Encore une fois, Ferrari et Sebastian Vettel ont trouvé une façon de gagner lors du deuxième Grand Prix de la saison présenté à Bahreïn. Par contre, cette fois, ce n’est pas le facteur chance qui a fait la différence, mais plutôt la gestion des pneus du pilote allemand.

 

La Formule 1 moderne repose beaucoup sur les stratégies d’arrêts aux puits et sur la gestion des pneus et de l’essence. C’est vrai que ça amène parfois un peu moins de dépassements en piste, mais souvent, les différentes stratégies rendent le résultat d’une épreuve imprévisible, comme ce fut le cas à Bahreïn. Après plus de 300 kilomètres de course, Vettel a remporté l’épreuve avec moins d’une seconde d’avance sur Valtteri Bottas.

 

Pour vous démontrer à quel point Vettel était dans une classe à part, j’ai analysé les stratégies de tous les pilotes avec les données compilées par le site purepitwall.com.

 

Commençons par la base, pour ceux qui sont peut-être moins familiers avec les types de pneus en Formule 1. Cette fin de semaine, trois gommes étaient disponibles pour les pilotes : les super-tendres, les tendres et les médiums. Plus un pneu est tendre, plus il est rapide, mais plus il s’abîme rapidement et perd de son efficacité. Chaque pilote doit utiliser au moins deux des trois types de pneus par course.

 

La stratégie « typique » pour la course à Bahreïn était de deux arrêts. C’est ce que Vettel et Bottas avaient en tête au départ de l’épreuve, commençant la course avec les super-tendres. Dans le cas de Lewis Hamilton, puisqu’il prenait le départ de la 9e place, Mercedes a choisi une stratégie d’un seul arrêt, prenant le départ avec les pneus tendres, puis terminant ensuite l’épreuve avec les médiums. Il a donc utilisé les deux gommes les plus dures pour rallier l’arrivée.

 

Parmi les meneurs, Vettel a été le premier à s’arrêter, au 18e tour. Il chausse alors les tendres. Le plan, à ce moment, est clairement de faire un autre arrêt.

 

Chez Mercedes, on fait le constat que Bottas ne battra pas Vettel avec la même stratégie. On y va donc avec une stratégie d’un arrêt. Le Finlandais s’arrête deux tours après Vettel et chausse les médiums.

 

Rapidement, Ferrari réalise que le pari de Mercedes est sans doute le bon. En s’arrêtant une 2e fois, Vettel ouvrirait le chemin à Bottas et Hamilton et risquerait de perdre la victoire. C’est alors que Ferrari demande à Vettel de rallier l’arrivée, et ce, même s’il n’a pas les pneus pour le faire. C’est là que la voiture et le pilotage de Vettel ont fait la différence.

 

Une gestion impeccable de Sebastian VettelVettel a dû faire 39 tours avec les pneus tendres. Il s’agit du relais le plus long réalisé lors de la course, tous types de pneus confondus. Bottas a fait 37 tours avec des médiums. En comparaison, les deuxièmes relais les plus longs en pneus tendres ont été réussis par Kevin Magnussen et Carlos Sainz avec 29 tours chacun. L’Allemand a bien sûr été le seul à utiliser une stratégie d’un arrêt avec les deux gommes les plus tendres. Pas surprenant donc d’entendre Vettel s’exclamer à la radio après sa victoire : « Ces pneus étaient finis, ils étaient finis depuis 10 tours! »

 

La surprise Gasly

 

Derrière les Ferraris et les Mercedes, c’est Pierre Gasly qui a retenu l’attention avec une 4e place. C’est un véritable tour de force qu’a réussi le pilote français, récoltant au passage le meilleur résultat d’un moteur Honda depuis 2008. La fiabilité demeure un enjeu chez Honda, mais les progrès réalisés sont importants.

