Le moins que l’on puisse dire, c’est que Racing Point est au centre de toutes les discussions dans le monde de la Formule 1 depuis le début de l’année 2020. Ç’a commencé avec les excellents résultats de l’équipe de Lawrence Stroll lors des essais hivernaux à Barcelone. Presque aussitôt, les experts ont souligné les ressemblances frappantes entre la RP20 et la Mercedes de l’an dernier, si bien qu’on lui a rapidement attribué le nom de Mercedes rose.

 

Ensuite, il y a l’acquisition par Lawrence Stroll des actions d’Aston Martin, puis, l’annonce que Racing Point deviendra officiellement une écurie Aston Martin dès l’an prochain, marquant ainsi l’arrivée de la prestigieuse marque en F1 en tant qu’écurie (et non en tant que commanditaire, comme c’est le cas avec Red Bull présentement).

 

Puis, c’est maintenant dans les discussions concernant l’avenir de Sebastian Vettel que le nom Racing Point est mentionné. Toujours sans contrat pour l’an prochain, Vettel est à la recherche d’un volant, et clairement, il intéresse les dirigeants chez Racing Point. Est-ce que tout cela se concrétisera ou non, difficile à dire pour l’instant, mais il est clair que l’arrivée d’un quadruple champion du monde, jumelé à celle d’Aston Martin, donnerait du lustre à l’écurie.

 

Sur la piste, la forme affichée à Barcelone se concrétise... et les questionnements reliés au design de la voiture aussi. Renault a déposé un protêt contre les voitures roses lors des deux derniers Grands Prix... et devrait continuer de le faire jusqu’au moment où la FIA rendra son verdict.

 

Entre tous ces dossiers et ces points de discussions, il reste que Racing Point fait le travail sur la piste et les résultats sont au rendez-vous. Ça nous permet surtout de voir ce que Lance Stroll peut faire lorsqu’il se sent finalement à l’aise au volant d’une voiture performante... une première en 4 ans.

 

Terminé, les ennuis en qualif?

 

Avant le début de la saison, il y avait deux choses que je voulais voir de Lance Stroll. Premièrement, je voulais voir davantage de constance. Le Québécois avait déjà démontré qu’il peut connaître des courses exceptionnelles (3e à Bakou en 2017, 4e en Allemagne l’an dernier), mais cette année, j’espérais voir un pilote capable de marquer des points de façon plus régulière. Pour l’instant, ça commence bien avec une récolte de 18 points, mais il faudra attendre plus que trois Grands Prix pour juger de cet aspect.

 

Le deuxième aspect de son pilotage que j’allais surveiller, vous vous en doutez, ce n’est plus un secret pour personne... c’est son rythme en qualifications. Et sur ce point, je suis honnêtement impressionné par sa progression rapide.

 

En trois courses, il a atteint la Q3 deux fois. C’est une fois de plus qu’en 21 Grand Prix l’an dernier. C’est vrai que c’était un peu plus difficile lors du Grand Prix de Styrie avec une 13e place... mais quand on compare avec Sergio Perez qui avait pris le 17e rang, on se console un peu. Visiblement, la pluie ne convenait pas à la Racing Point à ce moment.

 

Cette progression en qualifications, elle était particulièrement frappante lors du dernier Grand Prix, en Hongrie. Stroll a alors décroché le 3e rang, soit la meilleure qualification de sa carrière (même s’il avait pris le départ en 2e place en Italie en 2017, il s’était alors qualifié 4e et avait bénéficié de pénalités aux pilotes Red Bull).

 

C’est encore plus frappant quand on regarde à quel point Lance s’est amélioré comparativement à son tour de qualification l’an dernier sur ce même circuit. Parmi tous les pilotes qui sont demeurés dans la même écurie, il est de loin celui qui s’est le plus amélioré, retranchant plus de 3 secondes à son temps!

