De la piste d’athlétisme au bitume
Formule E mardi, 1 août 2017. 09:05 mercredi, 11 déc. 2024. 04:19
MONTRÉAL – Le nom de David Warren n’est pas étranger aux amateurs de sports automobiles, parce que le responsable des partenariats de la Formule électrique (FE) a connu une prolifique carrière de 29 ans en Formule 1 pendant laquelle il a occupé divers rôles liés à l’aspect financier.
Le Britannique est aussi connu des érudits d’athlétisme – à la blague évidemment – comme le seul champion olympique du 600 mètres de l’histoire. Finaliste du 800 m des Jeux de Moscou en 1980, il a mené les trois quarts de l’épreuve jusqu’à ce que ses compatriotes Steve Ovett et Sebastian Coe accélèrent pour enlever les médailles d’or et d’argent. Pris de court, Warren n’a jamais été en mesure de suivre le rythme et a éventuellement fini au dernier rang.
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Après sa carrière d’athlète, il s’est tourné vers le monde des affaires et a participé à la création des Championnats du monde d’athlétisme, qui ont été présentés pour la première fois à Helsinki, en Finlande, en 1983. Le sport a alors entrepris un très important virage commercial.
« Canon et Seiko étaient mes clients et Canon m’a ensuite offert un emploi à Amsterdam. Comme la compagnie commanditait l’écurie Williams, je me suis retrouvé en F1 et c’est là que j’ai réalisé à quel point le sport automobile était professionnel, a généreusement raconté Warren la fin de semaine dernière à RDS.ca au cours d’un entretien rendu possible grâce à notre collègue Pierre Houde à la suite d’une rencontre fortuite dans un restaurant montréalais.
« Dans la gestion de l’image et du calendrier, notamment. J’y ai passé de formidables années, mais lorsque l’opportunité d’aller en FE s’est présentée, je ne pouvais tout simplement pas passer à côté. Participer à la création de quelque chose de nouveau est tellement excitant! »
Mais Warren était loin, très loin, d’afficher le même enthousiasme quand le chef de la direction de la FE Alejandro Agag l’a rencontré il y a de cela quelques années à Londres pour lui parler de son projet de championnat de monoplaces entièrement propulsées par des moteurs électriques.
« Il n’y avait pas de voitures, de pilotes, de sites pour accueillir les courses, de contrats de télévision et de commanditaires, s’est rappelé l’homme maintenant âgé de 61 ans. Maintenant, trois ans après la première épreuve, nous avons une grille complète. Nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli, car nous sommes devenus pertinents. Nous sommes devenus pertinents, car nous sommes ce que le sport automobile devrait être aujourd’hui. »
Warren prêche évidemment pour sa paroisse, sauf que les nouvelles des dernières semaines donnent du poids à ses propos. Plusieurs grands manufacturiers automobiles ont annoncé leur participation au championnat et des commanditaires majeurs se sont joints à l’aventure.
« C’est un message très fort qui a été lancé par les constructeurs, analyse-t-il. Tous nos partenaires sont conscients de l’impact des changements climatiques. Ils veulent le faire savoir et cherchent à collaborer en faisant la promotion de l’utilisation de la voiture électrique. »
Mais comme n’importe quelle révolution, l’ancien coureur sait qu’elle ne se fait pas sans heurts. Il avait été mis au courant des nombreuses critiques qu’a provoquées l’aménagement d’un circuit au centre-ville. Sauf qu’il prend le pari qu’il y aura un consensus dans quelques années.
« Il n’est évidemment pas possible de changer l’opinion des gens après une seule course, mais tout cela demeure une question de perception, explique Warren. Nous voulons démontrer que la voiture électrique est viable, qu’elle est rapide et qu’elle peut parcourir de longues distances.
« Je le répète, nous n’allons pas changer la façon dont les gens utilisent leur automobile après une seule course et nous sommes conscients qu’il s’agit d’un long processus. Mais je sais que les Montréalais sont passionnés par les grands événements et qu’ils seront éventuellement enthousiastes. Nous pouvons le voir avec la Formule 1. Ils sont tous derrière l’événement. »
Une série pour les pilotes
Toute série de monoplaces souffre du jeu des comparaisons avec la Formule 1 et la FE n’y échappe pas. Moins rapide et autonome, la FE offre cependant un spectacle de tous les instants et c’est ce qui permettra à cette dernière de s’implanter, de survivre et de finalement prospérer.
« Tous les châssis sont pareils et toutes les batteries sont fournies par Williams, précise Warren. Pour la cinquième saison [en 2018-2019], les équipes disposeront de la deuxième génération de voitures, qui sera en mesure de parcourir toute la distance contrairement à la première. »
Et pour ceux et celles qui s’inquiètent que l’arrivée des grands constructeurs comme Audi, Mercedes et Porsche pervertit le sport comme cela a été le cas en Formule 1, il se fait rassurant.
« Nous ne voulons pas devenir une série où les constructeurs viendront dépenser tout leur argent. Nous voulons qu’ils développent des technologies qui vont servir à tous, répond Warren.
« Il y a eu plusieurs vainqueurs différents pendant toute la saison et il n’y a pas eu une équipe qui a complètement dominé les autres, même si Renault e.dams fait très bien. Nous voulons que la série donne l’occasion aux pilotes de démontrer toute l’étendue leurs habiletés. »