart des regards indiscrets.
Ce multi-millionnaire, trop connu pour vivre à Monaco, s'est fait construire une propriété domaniale en Suisse et possède également des maisons de vacances en Norvège et aux Etats-Unis, pays où il passe plus inaperçu.
Jusqu'au-boutisme
Tout au long de ses 16 années en F1 -dont 11 chez Ferrari-, lui qui en était presque venu aux mains avec Senna n'a jamais perdu sa rage de vaincre. Mais il n'a jamais été le seigneur de la jungle des circuits qu'il aurait pu être.
"Michael n'est simplement pas un grand champion. Il a commis trop de mauvaises actions en piste", accuse Jacques Villeneuve qui était l'un des pilotes les plus virulents à l'égard de l'Allemand.
L'accrochage avec Damon Hill qui lui a valu le titre en 1995 et celui avec Villeneuve qui lui a valu l'exclusion du championnat 1997, symbolisent le jusqu'au-boutisme de Schumacher.
Sans oublier l'une de ses manoeuvres les plus vicieuses, en qualifications à Monaco en mai 2006, lorsqu'il a garé sa monoplace en travers de la piste pour empêcher Alonso de lui ravir la pole position.
Loin de toute cette agitation, il peut désormais couler des jours heureux avec son épouse Corinna et leurs enfants Gina Maria (9 ans) et Mick (7 ans). Et continuer de s'occuper d'oeuvres caritatives, comme l'Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM) pour la promotion duquel il avait descendu les Champs Elysées à Paris en 2004 au volant de sa F1.