 

 

Au 2e et 3e rang, vous retrouvez Sergio Perez et Daniel Ricciardo, ce qui n’est pas vraiment une surprise. Ces deux pilotes s’étaient nui lors de leurs tours lancés l’an dernier en Hongrie, ce qui avait compromis leur tour à tous les deux. Les deux avaient alors été éliminés dès la Q1 alors qu’ils espéraient faire mieux. Ça explique en partie une plus grande amélioration pour eux cette année, surtout pour Ricciardo qui avait souffert encore plus que le Mexicain. D'un autre côté, Perez a admis avoir souffert d'un malaise au cou au cours de la séance de qualification cette année, ce qui lui a peut-être coûté quelques dixièmes également... bref, autant l'an dernier que cette année, Perez aurait pu gagner quelques dixièmes, mais cela vient en quelque sorte s'égaliser au final. 

 

Mais revenons à Stroll. Bien sûr, sur ces trois secondes d’écart avec l’an dernier, une très grande partie est attribuable à la progression de la Racing Point, et non pas seulement au pilotage de Stroll. C’est aussi pourquoi Perez se retrouve au 2e rang. Je me suis alors demandé s’il y avait une façon de chiffrer la progression de Stroll en tant que pilote, et non pas seulement ce qui est dû à la voiture.

 

Sans être une méthode très scientifique, je me suis amusé, par curiosité, à comparer la progression de chaque pilote avec leur temps de l’an dernier pour ensuite comparer la différence entre les coéquipiers.

 

Prenons par exemple les Racing Point. Stroll a amélioré son tour de 3,165 secondes, alors que Perez s’est amélioré de 2,564 secondes. La différence entre les deux est donc de 0,601 seconde…

 

J’avais comme hypothèse qu’en théorie, la progression des deux pilotes d’une même écurie devrait être similaire, puisqu’elle suit la progression de la voiture. J’ai fait l’exercice avec les autres écuries, et vous pouvez voir les résultats dans ce tableau. Le P1 représente l’écart entre 2019 et 2020 pour le premier pilote, le P2 pour le 2e pilote et enfin, vous avez la différence entre les deux voitures. Comme on essaie de voir l’impact d’une voiture, j’ai même fait l’exercice lorsqu’une équipe a changé de pilotes, mais cela peut bien sûr changer un peu les résultats.

 

Résultat, l’hypothèse se confirme chez Mercedes, Ferrari, Red Bull et McLaren, puisqu’il n’y a pas de différence entre les pilotes. Les deux voitures ont progressé (ou régressé, chez Red Bull) du même temps comparativement à l’an dernier. Chez Williams et Haas, on remarque aussi une différence plus petite que chez Racing Point. Chez Renault, l’écart est plus grand en raison de l’incident de Ricciardo l’an dernier. Finalement, chez Alpha Tauri et Alfa Romeo, on remarque aussi une plus grande différence, tout en gardant en tête qu’il y a eu un changement de pilote chez Alpha Tauri.

 

Je précise encore une fois que j’ai fait ces calculs à titre indicatif et que pour en tirer de vraies conclusions, il faudrait continuer à faire le suivi tout au long de la saison, mais je crois que cela met tout de même en lumière la progression de Stroll, en tant que pilote, lors des qualifications. En Hongrie du moins, Stroll a gagné beaucoup plus de terrain que Perez, qui bénéficie de la même amélioration sur la voiture. Le Canadien a fait ses devoirs, et cela porte ses fruits depuis le début de la saison.

 

Ajoutez à cela le fait que Stroll a déjà battu Perez deux fois cette année en qualifications, alors que le Canadien avait réussi ce fait d’armes seulement trois fois l’an dernier, et vous avez plusieurs indicatifs qui démontrent que Stroll semble enfin avoir mis ses problèmes en qualifications derrière lui.

 

Alors, maintenant, il suffit de garder le rythme, et surtout, d’obtenir ce genre de résultat avec... constance. Et oui, on y revient!

 

Ah, et il faut aussi que la FIA confirme la légalité de la voiture en lien avec les protêts de Renault... mais ça, c’est un autre dossier.

 

Parlant de constance, il y en aura au cours des prochaines semaines, puisque la Formule 1 a prévu un programme double sur le circuit de Silverstone. Une belle occasion pour Racing Point de poursuivre sur sa lancée, alors que le circuit se trouve tout près de l’usine de l’écurie. Ce serait une belle occasion de célébrer un autre top-5... ou peut-être mieux, qui sait?