 

Gasly est un jeune pilote très prometteur et il sera intéressant de voir comment il pourra construire sur ce résultat. Le Français de 22 ans a remporté le titre en GP2 (devenu par la suite F2) en 2016. Comme les champions de F2 n’ont pas le droit d’y retourner, Gasly s’est tourné vers la Super Formula au Japon, exactement comme l’a fait Stoffel Vandoorne avant lui. Il a terminé deuxième à ce championnat l’an dernier, complétant la saison 2017 en Formule 1 avec Toro Rosso.

 

Un poste pourrait se libérer l’an prochain chez Red Bull puisque Daniel Ricciardo est en fin de contrat. Si l’Australien venait à quitter, Carlos Sainz est le favori pour le remplacer, lui qui a été prêté par Red Bull à Renault pour une saison. Mais si Gasly réussit plusieurs performances comme celle-ci au cours de la saison, je ne serais pas surpris que ce soit Gasly qui soit promu.

 

Verstappen doit se ressaisir

 

Pas facile le début de saison de Max Verstappen. En Australie, un tête-à-queue en course lui a fait perdre beaucoup de temps et il a dû se contenter du 6e rang.

 

Cette fin de semaine, il sort de piste en qualifications dès la Q1. Toutefois, un problème mécanique serait à l’origine de sa sortie de piste. Le moteur aurait perdu soudainement de la puissance, environ 150 chevaux. Cette puissance serait revenue subitement, faisant patiner les roues arrière, envoyant le véhicule en dérapage. Peu importe, il prenait le départ de la 15e place. En course, il réalise un bon dépassement sur Lewis Hamilton, mais il en fait trop et ne laisse pas d’espace à son rival en sortie de virage. On connaît la suite. Crevaison, voiture abîmée, abandon.

 

Verstappen ne doit pas changer son style agressif. Premièrement, c’est ce qui fait son succès, et deuxièmement... ce serait dommage pour les amateurs de se priver du spectacle Verstappen! Sauf que le pilote Red Bull doit éviter d’en faire trop et mieux choisir ses moments afin d’éviter des erreurs bêtes qui lui coûtent cher. Dans une longue course au titre, ces points perdus font souvent la différence.

 

Verstappen pourra se reprendre rapidement. Le prochain Grand Prix, celui de Chine, a lieu dès ce dimanche.

 

Ferrari dit non aux sports électroniques

 

En terminant, je souhaite revenir sur une nouvelle qui a été annoncée la semaine dernière. Pour une deuxième année, la Formule 1 tiendra un championnat de sport électronique, permettant aux meilleurs joueurs de jeux vidéo de Formule 1 de s’affronter entre eux et de gagner des prix fort intéressants. Ce que j’aime surtout de cette nouvelle, c’est que cette année, les participants seront repêchés par les véritables écuries de Formule 1 afin de représenter leurs couleurs.

 

Toutes les équipes vont participer, sauf une : Ferrari. C’est dommage de voir Ferrari encore faire bande à part et rester seul dans son coin. Pourquoi ne pas vouloir s’associer à un bel événement qui est bon pour la F1 et qui a connu du succès l’an dernier? Qu’est-ce que Ferrari a à perdre? Il semblerait que les négociations soient toujours en cours entre la F1 et Ferrari. Peut-être que la Scuderia changera d’idée éventuellement.

 

Malgré tout, tout ça me fait penser à une vidéo mise en ligne par la F1 sur ses réseaux sociaux durant le temps de fêtes. Tous les pilotes participaient à un échange de cadeaux très drôle et sympathique. Tous les pilotes y étaient, sauf deux... Vettel et Räikkönen.

 

Présentement, les écuries commencent de longues négociations avec Liberty Media afin de définir le futur de la Formule 1. Les petites équipes veulent un meilleur partage des revenus alors que les ténors veulent conserver leurs acquis. On espère (sans doute un peu naïvement) que les équipes pourront se mettre d’accord et arriver à une entente. Sauf que lorsqu’on ne peut même pas s’entendre et faire front commun sur une compétition de jeux vidéo ou un échange de cadeaux, difficile de voir ces négociations d’un bon œil. Toutes les équipes, dont Ferrari, devront mettre de l’eau dans leur vin...