Les équipes se relaient cette semaine pour présenter leur nouvelle voiture et la nouvelle équipe de Lance Stroll a fait de même mercredi.

Tout d’abord, terminé l’appellation Force India qu’on a connue au cours des dernières années. L’équipe, désormais détenue par un groupe d’investisseurs mené par le Canadien Lawrence Stroll, se nomme maintenant SportsPesa Racing Point F1. Un nouveau nom, donc, mais des couleurs similaires, soit le rose caractéristique de la compagnie BWT, qui poursuit son association avec l’équipe. Vous retrouvez tous les détails concernant les changements et le lancement de la voiture ici.

Tout au long du lancement, Racing Point a misé sur un slogan clair, celui d’une nouvelle ère. Sauf qu’il y a aussi beaucoup d’attentes qui vont découler des nombreux changements.

Au cours des dernières années, Force India s’était établie comme LA référence en Formule 1 en matière d’efficacité. Personne ne faisait aussi bien avec si peu. Force India, c’est une petite équipe, avec des ressources limitées, qui parvenait, sur certains Grands Prix, à rivaliser avec les grands. Une équipe capable de soutirer des podiums à l’occasion, de terminer constamment dans les points, de devancer les Renault, McLaren et Williams de ce monde.

D’ailleurs, dès que l’on parlait aux pilotes, aux ingénieurs et aux membres de l’équipe, on sentait rapidement la fierté que cela leur procurait.

Maintenant, avec l’arrivée des nouveaux investisseurs, le budget a augmenté et les attentes font de même. C’est une excellente nouvelle pour l’équipe qui aura maintenant les moyens de ses ambitions, et qui surtout, pourra permettre à ses ingénieurs d’exploiter leur talent au maximum. Le directeur de l’équipe, Otmar Szafnauer, a même avoué que c’est la première fois que l’écurie commencera la saison avec toutes les nouvelles pièces conçues pendant l’hiver. Ça démontre bien l’impact des nouvelles ressources financières.

Toutefois, l’écurie devra aussi s’assurer de garder son identité et conserver l’esprit de famille qui a fait son succès. Avoir plus de ressources, faire de nouvelles acquisitions, agrandir les équipements, c’est excellent pour une équipe... jusqu’au moment où l’on commence à se mélanger, à mal communiquer et à se désorganiser. Voici un premier défi qui se profile sur la route de Racing Point. Prendre de l’expansion tout en s’assurant de bien intégrer chacun des membres de l’équipe et en prenant soin que chacun comprenne bien son rôle et son mandat. Ça peut sembler facile à dire, mais ce n’est pas toujours évident quand il s’agit de plusieurs centaines d’employés.

Lors du dévoilement, Szafnauer ne s’est pas défilé. Si l’on augmente les budgets, les résultats doivent suivre. On a même évoqué de rivaliser, à moyen terme, avec les trois écuries de pointe. Tant mieux, mais c’est un objectif ambitieux. Ferrari, Mercedes et Red Bull sont présentement dans des classes à part, et Renault se montre tout aussi ambitieux. Bref, il faudra aussi se montrer réaliste dans ses objectifs et d’abord s’assurer de conserver le rythme acquis lors des dernières saisons. Par contre, 2021 pourrait représenter une belle opportunité pour l’écurie canadienne, puisque les changements techniques seront majeurs et Racing Point, comme toutes les autres équipes d’ailleurs, voudront en profiter pour faire un important bond en avant. À court terme toutefois, l’objectif sera principalement de se battre avec Renault et les autres pour le 4e rang et de s’assurer d’inscrire des points de façon régulière.

L’occasion de rebondir

C’est donc dans ce contexte que Lance Stroll fait son arrivée avec l’écurie détenue par son père. Aucun doute, ce sera une année des plus importantes pour le pilote canadien après une saison très difficile au volant d’une Williams plus que mauvaise. Stroll a maintenant l’équipement pour rebondir.

Sauf qu’il devra à présent se mesurer à un coéquipier d’expérience en Sergio Perez. Le Mexicain entamera sa neuvième saison en Formule 1, sa sixième au sein de Force India/Racing Point. Lors des quatre dernières campagnes, il a battu son coéquipier au classement. C’était le cas avec Esteban Ocon en 2018 et 2017 et Nico Hulkenberg en 2016 et 2015... et soyons honnêtes, ces deux pilotes ont une bonne réputation en Formule 1 et représentent de belles références.

« Tout le monde est très motivé pour 2019 »

Là réside le défi principal de Stroll. La comparaison sera évidente et franchement, ce ne sera pas facile de battre Sergio Perez. Sans terminer devant lui au classement, Stroll devra à tout de moins s’assurer de suivre son rythme et de rivaliser avec lui, comme le faisait Ocon lors des dernières saisons.

Ce sera le cas en course le dimanche, mais aussi le samedi! Les séances de qualifications reviennent souvent lorsqu’on évalue le travail de Lance Stroll. C’est un aspect qu’il veut améliorer et on a déjà vu une progression l’an dernier chez Williams. Par contre, le Canadien s’est classé derrière Sergey Sirotkin en qualifications plus souvent qu’à l’inverse. Oui, ce sont les courses qui comptent au classement, mais Stroll ne pourra pas se permettre de les commencer quatre ou cinq positions derrière Perez chaque fois. Il doit s’assurer d’avoir le rythme sur un tour lancé.

En course, Stroll devra aussi s’assurer d’être constant. Il devrait avoir la voiture pour terminer dans les points et il devra le faire de façon régulière. On peut s’attendre à une période d’ajustement avec sa nouvelle équipe, mais rapidement, sa présence dans le top-10 sera primordiale.

Autre défi pour Stroll, c’est celui de l’opinion publique. Celui-ci préoccupe sans doute beaucoup moins le principal intéressé, qui se concentre davantage sur son travail et ses résultats, mais reste qu’on devrait en entendre parler beaucoup au cours de la saison. Avec l’achat de l’écurie par son père, Stroll se retrouve dans une position délicate. Si ça ne fonctionne pas, les comparaisons avec Perez et même Ocon viendront de partout. Et si ça fonctionne, certains diront que son père lui a acheté une équipe pour qu’il obtienne ces résultats. C’est sans doute injuste comme raisonnement, surtout qu’à seulement 20 ans, Stroll a déjà un podium et un départ en première ligne sur son C.V.. Reste que ça fera partie de ses défis pour la saison: sera-t-il en mesure de faire taire ses détracteurs?

Un vent de changement pour Lance Stroll