SHANGHAI - Les trois premiers vainqueurs de la saison 2013 en Formule 1, Kimi Räikkönen (Lotus) en Australie, Sebastian Vettel (Red Bull) en Malaisie et Fernando Alonso (Ferrari) dimanche en Chine, affichent des ambitions élevées, en phase avec leurs énormes moyens.

Après trois courses très différentes, disputées au bout du monde dans des conditions très spécifiques, l'Allemand, l'Espagnol et le Finlandais, trio de tête du championnat 2012, ont déjà marqué les esprits, par leur talent et leur détermination, si tôt dans l'année, au volant de monoplaces performantes.

Vettel : tous les coups sont permis...

Ce week-end chinois a montré que "Baby Schumi" est en train, lentement mais sûrement, de rejoindre dans l'imaginaire collectif de la F1 son idole de jeunesse, Michael Schumacher, époque Ferrari. Avec une grosse différence: Vettel est moins arrogant, plus honnête sur ses performances, il ne triche pas et il assume ses erreurs, même les plus énormes, comme son dépassement délirant sur Webber en Malaisie. Le point commun, c'est qu'il est prêt à tout pour coiffer une quatrième couronne consécutive, même à revenir sur ses excuses malaises, en public, pour montrer qu'il est bien le champion en titre. Le bémol, c'est que son écurie n'est plus aussi dominatrice, et que son coéquipier, remonté comme une pendule, va tout faire pour l'empêcher d'arriver à ses fins.

Alonso : la F138 peut faire la différence...

Vice-champion du monde 2012, pour trois malheureux points, au volant d'une voiture ratée, Fernando dispose peut-être de l'arme fatale pour cette saison 2013. Dès le 3e GP, la F138 lui a permis de bien se placer sur la grille (3e à la régulière) tout en incitant Vettel à faire l'impasse sur la Q3, à la fin des qualifications, un choix risqué et pas payant. L'Espagnol a contrôlé la course comme rarement ces derniers mois, sur une piste sèche et malgré des pneus trop tendres, sans qu'aucune sortie de la voiture de sécurité ne vienne perturber le déroulement des 56 tours. Aucune de ses trois victoires en 2012 (Sepang, Valence, Hockenheim) n'avait été aussi limpide, d'où son bonheur très spécial après l'arrivée, mélange de satisfaction sur l'instant et d'optimisme pour l'avenir. Après le zéro pointé de Malaisie, c'était aussi un joli rebond.

Räikkönen : aussi rapide que constant

Depuis son retour de congé sabbatique, début 2012, Kimi est rentré 21 fois sur 22 dans les points, tout en retrouvant peu à peu sa pointe de vitesse: 2e sur la grille dimanche, comme à la grande époque du titre mondial chez Ferrari en 2007, il a raté son départ mais a ensuite fait une course parfaite au volant d'une monoplace un peu abîmée à l'avant, à la suite d'un accrochage avec la McLaren de Pérez. Il s'est finalement montré déçu de cette 2e place que Hamilton et Vettel n'ont jamais pu lui contester, car seule la victoire l'intéresse. Selon la rumeur du paddock, son niveau de performance actuel fait que Red Bull envisage de l'associer à Vettel en 2014...

Les deux autres champions du monde, Lewis Hamilton (Mercedes) et Jenson Button (McLaren), vont probablement gagner des courses en 2013, mais ils semblent pour l'instant un peu en retrait. L'équipe allemande, qui a bien progressé cet hiver, a encore beaucoup de réglages à peaufiner, autour de sa recrue Hamilton. L'écurie anglaise, qui a pris des risques avec sa nouvelle monoplace, a démarré avec un léger handicap qu'elle va devoir combler.

Alonso ne se fait aucune illusion

Alonso ne se fait "aucune illusion" quant à ses chances de gagner le titre même s'il a mis fin à une disette de 12 courses en signant une victoire convaincante au Grand Prix de Chine.

Cette douzaine de courses sans victoire était la plus longue du pilote de Ferrari depuis qu'il avait été blanchi pendant toute la saison 2009. Ce succès a également constitué un revirement de situation après avoir été incapable de rallier l'arrivée lors du précédent Grand Prix en Malaisie.

"Cela n'aurait pu aller mieux aujourd'hui, a déclaré Alonso après la course de dimanche. Ça me procure un sentiment très spécial parce que c'était une course difficile avec plein d'action.

"Avec ma deuxième place en Australie, ce résultat montre que la voiture est compétitive et que nous travaillons dans la bonne direction pour être toujours dans la lutte pour un podium."

Le pilote espagnol a déclaré qu'il s'était gardé un peu de rythme en réserve, même s'il a devancé confortablement Kimi Raikkonen (Lotus) de 10 secondes à l'arrivée. Lewis Hamilton (Mercedes) a terminé troisième, à seulement deux dixièmes de seconde du très rapide Sebastian Vettel (Red Bull) en fin de course.

Cette victoire aisée a ravivé les espoirs chez Ferrari d'être en mesure de décrocher un premier championnat du monde depuis 2007, surtout que la prochaine course a lieu ce week-end à Bahreïn, ce qui n'offre aux autres équipes aucune chance de procéder à des améliorations aérodynamiques importantes dans l'intervalle.

Toutefois, la saison 2013 laisse déjà présager que les succès des équipes évolueront d'une course à l'autre selon la configuration des tracés, de la surface et des stratégies d'équipe autour des pneumatiques. Ainsi, les Red Bull se sont montrées dominantes en Malaisie mais n'ont pu se hisser sur le podium à Shanghai.

"En l'absence d'une équipe dominante, cela rend le championnat extrêmement intéressant, même si nous sommes conscients qu'il s'agit seulement de la troisième course, a reconnu Alonso. Nous ne nous faisons aucune illusion et nous devons continuer à nous concentrer et à faire tout notre possible pour nous améliorer encore davantage."

Vettel demeure en tête du championnat, avec une avance réduite à trois points devant le très régulier Raikkonen. Sa deuxième place dimanche a permis au Finlandais de terminer dans les points pour une 20e course consécutive en Formule 1, imitant Alonso (23) et Michael Schumacher (24) les deux seuls autres pilotes à avoir réussi cette performance.

Cette séquence a semblé en danger lorsqu'il a percuté l'arrière de la McLaren de Sergio Perez en début de course. Si sa voiture a évidemment perdu le rythme, l'équipe a néanmoins choisi de ne pas remplacer l'aile avant et le museau endommagés.

N'eut été de cet accident et d'un mauvais départ, qui l'a relégué de la deuxième à la quatrième position, Raikkonen aurait pu rivaliser avec Alonso.

"C'était assez difficile en piste, a avoué Raikkonen au sujet des dommages sur la voiture. La voiture n'est pas conçue comme ça, autrement nous l'utiliserions tout le temps. Mais j'ai été surpris de sa bonne tenue. Bien sûr, il y avait quelques problèmes de pilotage, ce qui n'était pas l'idéal, mais nous avons essayé de vivre avec et nous avions assez de vitesse."

Le directeur de piste de Lotus, Alan Permane, a évalué que les dommages à la voiture ont coûté environ un quart de seconde au tour. Compte tenu que cela s'est produit avec 40 tours à faire, c'est une affaire de 10 secondes en tout, précisément la marge derrière le vainqueur de la course.

"Sans ce mauvais départ et cet incident, nous nous serions battus pour la victoire aujourd'hui, a révélé le directeur sportif Eric Bouiller. Kimi a démontré une fois de plus pourquoi il est l'un des meilleurs pilotes au monde en étant l'un des plus rapides en piste, malgré les dommages à sa voiture."