La Russie a accueilli le premier Grand Prix de son histoire. Un rêve que caressait Bernie Ecclestone depuis longtemps s’est donc réalisé. Le grand patron de la F1 a tenté sa chance durant l’ère soviétique. Le Parti communiste d’URSS n’a pas acquiescé à ses exigences et Ecclestone a dû se contenter de la Hongrie pour percer le rideau de fer en 1986.

Autres temps, autres mœurs. La F1 a été accueillie à bras ouverts par Vladimir Poutine. Ce dernier a d’ailleurs assisté à l’évènement sous haute sécurité. Le président de la Fédération de Russie a regardé le Grand Prix de Russie, perché au quatrième étage du Paddock Club dans une salle privée. Les plus hauts dignitaires du pays et les autres célébrités venues du monde entier n’ont donc pas eu plus de contact avec le numéro 1 du Kremlin que les dizaines de milliers d’amateurs assemblés dans les tribunes.

Ils ne sont tout de même pas à plaindre. Les luxueuses installations des Jeux olympiques n’ont pas perdu leurs charmes. En conversant avec les visiteurs de la haute société russe, Gulia, une hôtesse importée directement d’Italie pour l’évènement, a été témoin de l’enthousiasme de ce fortuné public.

« Ils sont très heureux. Ils jouissent du restaurant et de tous les services qu’on trouve dans les meilleurs établissements. Ils peuvent profiter de la Formule 1 dans les conditions idéales. Exactement ce que recherche ce type de clientèle », explique-t-elle dans un français impeccable.

L’homme de la rue, quant à lui, se préoccupe peu des caprices des oligarques, mais il doit lui aussi débourser des sommes astronomiques. À 500 $ les sièges, l’amateur de F1 a la chance de se payer une pointe de pizza à 8 $ et de s’acheter des poupées russes à 100 piastres. De quoi faire rougir le Centre Bell! Les amateurs se sont tout de même rués au Grand Prix malgré le prix très élevé des billets. Olga Kozlova, une jolie blonde tout droit arrivée de Biélorussie, savoure sa première compétition de Formule 1.

 « Nous sommes très heureux d’être ici lors de ce premier Grand Prix. C’est très intéressant. Nous regardons les voitures. Elles vont si vite. L’atmosphère est électrique. Il y a beaucoup de gens. Ils viennent de partout dans le monde ainsi que de toutes les régions de la Russie. J’espère que l’an prochain la Formule 1 reviendra ici. Nous voulons pouvoir y revenir! »

Le patriotisme russe n’épargnant pas le Grand Prix, Olga a un parti pris pour l’écurie Marussia. L’équipe russe a reçu une chaude ovation du public lors des qualifications, mais le fait de jouer à la maison n’a pas permis à Marussia d’atteindre la finale. Les Russes se sont donc rabattus en offrant un appui inconditionnel au pilot russe Daniil Kvyat de Toro Rosso-Renault. La recrue native d’Oufa a toutefois terminé 10e. À nouveau, l’amour n’a donc pas été un facteur décisif dans cette course.

Les résultats des préférés de la foule n’ont pourtant pas refroidi ses ardeurs. Lewis Hamilton a été acclamé après son triomphe. Ce dernier a fait plaisir aux amateurs avec de bons mots à propos du pays, dont certains, en langue russe. Le pilote de Mercedes a même fait rire la plèbe en promettant de boire de la vodka durant les trois prochaines semaines pour fêter sa première place.